lundi 22 décembre 2008

"SOUNDS OF LAUGHTER LIGHTNING SKIES..."


Toulouse, c’est plus comme avant. Bien sûr, y’a toujours les souvenirs du marché de Noël, des pizzas dans sa chambre devant Les Poupées Russes, de la galère pour trouver la salle des fêtes d’à côté, et des verres à l’Ancienne Belgique. Mais la symbolique a changé ; Toulouse n’est plus synonyme de cette nostalgie d’elle mais garde maintenant la trace de lui.


Cette fois, c’est en début d’après-midi que le train est parti. Assez rare pour le noter, surtout un jour de concert, mais il y avait le temps. Deux heures de Scarlett et IamX dans les oreilles, à regarder les paysages défiler et crever d’envie de tant de clichés, avant de se voir accueillir une fois de plus par le ciel gris et le froid de décembre. Puis le métro que je commence à connaître, et le reste de l’après-midi au chaud dans le grand appartement. A jouer sur la vieille Nintendo et à écouter Noir Désir, Joy Division & co, au milieu des affiches de cinéma.

Il était sans doute tout juste plus de 19h à notre sortie du métro. Long périple qui a suivi, entre la voie rapide, les pentes boueuses et la bifurcation ratée qui nous a perdu jusqu’aux péniches dans la pénombre. Tout ça pour arriver devant le Bikini désert et les portes encore fermées, permettant aux souvenirs d’un an avant de remonter. Y’avait toujours cette longue allée sous la pluie, vide de barrières cette fois, et puis le parking plus loin, et les petites lumières au sol, crachant de la condensation dans l’air. Quelques 15 minutes d’attente à se voir rejoindre d’une petite dizaine de personnes se serrant sous le porche, et les lourdes portes noires se sont enfin ouvertes. Quelques plaisanteries avec les videurs, nos billets déchirés en deux, aucune fouille, nos premiers pas dans le hall vitré, et le Bikini vide s’est offert à nous. De longues minutes seules dans cette grande salle où les émotions reviennent, nos dos appuyés sur la barrière, à quelques centimètres de la scène, avant que l’espace autour de nous se remplisse doucement.

C’est Narrow Terence qui a ouvert le bal, eux dont j’avais tant entendu parler, eux qui viennent de vers chez moi, eux que je découvrais sur scène et qui m’ont charmé de leur set. Le physique gracile de Kiki au violon et sa voix fluette, Antoine qui nous emporte et nous trouble avec son chant rauque, Nico qui s’occupe des cordes depuis son tabouret et nous offre parfois quelques phrases de sa douce voix, et Thomas qui apparait tout d’abord à la batterie avant d’échanger les instruments avec ses partenaires masculins. Accompagnés sur 3 morceaux par les membres d’EZ3kiel, ils ne manqueront pas de les remercier à travers la voix d’Antoine, avant de quitter la scène.

Place à EZ3kiel quelques minutes plus tard. La setlist, identique au reste de la tournée, n’a pourtant pas manqué de réserver quelques surprises à nous comme sur scène, nous offrant un concert flamboyant. Un spectacle haut en couleurs, une œuvre d’art musicale et picturale comme on en voit rarement, où le son et les images s’unissent dans un univers hypnotique. Des morceaux mélodiques et poétiques aux plus tranchants qui résonnent de la puissance de la basse et des batteries, les émotions naviguent. Ces vidéos, ces lumières, ces vibrations profondes et ces notes aiguës, je les connais maintenant presque par cœur, et pourtant à chaque fois j’en reste émerveillée. Ce soir, une énergie supérieure et un grain de folie supplémentaire semblaient les habiter, sans doute ″l’explosion de la dernière″.

A leur tour, les membres de Narrow Terrence ont rejoint la scène le temps de trois morceaux, dont un Spit on the Ashes poignant. La bulle sonore qui participe au mythe des concerts d’EZ3kiel s’est permise un tour plus long qu’à son habitude, sautillant de mains en mains dans la foule et distillant ses notes légères. Le générique de fin défilant sur l’écran est arrivé bien trop vite, mais il restait encore le rappel. Rappel très émouvant, avec les quelques mots de Joan et ses nombreux remerciements, avant qu’ils regagnent tous leurs instruments et nous offrent un Versus tonitruant. Le concert s’est achevé sur une version allongée de Wagma, improvisée à cause d’un souci de pédale de Stéphane, mais on aurait bien voulu qu’elle dure encore, et encore...


Adamantium / Via continum / Strange days / Volfoni / Leopoldine / The Wedding / Spit on the Ashes / Break or die / Jah’s hardcore / Lac des signes / Firedamp / Sûrement // Versus / Wagma.


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jeudi 27 novembre 2008

"YOU'RE SINGING INTO MY EAR..."


Le 15 novembre, mes retrouvailles avec Sigur Rós au Zénith parisien. Salle peu appropriée, mais je ne pouvais les rater. Et de toute façon, dès la première note, il n’y avait plus qu’eux et moi.

Le grand bouleversement. Du genre à en finir dans un état proche de l’après Indo-Bercy-mai-2007 ou The-Cure-Bercy. Le corps et l’esprit complètement renversés. A ne plus savoir qui on est, où, quand, comment, à se perdre les yeux dans le vague pendant des jours, à ne pas s’en remettre et ne même pas le vouloir.

Y’avait eu la fosse complète en un rien de temps, et finalement la place inespérée réservée en un clic. Puis les galères pour la nuit et les quelques adresses emportées dans ma poche. Y’a eu la nuit blanche avant de partir, mes micro-sommeils dans le train, le métro jusque dans le 93, l’auberge trouvée sans trop de mal et quelques affaires posées sur mon lit. Y’a eu mes pas pressés dans l’allée qui mène au Zénith, dont les barrières étaient en fait complètement désertes et les portails encore ouverts. Y’a eu les quelques dizaines de personnes dans l’après-midi, les répétitions et les quelques notes qui font déjà frissonner, et puis la grosse affluence en début de soirée, l’attente pour la fouille et la course et le premier rang avec mes compagnons d’attente.

Mais tout ça on s’en fout, en fait. Ce qui compte c’est tout ce qu’il y a eu après.

Ce qui compte c’est leur arrivée sur Svefn-g-Englar, mes yeux médusés et tout ce qui peut se passer là-dedans. Ce sont les larmes et les sourires et les frissons en boucle. C’est sa voix venue d’ailleurs et le son particulier de son archet sur ses cordes. Ce sont les battements cardiaques de la batterie, les vibrations sourdes de la basse, les notes glissantes des touches du clavier et la voix résonnante de Kjarri qui lui répondent. C’est l’absence d’Amiina et des cuivres qui se fait parfois sentir mais vite oublier. Ce sont les quelques notes au xylophone. Ce sont les notes froides et les airs plus festifs. C’est l’irrationalité de ces mots qui papillonnent dans le cœur. Ce sont les lumières colorées. Ce sont leurs mêmes costumes qu’en juillet et toujours la couronne d’Orri. Ce sont les images qui défilent sur l’écran géant, les paysages qui alternent avec leurs instruments filmés en direct. Ce sont les lanternes géantes qui confèrent une ambiance lunaire. Ce sont les petits confettis blancs saupoudrés sur Festival, puis les multicolores soufflés sur Gobbledigook, et enfin la dernière tempête de neige sur Popplagið. C’est le rideau d’eau qui rafraichit les premiers rangs à la montée en puissance de Sæglópur. Ce sont les petits jeunes de For A Minor Reflection qui viennent tambouriner sur les couleurs de Gobbledigook. C’est la surprise de E-bow. C’est la longue note de Jonsi sur Festival, plus longue que jamais. Ce sont les mots d’un Jonsi étonnamment bavard et surtout ses rires enfantins. C’est son regard plongé vers moi ou peut-être ai-je juste envie de le croire. Ce sont ses invitations à nous faire chanter en chœur et taper des mains, et les milliers de personnes debout à sa demande. Ce sont les baguettes d’Orri lancées sur ma voisine et l’archet qui me tombe dans le dos. C’est l’aura qui les entoure. C’est cette magie totalement indescriptible. Ce sont les mots complètement vains pour tenter de rendre compte.

C’est se demander s’ils sont réels. S’ils sont humains.

Bien plus qu’un groupe.
Bien plus que de la musique.
Bien plus qu’un concert. Une messe irréelle. Un voyage hors du monde, hors du temps.

Hjartað hamast eins og alltaf
En nú úr takt við tímann...


Svefn-g-Englar / Ný Batterí / Fljótavik / Við Spilum Endalaust / Hoppípolla / Með Blóðnasir / Inní Mér Syngur Vitleysingur / E-bow / Sæglópur / Festival / Hafsól / Gobbledigook // All Alright / Popplagið.


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vendredi 7 novembre 2008

"I TELL YOU MY FAREWELL..."


Vendredi 24. Départ pour un week-end en grande partie improvisé comme on sait les faire. Un grand bordel et des kilomètres sous les semelles.

Pour le coup, on avait essayé de prévoir des trucs, mais au final on a fait tout le contraire. Enfin, on a quand même vu la petite étoile et son musicien, on a dormi chez Aurélia, et surtout, surtout, on était juste devant eux pour leur tout dernier. Alors quand on fait les comptes, on s’en est plutôt pas mal sorties cette fois.

Y’a pas eu le café avec Nork, ni le concert du 24, et encore moins le photomaton au Palais de Tokyo. On a raté la vidéo de la Chine et on a résisté à chaque Starbucks. Mais il y a eu tellement plus, tellement mieux, tellement plus imprévisible. Qui aurait pu prévoir les cds et t-shirts bradés, l’édition chinoise offerte, les vinyles dans son salon et les polaroïds suspendus au-dessus de sa palette graphique ? Qui aurait envisagé le resto japonais, le double Big ET Burger, et nos verres gratuits ? Qui aurait pu penser à offrir des roses et un tournesol, et qu’ils finiraient sur scène ? Qui aurait associé René-Sous-Bois à Détroit et au Canada ? Et qui aurait imaginé Au Pire, la nuit blanche arrosée de champagne et le blindtest ?

Alors on en oublie les pieds qui font mal, la pluie qui ne cesse de tomber, et le froid de la gare un dimanche à 7h. On ne compte plus les kilomètres parcourus dans ces trains ni les moments de galère qui font rire après coup.

Et on attend la prochaine.


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mercredi 22 octobre 2008

"YOU’VE GOT TO GO STRAIGHT AHEAD !"


Mes retrouvailles avec The Kills dimanche dernier.

La longue file d’attente le long du mur. Le public jeune parsemé de nombreuses mèches. Me faufiler au milieu de la foule. Le hall, mon billet déchiré en deux, les doubles portes, et le milieu du deuxième rang. La salle qui se remplit lentement. Les t-shirts accrochés au mur sur la gauche. Les techniciens sur la scène, les instruments, les câbles, et le décor de la première partie. Les chansons d’attente en léger fond sonore.

Un trio coloré qui envahit la scène en courant. Des fringues teintés années 80 et les premières secondes qui surprennent. Un son électro-pop associé à un chant plutôt rappé à l’ambiance californienne, soutenus par des chorégraphies... décalées. Chanteur au pull bariolé, pile électrique exagérée qui saute, court, danse et adresse au public des expressions insolites. Le guitariste chevelu à droite, entre discrétion et allures de guitar-hero. A gauche, les mains du troisième qui guident les keyboards, ornés de paille et du nom du groupe scintillant. Quelques bras qui s'agitent dans le public, mais l'ensemble qui reste bien sceptique.

La foule surchauffée qui n’attend plus que le duo vibrant qui respire le Sex, Drugs & Rock’n’roll. Les serviettes blanches et les setlists. Les bières et autres boissons suspectes déposées ici et là.

Leurs silhouettes qui apparaissent en contrebas de la scène, les cris hystériques et les lumières qui s’éteignent.

Leur charisme phénoménal qui remplit la salle en une seconde, et U.R.A. Fever comme intro sans détour.

VV. Légendaire slim noir qu’elle porte mieux que personne. Bottes dorées aux pieds. Long t-shirt informe troué et chemise léopard sortie du clip de Last Days of Magic. Etole autour du cou, accompagnant ses colliers et sa patte de lapin rose.

Hotel, son jean et son t-shirt moulant. Ses bottes de cuir, et son foulard tacheté assorti à la petite chemise de VV.

Leurs corps qui transpirent le sexe par chaque pore. La musique qui les habite au plus profond. Les instruments qui les possèdent. Chaque note qui en devient transcendante.

La boite à rythme qui fait trembler les tympans. Le son sale et saturé qui remue les tripes. La majestueuse guitare rouge de VV maniée comme une partie d’elle. Hotel qui n’hésite pas à martyriser la sienne, frappant le bois et tendant les cordes à l’extrême, à l’en faire crier et sortir des sons électrisants.

Le regard animal de VV envers Hotel. Son jeu à lui avec le public, se penchant plusieurs fois au-dessus de nous. L’instrument dans ses mains, les à-coups qu’il donne et la tension sexuelle palpable. Ses petits pas de moonwalk latéral, ses pieds qui glissent sur le sol. VV qui s'effondre parfois sur la scène. Son charme dévastateur. Les clopes qu’ils s’échangent. Leurs micros face à face, leurs regards, leurs gestes et leurs sourires. Lui parfois à ses pieds. La communion unique de leurs deux âmes.

Les 3 albums qui se répondent. Les chansons les plus électriques qui alternent avec les plus intimistes. Les perles de sueur sur tous les corps. Les frissons sur toutes les peaux.

VV à quelques centimètres de mon visage, et son regard brûlant qui se plonge quelques secondes dans mes yeux, me faisant oublier qui je suis.

Le temps et les chansons qui filent à une allure folle. La douce Goodnight Bad Morning qui apaise la foule et suspend le temps quelques secondes. Leur sortie de scène, l’hystérie dans la salle, les centaines de cris et les pieds qui martèlent le sol. Les chapeaux melon sur leurs têtes pour le rappel, et une reprise du Velvet Underground. Les paumes de nos mains qui frappent pour Sour Cherry, et le final inattendu sur Dropout Boogie. Hotel juste devant moi et mes mains sur les cordes vibrantes.

Orgasmique.


URA Fever / Pull a U / Tape Song / No Wow / Alphabet Pony / Last Day of Magic / Kissy Kissy / Black Balloon / Hook and Line / Getting Down / Cheap and Cheerful / Fried my Little Brains / Goodnight Bad Morning // Pale Blue Eyes / Sour Cherry / Dropout Boogie.


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jeudi 16 octobre 2008

GENEVIEVE BRISAC, VOIR LES JARDINS DE BABYLONE.

« Aimer est un mauvais sort comme ceux qu’il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu’à ce que l’enchantement ait cessé. (Marcel Proust) »

« …de minuscules nuages filent sans savoir qu’il suffit de les accrocher du regard pour reprendre espoir. »

« Ça ne me va pas. Rien. Ça n’ira jamais. Impression d’aller à l’abattoir. Sentir son sand refroidir et sécher, l’énergie disparaitre. Une faiblesse et une tristesse extrêmes… Les neufs filles du dortoir rient et elles bougent. De regarder leurs bras nus, je me transofmr en brindille. Plus elles rient, plus je me sens étrangère. Pas le genre émouvant et poétique, le genre puant et ridicule. Petite transpiration sèche de cloporte. On dansera peut-être des slows, et comment ferai-je pour éviter qu’on s’aperçoive du coton dans mon soutien-gorge, de mes mains qui tremblent, personne de toute façon ne saurait m’inviter à danser, me dis-je pour me rassurer. Ensuite, plus tard, assise dans le noir, condamnée à ma peine, souris morte, écoutant vaguement le disque qui repasse sans arrêt, Strangers in the night, mais je ne sais pas écouter la musique. Révoltée enfin que personne, aucun garçon n’aperçoive mon âme bondissante et joueuse, mon cœur tendre, sous ma peau verte. Mes yeux noirs, otchi tchornoie, qui sont les fenêtres de mon âme prisonnière.

« Et j’ai emporté l’enfant dans une valse d’intérieur qui nous a fait fondre le cœur.
Il avait ce regard concentré et confiant qui est l’amour même et qu’on oublie tout le temps. Qu’on oublie d’avoir, qu’on oublie de voir. Dont les jeunes filles essaient de se souvenir en battant des cils, tragique contresens. »

« Le monde est un théatre, chacun tente de donner de la voix, d’être celui qui raconte l’histoire, toutes ces voix qui se donnent en même temps, cacophonie sacrée de notre désir d’être compris, que, simplement, notre version soit entendue. »

« Comme on attend le facteur le matin. Comme on ouvre avec précaution et le cœur battant la boîte aux lettres. Dans l’espoir de cette fameuse surprise qui ne vient jamais, de ce “Je vous aime“ inconnu et qui apaiserait le cœur. »

« Comme notre vie est déjà longue, pensé-je avec stupeur, en détaillant les boîtes de gâteaux en fer-blanc peintes, les morceaux de bois aux formes indécises ramassés sur des plages, les matriochkas et les masques indiens. Que reste-t-il de nos flots de paroles, de ces kilomètres d’heures passées ensemble à donner des contours flous et bariolés au monde dont nous rêvons, à tenter de comprendre qui nous sommes ? »

mardi 9 septembre 2008

"AND SEE IF I STAND FIRM OR IF I FALL..."


Acte V.

Les mêmes habitudes de début de journée. Ou presque. La Pyramid Marquee qui nous attend pour son premier concert de la journée. Au passage, le merch’ de Panic trop moche qui aura droit à quelques remarques. Le chapiteau relativement vide et les rangs clairsemés. Devotchka et leurs instruments du plus classique au plus charmeur. Guitare, batterie, accordéon, violon, et ce qui semblerait s’appeler un soubassophone, aux allures félines. Les airs originaux et dépaysants, l’impression de voyager vers la Russie et l’Europe de l’Est. Un joli début de journée.

Mais la Main Stage et les groupies que nous sommes qui n’attendent pas. Quitter les magiciens de Little Miss Sunshine avec quelques regrets. La file immense devant l’unique distributeur de billets. De l’autre côté, John Butler Trio encore sur scène pour quelques minutes. Le soleil de plomb pour ce dernier jour. Notre parcours jusqu’aux tout premiers rangs. Les retrouvailles avec ce public que l’on ne regrettait pas. Moyenne d’âge très jeune, trop jeune, majorité de groupies féminines, converses et mèches emo à foison.

Car c’est Panic at the disco qui suit. Nos petits favoris de 2006 qui nous ont bien déçu depuis, mais auxquels on n’a pu résister cette fois. Les sourires qui reviennent à leur entrée sur scène. Leurs chemises blanches, Ryan et ses lunettes de soleil, Spencer toujours aussi discret, et Jon chaussé de ses incontournables tongs. Brendon qui se contente de sa guitare et de son micro central, et le nouveau membre au clavier, qui le remplace à la place où il brillait le plus. Les chœurs assurés par Jon et Ryan. La majorité de titres du dernier album, qui paraissent bien fades et présentent encore moins d’intérêt en live qu’en studio. Les quelques tubes du premier album en versions modifiées, qui perdent en énergie et en originalité. Même Lying is the most fun… qui nous déçoit largement. Leur prestation scénique qui manque d’énergie, d’envie, de passion. Les souvenirs de Lyon et des petits jeunes qui m’avaient soufflé qui semblent bien loin.

Repas et repos dans l’herbe avec Anouk en fond sonore. La voix chaude de la blonde néerlandaise sur les écrans, et nos corps étendus sur le sol. Les jeunes anglais de The Kooks qui prennent le relais. Les chansons plaisantes mais sans grande originalité. Les quelques tubes que je reconnais. Notre motivation pour monter jusqu’au QG. Mr Toyota au rez-de-chaussée. Ses quelques pas pour s’éloigner du stand, son signe de la main et son regard l’air de rien pour nous filer des pass en toute discrétion. La suite du concert suivi de là-haut et les photos souvenirs avec lui. Le stand voisin, un ticket à gratter, et la photo souvenir WIN FOR LIFE à cacher à tout jamais.

La traversée complète de la plaine, les milliers de personnes entre lesquelles il faut se faufiler. La barrière qui nous attend, et mes Free Hugs dans la poche. The Raconteurs. Au fond de la scène, le cadre est posé : lourd rideaux gris et branches mortes, un petit R doré surplombant le tout. Le teint blafard de Jack White. L’étoile de shérif qui brille sur la poitrine de Bendran Benson. Le bassiste aux cheveux raides bien vite surnommé Daria Mouskouri. Le dernier album qui s’égrène en intégralité. Un Jack White terriblement charismatique qui manie les cordes comme personne. A en casser l’une d’elle sans l’empêcher de poursuivre. Les vieilles guitares rayées voire griffonnées qui passent à ses bras. Un violon qui apparait à un moment entre les mains du clavier additionnel. Steady as she goes largement reprise par le public, sous l’aura de Jack... Steady as she goes... Are you steady now... De longs solos et des duos transcendants avec Brendan, les guitares qui hurlent et qui crachent, un son un peu crado tellement jouissif, et les tympans qui vibrent comme jamais. Un large R majestueux qui apparait entre les branches du fond. Un Blue Vein sans fin qui captive encore un peu plus la foule. Nos Raconteurs du soir qui reviennent un dernier instant pour Many Shades of Black, ma préférée du dernier album, et la dimension qu’elle prend sur scène.

Le stagiaire du cameraman, sa bouille trop choupinette et nos gestes tout sauf discrets pour attirer son attention. Son regard enfin tourné vers nous, les baisers envoyés par nos mains et les fous rires. Les fesses sur le sol et le dos contre la barrière en attendant la suite. Les filles architectes derrière nous, déjà là pour dEUS, et leur pancarte dédiée au groupe. Les lunettes blanches que Steph emprunte pour une photo so fashion, et le Werchter 2008 sur son bras.

Et puis la dernière claque de ces 4 jours. Kaiser Chiefs. Complètement jouissif et délirant. L’énergie incroyable qu’ils projettent. Un Ricky complètement dingue qui ne s’arrête pas de sauter, courir, et se mêler à la foule. Les dizaines de milliers de personnes qu’il met dans sa poche en quelques secondes. Les multiples tubes repris en chœur, et deux nouveautés qui nous seront offertes. La participation du producteur au tambourin. Ricky et son micro tendu vers nous, Ricky qui saute toujours plus haut, court toujours plus vite. Les pompes et quelques exercices de gym n’auront même pas sa peau. Son coup de folie en traversant la foule pour aller escalader les tentes du retour son. Son escalade du montant des projecteurs, sur la droite de la scène. Werchter totalement survolté sur Ruby, et qui monte encore d’un cran sur Oh My God, final en apothéose sous des jeux de lumières bluffants.

Le mec de la sécu adorable qui nous rend nos sacs. La photo qu’il prend de nous et les câlins qu’on lui offre. La nuit qui tombe sur Werchter, la dernière soirée qui sent la fin. Le dernier repas bien copieux et le litre de mayonnaise. Le sucre glace sur la table et son billet roulé. Les regards qui se posent partout pour ne rien oublier d’ici. Les poubelles lapins et carottes. Les rangées de bancs et de tables sous les toiles tendues. Les lumières scintillantes devant la Pyramid. Les pas qui se font lents pour regagner l’autre côté.

Beck sur la scène. Les Free Hugs aux francophones au milieu de la foule. Everybody’s gotta learn sometimes émouvante sous la nuit noire, et nos regards perdus vers la scène. Un dernier petit tour chez Toyota. Les photos colorées dans les hamacs, du bleu, du rouge, du vert. Nos verres à la main. Les dernières photos depuis là-haut.

Les deux derniers tickets brillants pour une dernière bière cerise chacune. dEUS comme fermeture du festival. La fatigue qui nous gagne, leur rock comme une berceuse sur nos corps gisants. Un mec et sa copine qui s’approchent, dans le même état que nous. L’alcool et la faiblesse du corps qui les mènent jusqu’au sol. Sa tête contre ma jambe. Les yeux qui se ferment et l’esprit qui vagabonde dans un demi-sommeil. Et le renoncement. Quitter le site avant l’heure pour éviter la foule compacte de la veille. Le camping vide et l’herbe humide. Les bruits de pétards qui nous surprennent à l’entrée de la tente verte, et le feu d’artifice final qui se reflète dans nos yeux.

A l’année prochaine.


[ PHOTOS PATD ]

[ PHOTOS THE RACONTEURS ]

[ PHOTOS KAISER CHIEFS ]

lundi 8 septembre 2008

"THERE ARE TWO COLOURS IN MY HEAD..."


Acte IV.

De nouveau les yeux qui s’ouvrent trop tôt et la tente qui baigne dans la lumière. Les affaires pour la douche, l’immense tente militaire sur le chemin, et le frigo même pas mini. Les 2€50 dans la poche et la longue file d’attente, ponctuée de serviettes multicolores. Des dizaines de minutes plus tard, les pieds sur le sol humide, et le verrou fermé derrière moi. Le rideau de plastique, le mince filet d’eau glacée, et la galère pour se rincer les cheveux. Juste à côté, la foule pressée devant les robinets anthracite, brosses à dent dans la bouche. Le petit déjeuner qui suit, un bol de plastique et sa petite cuillère blanche, une petite brique de lait, et des céréales au miel.
Préparer le sac de la journée. Les madeleines devenues miettes. Les piles qui défilent dans l’appareil photo. La crème solaire sur nos peaux. Un bonjour à Popol & co au passage.

[...]

Le sourire de Mr Toyota. Nos jus de fruit et une pomme à croquer. Le bar à oxygène et ses différentes senteurs, esprits fleuris, fruités ou océaniques. Le premier concert suivi de là-haut, comme une habitude qui s’installe. The Whigs. A droite et à gauche de la scène, les longs tubes néons suspendus, pré-décor impressionnant en attendant le concert mythique du soir. Une petite pause dans l’herbe pour les dernières chansons.

Et puis nos places au second rang, les mains sur la barrière, tout près de la scène. Gossip. Beth et sa robe sombre constellée de couleurs. Ses cheveux raides et noirs, et sa voix unique qui perce la peau. Sa remarque envieuse à propos du concert de Jay-Z la veille, et son attaque envers Beyonce. Le guitariste un peu fou. Popol et sa trompette, le concours entre lui et Beth. La petite brune à l’esprit enfantin qui descend de scène pour s’accaparer de l’instrument et s’amuser quelques secondes. Son énergie communicative, et Standing in the way of control qui remue la foule.

Me frayer au premier rang pendant que Steph se recule un peu. The Hives. Les lettres rouges en fond de scène. Les costumes noir et blanc et les cravates rayées. L’incontrôlable folie qui monte en moi et autour de moi, malgré les fines gouttes de pluie. La prétention ajustée de Pelle, la pluie qui lui fait tomber la veste, les cris qu’il nous fait pousser, et les grimaces de son frère à notre encontre. Les tubes qui font leur effet et l’hystérie collective qui tombe juste. Leur jeu de scène incroyablement excitant, leur humour particulier et un immense plaisir qui ressortent de tout ça. Des micros, guitares et baguettes qui volent, le suédois Jaggerien qui saute et court partout, provoque la foule, bondit dans le public, et puis sa main contre la mienne et son visage à quelques centimètres. Leurs aux-revoir et la promesse personnelle de les revoir au plus vite.

Reculer pour la suite. Un petit tour pendant la pause. Les filles de Toyota que l’on croise, et un autocollant PARTICIPATE sur chacun de nos ponchos. Et puis Editors et toujours la pluie. Le visage sur l’écran géant qui m’en rappelle un ancien. Les mains sur le piano et la voix unique. Les oreilles plongées dans leur univers et les yeux distraits. Le lancer de papier toilette et les tonnes de gobelets empilés.

Trainer Steph jusqu’à la plateforme de la Pyramid pour Kate Nash. Echos de King of Leon qui ne donnent pas tellement envie d’aller jeter une oreille. La jolie anglaise qui charme la foule. Son allure de poupée, ses taches de rousseurs, ses yeux malicieux et son sourire enchanteur. Le décor au style cabaret. Son petit air timide lorsqu’elle s’adresse à nous. Sa voix toute douce. Les mélodies mutines au piano. Son accent tranchant. Les paroles qui résonnent en moi. Nos cœurs conquis et les airs qui restent en tête des heures. And I’m singing "oh oh" on a Friday night...

Le soleil qui revient et notre retour au bord des arbres pour Ben Harper et ses Innocent Criminals. Sa classe innée. Ses longues mains qui gratouillent la guitare posée sur ses genoux, et les percussions qui résonnent. Les tons blues, funk et reggae qui s’enchaînent, les airs que l’on reconnait, et sa voix chaude qui nous berce. La rencontre avec Christian le belge d’Alerte à Malibu. Les toilettes VIP toutes propres et le papier blanc décoré de dessins.

Nouvelle avancée vers la scène. Steph qui reste en arrière, estomac oblige. Une place au second rang pour moi, en attendant que le premier rang se libère et que je pose mes mains sur la barrière. Sigur Ros à venir. Les boules lumineuses en fond de scène et les instruments magiques. Mes voisins de toutes nationalités qui font l’animation, et longues minutes d’attente qui passent plus vite. Nos échanges sur le groupe et l’excitation qui monte. Les frissons alors que la scène est encore vide. Et puis les anges qui apparaissent et les larmes qui perlent à mes yeux. Au centre, Jonsi et son aura féérique, sa veste sombre sanglée, les paillettes sur sa pommette droite et les plumes dans son cou. Orri derrière sa batterie, couronne multicolore posée sur la tête. Entre les deux, Goggi accompagnée de sa basse. Son costume élégant et sa prestance imperturbable. A l’autre bout, caché entre les multiples claviers et xylophones, Kjarri qui me tourne le dos. Et puis les quatre fées pastel d’Amiina et leurs instruments à cordes majestueux, et en bonus, des cuivres tout vêtus de blancs.
L’envol au pays des elfes avec Svefn-G-Englar. Jonsi qui nous envoute de sa voix cristalline, et celle plus grave de Kjarri qui lui répond. La guitare parsemée d’oiseaux brillants sur laquelle glisse l’archet. La dernière note sortie de sa bouche qui s’éternise, accompagné des effets de lumière. L’esprit d’Ágætis Byrjun qui reste intact avec Ny Batteri, et son intro qui fait la part belle aux lutins blancs de ce soir. Les lèvres de Jonsi au plus près des cordes et l’émotion sur son visage aux yeux fermés. La très attendue Glosoli et sa poésie unique qui s’étend au-dessus du public silencieux d’admiration. Saeglopur ensuite, et ses notes scintillantes comme des flocons de neige. Les morceaux du tout dernier album qui s’ajoutent petit à petit, et la surprise d’un Hafsol au milieu de tout ça. Orri qui s’attèle au xylophone le temps d’une chanson et Jonsi qui se rapproche de Goggi. La nuit qui tombe et les lumières qui n’ajoutent qu’encore plus à l’ambiance. Jonsi et l’autre guitare. Rouge. Toujours lui qui rejoint Kjarri derrière les claviers, et qui joue de ses cordes avec une baguette de batterie, une fois retrouvée sa guitare. L’heure qui touche presque à sa fin. Gobbledigook qui retentit, bouleversante, et les gros souffleurs repérés l’après-midi qui remplissent le ciel de blanc. Les petits papiers qui volent dans la faible lueur du crépuscule et retombent en pluie sur la foule émerveillée. Le rappel sur Popplagid qui nous achève de beauté et que l’on voudrait ne jamais voir se terminer. Et puis les instruments qui se taisent, leur avancée à tous sur la scène, et leurs saluts face aux applaudissements d’un public qui ne réalise pas encore ce qu’il vient de vivre.
Leur sortie de scène, le rêve qui s’étiole en pointillés, et l’envie de m’écrouler sur le sol qui ne résiste qu’à l’idée de ceux qui vont suivre. Une heure passée dans un autre monde. L’impasse sur mes préférées qui finalement ne compte pas. Du sublime et de la magie qui flottent dans les airs, sur chaque morceau quel qu’il soit. Les larmes et les étincelles dans mes yeux tout le long. Le cœur qui se perce en mille endroits. A chaque note les frissons dans tout le corps. A chaque son l’envie de me mettre à genoux devant eux.

Radiohead. La mise en place du nouveau décor que je suis d’un œil distrait, l’esprit encore tourné vers la terre de glace. Les tubes transparents alignés au-dessus de la scène. Les techniciens qui grimpent à leur cime. Les écrans du fond et les trois micros en première ligne. Et puis, une fois la nuit noire complète, la scène qui se nimbe de bleu, et les cinq musiciens qui s’y plongent. Les caméras fixes braquées sur chacun d’eux, et leurs images sur les écrans découpés en six. Cette voix unique et émouvante qui nous transcende. Les trésors de ce monstre de groupe qui prennent vie devant nous. Les néons qui forment un halo mystique, tantôt bleu, rose, vert, rouge, ou violet. Des ambiances électroniques entremêlées d’explosions rock et d’acoustiques pénétrants. Les sons les plus planants qui embrument le cerveau. Les meilleurs morceaux du dernier album et de plus anciens embrasements. Lucky, There There, How To Disappear Completely, Jigsaw Falling Into Places, Optimistic, Just, et toutes les autres, qui font vibrer le cœur et la chair. Thom et ses yeux souvent fermés sur l’intimité de ses mots. Ses petits pas de danse et les gestes désarticulés de ses bras, au son de ses pairs. Et ses quelques sourires timides que l’on gardera précieusement en tête. La simplicité de reflets blancs pendant leur première absence. Leur retour pour Videotape. La petite phrase de Thom qui rebondit à l’intérieur de mon crâne. This song is for people who hear voices in their head. Un peu plus tard, les néons qui se parent de multiples couleurs psychédéliques pour Paranoid Android. Puis le second et dernier rappel. Le piano décoré du drapeau tibétain et Thom qui prend place derrière. Everything In Its Right Place, pour finir de nous envoûter...

Et la redescente difficile.


[ PHOTOS GOSSIP ]

[ PHOTOS THE HIVES ]

[ PHOTOS SIGUR ROS ]

[ PHOTOS RADIOHEAD ]

samedi 23 août 2008

"I'M NEVER GOING DOWN, I'M NEVER COMING DOWN..."


Acte III.

Le soleil qui tape sur la tente. La chaleur et la lumière. Passer la tête à l’extérieur avant même que le réveil strident ne résonne. Les voisins qui parlent dans toutes les langues possibles. Des airs plus ou moins connus qui s’envolent et se mélangent au-dessus des tentes. La recherche d’un café pour débuter la journée. Une petite terrasse improvisée, une grande tasse sucrée, et le luxe suprême de pouvoir s’offrir des pains au chocolat. De nouveau le semblant de pèlerinage ente les arbres, et une Barbie dans un sac croisée en route.

[...]

Filer vers Toyota avant toute chose. Un t-shirt siglé offert et une car dance déguisée comme première étape, quoi de mieux. Des perruques, vestes à paillettes, lunettes taille XXL à foison. Des couleurs pétantes sur nos têtes, un boa à plumes autour du coup, et 2 minutes de fous rires face à la caméra. Notre QG à l’étage, petit déjeuner partie 2. The Black Box Revelation sur la scène à l’autre bout. Les notes qui nous parviennent, la vue sur la plaine baignée de soleil, le vent frais dans les cheveux, et les énormes coussins rouges plus que confortables.

[...]

Redescente vers la scène pour quelques minutes de Monza. Le brossage de dents collectif au passage. Le ciel clair et le soleil qui brûle. Nos lunettes de soleil fashion sur le nez. Les hauts de maillots, les robes de dentelles et les shorts qui se multiplient.

La pause repas vers la Pyramid, au son de Patrick Watson. Les animations des sponsors, partout autour. Le guitar hero et le mec qui assure. Les cadeaux de tous côtés et nos sacs chargés de lacets, autocollants, chargeur pour portable, petites sacoches roses et bleues, bracelets éponges. Les seringues à remplir d’eau et la petite piscine. Les nurses coca-cola, leurs costumes rouge et blanc et les brancards assortis. Sans oublier la sirène spéciale.

Retour vers la grande scène et y retrouver Slayer en pleine action. Grosses guitares, longues chevelures frisées, puissance de la voix dans le micro, pogos à foison aux premiers rangs, bruit qui tape violemment dans la tête.

Le calme qui revient et notre avancée vers la scène pour la suite. Nos places au second rang pour attendre les Babyshambles. Le public jeune autour de nous. Et les deux présentateurs du festival sur scène, signal du moment tant attendu. Et puis leur ″Air Traffic" à l’unisson et notre incompréhension, les musiciens de la veille que l’on retrouve, et les chansons déjà entendues qui nous sont rejouées. Croire à un retard, attendre patiemment ou pas. Pete aurait finalement prévenu de son absence deux jours avant. Déception majeure même en s’y attendant depuis des mois.

Quitter la foule immense avec des regrets dans les yeux. Passer le stand de massages et crème solaire bondé. Un tatouage Pure FM bleu et rose au creux du poignet. Notre campement à l’ombre des grands arbres du fond. Nos lacets autour du front, tendance hippy ou charleston. Jay-Z à présent. Les nombreux musiciens autour de lui, cuivres, batteur, percussionniste, guitaristes, dj, bassiste, ... Ses reprises, Rehab d’Amy Winehouse et American Boy d’Estelle, quelques tubes connus, et la fin sur Encore. De grosses lettres noires au marqueur sur une feuille rescapée pour des Free Hugs. Son idée de Free Fuck. Le coup d’œil du mec d’à côté et le choc sur son visage, l’échange furtif de papier et notre plus gros fou rire du séjour.

Rejoindre la foule compacte près des barrières. The Verve. La silhouette longiligne de Richard Ashcroft, ses lunettes, sa veste en cuir et son t-shirt jaune. Sonnet comme premier tube en début de set. Les titres des deux derniers albums et du futur qui s’enchainent. Une clope au bord des lèvres et le briquet attaché à l’ampli. The Drugs don’t work et le chant à l’unisson et les frissons d’être là. La mythique Bittersweet Symphony qui embrase l’espace, et les adieux sur le futur single.

Un petit bout de Neil Young, la pause repas devant la Pyramid, une bière cerise pour l’accompagner, et le blond des perles et du vin qui nous accoste. Le tour de cartes et le pari pour 20€. Hot Chip en fond sonore. Notre torture mentale et les dizaines d’essais entre les cartes rouges et les cartes noires, et son illumination notée sur papier. Le rendez-vous manqué par lui et nos 20€ promis envolés. Mon affiche Free Hugs et quelques câlins en lots de consolation. Son Free Fuck et la deuxième rencontre marquante de la soirée. Les différentes nationalités, les deux Saluts, le belge qui sert d’interprète, ses essais plus ou moins fructueux avec la pancarte aux fous rires. Des câlins à tours de bras, des photos souvenirs, et le sexe de sang et le sexe de chair.

Des allers-retours entre les deux scènes, la fin de Neil Young, une nouvelle bière fruitée pour la suite, un peu de Digitalism pour rester dans le ton, et attendre la suite de pied ferme aux côtés d’un homme banane.

La fin de la soirée, les spots qui éblouissent, Moby et ses acolytes qui envahissent la grande scène. Les faisceaux de lumières qui nous entourent. Ses tubes et morceaux les plus entrainants. Les souvenirs du lycée et de mon premier album gravé. Mais ses remix qui gâchent tout, le nouveau son assourdissant qui recouvre l’originalité de ses morceaux. Quitter la plaine en lui tournant le dos.

jeudi 7 août 2008

"MAYBE I DRIVE TO GET OFF, BABY..."


ACTE II.

La route et la procession de sac à dos, tous dans la même direction. Les premières installations et les champs derrière. Une voix derrière nous, un appel insistant, les petits jeunes des toilettes. Discussion sur le choix du camping, regarder le plan, dépasser les parkings et les dizaines de stands de bouffe et de boissons. Les épaules meurtries sous le poids des sacs, les bretelles qui glissent, les mains rougies, les premiers campings. Le A1 qui se profile, nos tickets déchirés, un bracelet grisé autour du poignet. Quelques mètres le long de l’allée principale, des coups d’œil de tous les côtés, une place libre. La tente verte déployée dans les airs, les piquets plantés dans la terre humide, les ficelles blanches tendues entre les deux. Nos affaires rangées en quelques secondes, l’indispensable pour la journée, un sac à dos allégé sur le dos, le soleil au-dessus de nous. Les flaques d’eau à enjamber. Les quelques boutiques à l’entrée de notre camping. Les boas multicolores, les ponchos en laine épaisse, les t-shirts imprimés et les bijoux en argent.

[...]

La procession qui continue, vers le lieu tant attendu. La foule pressée devant les entrées. Un sweat Indochine. Les guichets de droite qui distribuent quelques derniers billets. La fouille de nos sacs en trois langues, et nos bouteilles de Coca cadeaux qui finissent au fond de la poubelle. Le ticket déchiré en deux en échange d’un bracelet bleu scellé de métal. Nos premiers pas sur la terre humide et nos yeux ébahis. WERCHTER.

[...]

Un Belge à notre rencontre quelques mètres plus loin. Marc, notre première photo, son harcèlement affectif, et ses lèvres pour un bisou werchterien. Les premiers rires aussi et le premier "normal" en quelques secondes. La visite du coin, les stands qui s’étalent à perte de vue et de tous côtés. La grande scène, la Main Stage, tout au fond de la plaine, et les chapeaux bleus. Le stand Ben & Jerry’s qui deviendra point de rendez-vous, les dizaines de sponsors, les divers genres de nourriture, les enseignes Coca Cola, les longues rangées de WC, les multiples boutiques, et même un salon de piercing. Le bar à jus de fruits de Toyota et les grands coussins rouges. La Pyramid Marquee plantée sur la partie gauche, et le chapiteau désert sous lequel résonnent nos pas. Les cartes Tarzan qui deviendront cultes, avec Tarzan qui surfe sur un arbre, Clayton qui fait le fier et perd son fusil, et même Jane et le jeune babouin. Des batailles corses perdues, quelques frites noyées de mayonnaise comme premier repas test, et se poser dans l’herbe avant que tout commence.

[...]

Air Traffic, un public largement enthousiaste, et une découverte pour nous deux. Le leader énergique qui alterne entre guitare et piano, les douces mélodies à la Coldplay, et la voix qui s’emporte de temps en temps. Le soleil dans les yeux, les t-shirts de groupes qu’on jalouse, et puis ceux à messages, trop cools ou bien complètement tordants.

Counting Crows ensuite. La foule allongée dans l’herbe et nos visages vers le ciel. Les coups d’œil furtifs vers la scène et les écrans, Mr. Jones et les refrains en chœur, et puis Colorblind, le gros plan sur son visage, ses larmes qui perlent, et mes yeux qui ne le quittent pas.

Les musiques d’attente en boucle, Editors et Joy Division qui reviennent. Et le tour de Mika. Nos fesses toujours visées au sol et la brindille blanche qui bondit sur scène. Quelques notes, le début d’un tube, un regard qui dit tout, se lever en quatrième vitesse et filer en courant vers la foule condensée. Nos regards curieux vers la scène. Les sucres d’orge géants. La batteuse, les choristes, les danseuses en tutu colorés. Quelques gouttes de pluie qui chatouillent. Et s’intensifient en quelques secondes. Sous nos ponchos de pluie orange, chanter en chœur, sauter sur place. Et s’échapper le temps de la dernière chanson...

Pour revenir à la fin de la pause, nos mains sur la barrière de la seconde section, à attendre Lenny Kravitz. Un jean près du corps, une veste en cuir, et la pluie qui s’arrête. Son état pas si net que ça. Sa sexy attitude devant le micro et sa tendresse au piano. Nos rires pour le mec en bleu sur la gauche de la scène. Les guitares qui résonnent dans le corps et sa voix orgasmique. Les vieux tubes qui font leur effet. Notre lassitude pendant I’ll be waiting qui n’en finit pas et ma tête reposée sur mes mains. Des tas de titres qui s’éternisent. Nos cris aux premières notes de Fly away. Le bain de foule vers la fin du set, une légère hystérie qui remue la foule, mes bras tendus et son passage à quelques mètres.

Accroupies contre la barrière pour ne pas perdre nos places. Nos voisins qui changent, les allers et retours de la foule de tous côtés. Les 3 lettres que j’attends depuis longtemps et qui se détachent sur le fond rose. R.E.M. Une des principales raisons de ma présence. Michael Stipe et ses acolytes. Les quatre écrans derrière eux sur la scène, les lumières colorées sur leur visage, Michael qui capte toute mon attention. Sa voix magique comme je l’attendais, la transe qui s’infiltre en moi, il n’existe plus qu’eux et moi. Des tubes entrainants, des mélodies plus intenses, Drive en apogée de ma soirée. L’ambiance autour de moi qui ne suit pas, Losing my religion comme seule rescapée où s’agitent les voix et les bras.

La boue par tonnes à nos pieds embourbés, mais un festival est-il vraiment un festival sans boue ? L’humidité et la nuit, la faim qui tient au ventre, les doigts engourdis et gelés. Passer devant les stands sans grande envie avant d’opter pour une soupe. Le grand gobelet de polystyrène, la petite cuillère en bois, le goût de poulet et le liquide presque brûlant dans la gorge, qui réchauffe le corps fatigué.

Faible énergie pour 2ManyDj’s suivis de loin. Le son qui nous parvient aux oreilles, une motivation plus que présente, l’envie de se donner, mais les jambes ankylosées qui ne suivent pas. Regrets.

The Chemical Brothers un peu plus loin. La même faiblesse, mais tenir le coup un minimum. Ne pas vouloir les laisser passer, ne pas vouloir abandonner dans l’immédiat. Profiter du son, de l’incomparable visuel, de l’ambiance. Du spectacle transcendant à tous les niveaux. Le corps qui se libère un peu. Avant de lâcher la partie et de quitter le site sur les dernières minutes.

La route quasiment déserte, le camping plongé dans l’obscurité et la tente humide. Un sweat sur le dos, les jambes qui s’allongent avec soulagement au fond du duvet, et le sommeil qui tombe sans attendre.


[ PHOTOS LENNY KRAVITZ ]

[ PHOTOS R.E.M. ]

lundi 14 juillet 2008

NINA BOURAOUI, LA VIE HEUREUSE.

« Ce ne sont pas mes mots. Je perds ma voix. Je devrais dire, c’est moi le feu, c’est moi qui brûle, je suis forte. Je pense au Docteur Jivago. Je ne suis pas romantique. Je ne suis pas une fille de Vienne. Je n’aime pas la valse. Je ne suis pas une fille de Colette. Je ne suis pas naïve. Je ne parfume pas mes lettres. Je ne dessine pas de cœurs. Je pourrais m’enfuir. Je pourrais l’assommer avec une pierre. Je pourrais tout faire, avec mes mains. Je pourrais entrer dans la nuit. Je pourrais laisser la nuit entrer en moi. Je pourrais lui remettre mon corps. »

« C’est toujours l’enfance que je répète. C’est mon double que je nourris, qui pose sa tête contre mon épaule, que je chatouille. Les enfants portent mon enfance. Je les aime pour cela. Pour ce qu’ils font réapparaître : les cris dans les vagues, la sieste sur la plage, les yeux vers le ciel, cette grande solitude. »

« J’ai replié mes forces dans ma tête. Tout s’est concentré en haut, comme un nœud de sang que je n’arrive pas à délier. Tu penses trop, disait souvent Marge. Tu te compliques la vie. Tu empêches ton corps, laisse-toi faire, profite. »

« ... rien n’est grave, je pourrais tout dire, tout avouer, puisqu’il s’agit d’un crime, avouer, les mains ligotées, la lumière dans les yeux, le sérum de vérité dans mes veines. Oui je suis amoureuse de Diane. Oui je veux bien faire de la prison. Oui j’ai la tête froide. Oui c’est votre monde qui est malade. Oui j’ai raison. Non je ne regrette rien. Oui votre violence à mon égard est inacceptable. Oui je n’ai pas ma place parmi vous. Oui je déteste vos mots, vos insinuations. Oui je hais vos yeux qui nous regardent. Oui vous aimeriez être à ma place. Oui il faut un grand courage pour vivre ma vie. Oui je suis plus heureuse avec elle. Oui je pourrais traverser la Terre. Oui je vous souhaite, un jour, d’aimer ainsi. »

« Je préfère rester. Je préfère attendre. Je regretterai, peut-être. Je regretterais sûrement. [...] Je ne sais pas venir. Je sais attendre, je sais partir mais je ne sais pas venir. C’est le corps immobile. C’est la tête qui me retient. »

« Je pense aux corps interchangeables. Je pense aux sangs mêlés. Je pense à la phrase de Céline, à nos âges, ça ne compte pas l’amour. Je suis la seule à aimer ici. Ce n’est pas une question d’âge. C’est le cœur qui explose. C’est ma peau qui s’ouvre. C’est son visage dans ma tête. C’est sa voix qui chante. Personne ne sait l’amour ici. Tout le monde se trompe. Ce n’est pas juste embrasser, se regarder dans les yeux, se toucher. C’est une question de vie et de mort. »

« Avant, je n’avais pas le droit de faire certaines choses. Avant j’avais hâte de devenir adulte pour être libre. [...] J’aimerais revenir en arrière. [...] Ce n’est pas l’interdiction que je regrette. C’est la force de mes rêves. Avant, je croyais. Avant, j’avais de l’imagination. Avant, j’espérais.
Avant il suffisant de fermer les yeux pour voler dans le ciel. »

« Je pense que je ne sais pas dire non. Je pense que j’adore avoir l’illusion d’être aimée. »

dimanche 13 juillet 2008

"I'D FLY ABOVE THE TREES, OVER THE SEAS IN ALL DEGREES..."


ACTE I.

3 juillet 2008. Steph débarquée de la veille. Une courte nuit terminée sur le canapé. Un café vite avalé. Les dernières affaires dans les sacs. Les piles par dizaine, le vieux téléphone portable, la brosse à dent. La peur d’oublier le plus important. Une gaufre de liège symbolique pour la route. 7h et la chaleur précoce du Sud. Les embouteillages matinaux et la gare qui se rapproche.

[...]

Nos affaires à portée de vue. Du bleu, du vert, du rouge. 5h de train. Les gosses agités qui vont à Disney. Ma traversée du wagon en chaussettes. Gare de Lyon Part-Dieu. Le joli brun aux lunettes de soleil. Tarzan et sa folle équipe. Marne-la-Vallée Chessy. L’Anglais. Roissy Charles-De-Gaulle. La petite conne aux chevaux. Arras. Le ciel gris. Le blond qui se révèle gay. Douai. La teinte brique des bâtiments. Les manches longues qui couvrent les bras. Lille Flandres. La tente verte sous le bras et nos dos trop chargés. Les bouches d’aération d’Euralille et les gens couchés dessus. Le journal gratuit du matin. Un arrêt rapide au Quick. La foule dense. Les gamins excités, les sacs encombrants, les hommes d’affaires pressés, les chaises de couleur, l’accent résistant partout autour. Quelques bouchées englouties rapidement, de longues lampées de Coca par-dessus. Lille Europe. 30 minutes de retard. Les journaux en néerlandais. Les bières qui peuplent le train. Le départ tardif. Le changement de réseau qui indique le passage de la frontière. La Belgique.

[…]

Bruxelles Midi. Les escalators qui descendent. Nath’ juste en bas. Le tram étroit et les cours de langue rapides. WERRRRTERR. Le sol humide de la pluie récente. Le bus après la pause clope au soleil. Le rond-point, la pharmacie, la demi-heure de marche, les petites maisons à l’anglaise, le champ de légumes, la voie rapide, les boîtes aux lettres diversifiées, les arbres fleuris, les rues calmes. La petite entrée, les escaliers, la chambre rouge. Nos affaires sur le sol. Autour de nous, des papillons, des Brian, des Boris, des Oli, et des visages plus ou moins connus. Girls in Hawaii en fond d’écran. La rencontre avec Jack et ses tonnes de poils, la terrasse ensoleillée, les discussions sur tout et rien, les clopes et les verres de Coca pour passer l’après-midi. Le rangement précis des télécommandes, les canapés clairs, le programme M6 pour la soirée et le chien du voisin qui tourne en rond. Les dizaines de dvd passées en revue, les films de filles, les séries tv, les "spécial déprime" et les films d’horreur. Le plateau repas devant Seven, les pancakes et le Nutella pour la suite. Du sirop d’érable ? Brad Pitt ? L’orage qui tonne et tombe dehors. Les yeux qui papillonnent, le matelas plus que confortable, et le sommeil qui assomme.

[...]

Placebo au réveil, la salle de bain noire et blanche, dernière douche chaude, et le grand miroir. A l’étage inférieur, un grand café pour affronter la longue journée et la radio qui parle de Werchter. Le meilleur festival du monde... Un dernier tour pour récupérer les affaires éparpillées, quelques photos souvenirs là-haut, et de nouveau les dos chargés. Un morceau du voyage en voiture, une petite gare, un bout de train avec elle. Une gaufre au passage, le quai bondé de sacs à dos et bottes de pluie, et des aux-revoirs jusque derrière les vitres fermées. Nous deux casées dans l’entrée, de l’anglais, du français et du néerlandais qui se mêlent autour, et les petits jeunes des toilettes. Le train qui file droit devant, les habitations qui s’estompent, la campagne qui s’étend, et la gare de Leuven. Quelques mètres vers le souterrain, la file immense, les longues minutes d’attente, la distribution de Coca et de chips au paprika. Les navettes qui se suivent, et enfin, nos deux places dans le fond. Dernière ligne droite.

samedi 10 mai 2008

"DANS MON UNIVERS, AVEC POUR SEULE VOIX..."


Le train qui part quelques minutes après l’avoir laissée sur le quai. Les fines gouttes de pluie à l’arrivée. Mes pas qui se pressent pour atteindre la Fnac. Un tour dans les allées, mes mains qui traînent sur les couvertures de quelques bouquins. Une chaise libre au premier rang, plongeon dans les récentes aventures de Michael Tolliver pendant que les groupies s’agitent autour de moi. Apparition éclair du quatuor tant attendu, quelques réactions plus ou moins hystériques, manquer de se faire virer à cause de l’une. Et puis leur retour pour de bon, elles qui n’en peuvent plus et Thomas qui me reconnaît et me salut, moment jouissif. Quelques questions bateau du jeune homme au micro, réponses tant et tant entendues. Vient le tour du public, alternance de questions classique, boulets et groupies qui se font remballer. Le moment des dédicaces, ma place signée de leurs mains, un sourire de chacun, quelques mots échangés.

Le soleil qui m’accueille en sortant, ma veste qui s’ôte, longer la route rapide jusqu’au coin souvenir d’il y a deux ans. Une ou deux clopes et des appels vains vers son train, comme tentatives pour supporter les groupies emos à mes côtés. Fall Out Boy et le dernier Panic! en boucle en fond sonore, help me.

Eux qui arrivent, petit salut de loin. Les deux heures qui passent. Le soir qui tombe, l’attente qui pèse, l’impatience qui se fait sentir. Les portes qui s’ouvrent, les marches à monter, les jolis et jeunes garçons, mon nom sur le registre, ma carte d’adhérente, la pièce qui tinte sur le comptoir et le tampon sur ma main gauche. Un coucou rapide pour Lui devant ses t-shirts. Quelques mots, des sourires, ses yeux sur mon t-shirt et les miens qui le dévorent.

Mes fesses sur la scène, près de la batterie marquée d’AqME, la même place que la dernière fois. Les quelques-uns qui s’affairent derrière moi, et puis les lumières, on se lève et My Own Vision à portée de bras. Les deux bouts de chou à côté de moi, le père qui veille derrière. Le peu de place à l’abri que je leur cède. Mes jambes qui en résistent pas à l’appel de la musique, le chanteur qui en fait un peu trop, son ventre trop plat et sa voix à laquelle je n’accroche pas. Le bassiste à quelques centimètres de mon visage, les lourdes cordes qui vibrent sous ses doigts, captivantes. La courte setlist qui s’égrène et se termine sous les cris de deux trois groupies. Abandon de mes trois compagnons qui se dirigent vers le bar plus sécurisé pour la suite. Agitation sur la scène, les bouteilles d’eau, les câbles électriques, les serviettes éponges blanches, les instruments à l’essai, la pile de setlists. Un coup d’œil vers le programme de ce soir, majoritairement satisfaisant.

Et puis les silhouettes d’Etienne, de Ben et de Charlotte qui se découpent dans l’ombre et lancent les premières vibrations d’Hérésie qui feront trembler Les Passagers. Thomas débarque et crache sans préliminaire sa voix sur Lourd Sacrifice et Un Goût Amer, extraits du tout dernier qui m'est étranger ou presque. Son visage juste au-dessus de moi et son sourire qui répond au mien. Quelques minutes à lutter et me retrouver une fois encore assise au milieu. Gros retour en arrière avec Le Rouge et Le Noir qui me rappelle toujours mes débuts avec eux. Pornographie pour la suite, avant de retourner au présent pour le dernier tube Karma et Nicotine. La discographie termine son tour complet avec Le Poids des Mots. Les Enfers ensuite, avant que Thomas nous annonce A Chaque Seconde. Suivie de Pas Assez Loin, elles feront trembler le sol et la scène. Charlotte s’approche, sa basse à deux doigts de mes yeux. Je me relève par moment pour profiter de la folie qui mène la salle. Les coups d’œil de Thomas et ses mots rien que pour moi. Casser/Détruire et Uniformes suivent, puis question de Thomas quant au prochain morceau. Les groupies du premier rang qui demandent des bisous, remarque cinglante de Thomas et cris du public en guise de réponse. "Si" n’existe pas toujours aussi poignante en live, et La Réponse qui nous achève tous. La sueur qui perle sur leurs fronts. La pause qui amène un peu d’air.

L’envie et les forces qui reviennent vite, c’est avec Ténèbres que l’on retrouve le rythme. La mythique et tant attendue Superstar achève les anciens morceaux avec une puissance saisissante. 312 derrière, et Triskaidekaphobie en clôture de la soirée. Les baguettes d’Etienne volent dans les airs et la main de Charlotte me tend une setlist froissée accompagnée d’un sourire. Encore un ou deux longs regards posés sur nous et la scène se vide.

Retrouver les deux petits bouts et le papa et ses airs de famille avec Ben, impressions sur la soirée et avis sur les groupes. Un tour au bar, la bière qui coule dans la gorge, trop vite peut-être ou pas assez. Rejoindre le stand d’Aurélien, les mots un peu plus faciles, les rires pour tout et rien et l’air frais de l’extérieur sur mes joues rosies.

Les attendre longtemps, à s’en faire virer de la salle. Ils ne sortiront pas, cette fois, concours de boisson oblige. Tant pis pour le pari vidéo, mais c’est avec le sourire aux lèvres et le corps meurtri que j’essaie doucement de retrouver la réalité.


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jeudi 8 mai 2008

"SOME PEOPLE GO INTO THE STRATOSPHERE..."


C’était il y a un mois et elle était là pour deux jours.

Il y a eu le plat de pâtes et les litres de Coca Light, son sac Sncf plein à craquer et les films sur son pc, la chauffeuse et sa chrysalide, le café et le quatre quart au chocolat. Il y a eu les kebabs habituels et le Polygone, les cafés et Armistead Maupin, les gens chiants et ses deux Stéphanie écrits en noir. Il y a eu la Fnac et le joli garçon, le café-de-Gaël-sans-Gaël et le Rockstore, et Celsius et EZ3kiel.

Ouais, il y a eu EZ3kiel.

Il y a eu le monde devant la billetterie à 20h, tous décidés au dernier moment de ne pas vouloir rater ça, et ma place à 5€. Il y a eu les quelques dizaines de personnes à l’intérieur et les premiers rangs clairsemés dans lesquels on se glisse. Il y a eu Celsius et le mélange de System of a down et RATM. Il y a eu le chanteur qui occupe toute la scène sans s’arrêter une seconde et les chansons plus ou moins engagées.

Il y a eu nous au premier rang tout contre la scène et le Rockstore bouillant. Il y a eu le très mignon ingénieur du son et les grésillements du commencement. Il y a eu les acclamations du public et eux quatre sur la scène. Il y a eu Yann le bassiste juste à côté de nous et son doux sourire collé aux lèvres. Il y a eu Joan et ses claviers tout à gauche. Il y a eu les deux batteries au milieu de la scène et Matthieu caché derrière l’une d’elle. Il y a eu Stéphane derrière l’autre par moment, et ses drôles de claviers en face de moi. Il y a eu les vidéos projetées au fond de la scène et les lueurs stupéfaites au fond de nos yeux. Il y a eu les lumières magiques et les doigts de Yann sur l’archet. Il y a eu la complicité et le jeu hallucinant des batteurs. Il y a eu le ballon géant lancé dans le public et les notes à chaque main posée sur lui. Il y a eu nos sourires et les leurs, nos mains et nos pieds frappant de toutes leurs forces, et le Rockstore entier n'hurlant que pour eux.


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samedi 22 mars 2008

"MY MIND WAS CLOSE TO GET HIGH SO FAR AWAY..."


Passer entre le Tour Bus aux vitres teintées et le Rockstore désert près d’une heure en avance. Continuer jusqu’à la gare, revenir avec un paquet de clopes et le dernier Elegy. Dix minutes plus tard, la petite troupe des Girls in Hawaii à quelques mètres de moi. Regards en biais, ne pas oser les affronter ici. Leur départ pour leur pause repas, m’adosser contre le mur près des barrières. Attente qui s’accompagnera d’une Ingrid et d’un Xavier au fil des minutes.

[...]

Première à rentrer, une fois de plus la salle vide qui s’offre à moi, impression enivrante. Nos affaires sur la scène. Le Rockstore trop peu rempli à l’arrivée de Flexa Lyndo. De vives lumières vertes venant de l’écran du fond, d’autres bleutées plus douces vers la miss aux claviers. Musique entraînante, morceaux plus que sympas, chant très agréable.

[...]

Les stars de la soirée qui s’occupent elles-mêmes de l’installation. Le décor particulier qui se met en place. Le tapis sombre. Les écrans de télévision d’un autre siècle. Les lampes aux abats jours poussiéreux. Le vieux téléphone gris fixé au pied de micro.

[...]

La brume artificielle qui les enveloppe, atmosphère irréelle. Setlist partagée entre les deux albums. L’absence d’Organeum et la déception. Les moments très "rock" alternés avec des passages intimes, Antoine et Lionel seuls sur scène. La version changée de Bees & Butterflies. La puissance de Road to Luna au bout de quelques morceaux. Time to Forgive The Winter juste après, les paroles que je chante du bout des lèvres. Leur surprise quant à l’ambiance. Le micro et la lampe qui m’évitent de quelques centimètres après les gestes emportés d’Antoine. Found in the Ground un peu plus tard, frissons. Premier rappel lancé sur Bored, mon coup de cœur de ce second. Leurs échanges de regards, de sourires. Short Song For a Short Mind qui sonne le deuxième rappel, amputé de 9 AM. Les nombreuses phrases qu’Antoine nous adresse. Mes yeux qui pétillent tendrement.

[...]

Des setlists que je récupère, une pour moi, une pour lui. L’attente encore avec mes deux compagnons du soir. Le boîtier que je sors de mon sac. Un autographe depuis la scène, un autre au merchandising, sous leurs airs étonnés. Trois autres glanés à l’extérieur, et toujours leur étonnement devant le DVD. Un seul qui manque encore. Récupérer une petit affiche au merch’ déserté. Hésitations, et finalement monter ces marches cultissimes. Les loges tout là-haut, peuplées de monde. Nos airs embarrassés mais excités. Le dernier petit mot tracé au marqueur noir. Les photos entre eux deux. Et puis ce qu’on n’attendait pas. L’anniversaire d’Antoine. Le gâteau. Nos Joyeux Anniversaire en chœur. Les rires de ceux qui lui sont proches. Les cadeaux. La surprise belge. Les photos souvenirs. Nos sourires étonnés. Les petits biscuits au chocolat. Le profond fauteuil brun. Et l’heure qui avance et le sentiment déplacé qui grandit. De doux aux revoirs à regrets. Descendre les marches et regagner les rues et le tram’, l’excitation présente dans nos voix et nos yeux.


This Farm / Bees & Butterflies / Suns of The Sons / Fields Of Gold / The Fog / Road to Luna / Time to Forgive The Winter / CORAL / Couples On TV / Colors / Found in The Ground / Birthday Call / Flavor // Bored / Casper / Grashopper // 9 AM / Short Song For a Short Mind / Taxman / Plan Your Escape.


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mardi 18 mars 2008

"TO HAVE HIS ARMS AROUND ME, TO SENSE HIS PERFECT TRUST..."


Le réveil qui sonne à 4h30, le rituel douche café, le tram désert, la ville endormie, les rues humides, et le train qui me mène vers Paris et ce qui deviendra le meilleur concert de ma vie. Pauline à l’arrivée, un rapide petit déjeuner, nos pas dans les rues parisiennes, et la silhouette du Palais Omnisport. Les quelques dizaines de personnes déjà là, une tente dressée, et une file aux allures Indochinoises loin de vraiment me plaire. Le vent puissant, Guillaume, les croissants, les gouttes de pluie, Depeche Mode, la pause déjeuner, Raphaël, et le charmant journaliste du Petit Journal. La fin de l’après-midi, la précieuse place serrée au creux de la main, les portes que l’on dépasse, et la course vers la scène. Le deuxième rang côté droit nous accueille, nos mains ne lâcheront plus les barrières.

Les caméras de tous côtés, l’overdose d’Interpol en musique d’attente, la salle qui se remplit lentement, et Jason qu’on aperçoit derrière la scène. 65daysofstatic en ouverture de la soirée, le fabuleux batteur, les doigts du bassiste sur ses cordes qui captivent mon regard, la fougue du guitariste de gauche, j’apprécie et je profite encore plus que la semaine précédente... A revoir, rien que pour eux seuls.

La pression qui monte, le cœur qui bat, mon sourire en face de notre Monsieur Dragibus, et les yeux qui balayent une dernière fois l’immense salle, avant qu’elle ne plonge dans l’obscurité.

Les lumières bleutées, les écrans scintillants, les notes de Plainsong, le cœur qui s’envole dans un rêve et les yeux qui picotent. JasonPorlSimonetRobert, la voix qui s’élève du milieu de la scène, et les larmes le long de mes joues. Prayers for Rain et sa pluie de 13 secondes qui suivent et m’envahissent encore d’émotion. A Strange Day, la foule qui se presse. Alt.end, la chaleur qui monte. The Walk, l’énergie qu’ils envoient de la scène. The End of the World, la folie qui grandit. Lovesong, le premier rang qui s’offre à moi. To Wish Impossible Things, la magie qui miroite. Les voix qui s’élèvent un peu plus fort sur la pétillante Pictures of You. Ma chère Lullaby qui me fait frissonner. Réaliser, ou pas. From the Edge of the Deep Green Sea et mes yeux et mes oreilles qui ne veulent rien rater. Les petites notes piquantes de Kyoto Song qui nous mènent jusqu’à la nouvelle Please Project. La puissance live de Push en coup de cœur. How Beautiful You Are..., Friday I'm In Love, In between Days, et Just Like Heaven qui se succèdent sous nos voix, nos sourires et nos bras levés. Primary qui annonce la suivante. A Boy I Never Knew, les mots qui me noient une deuxième fois sous les larmes. Shake Dog Shake, l’humidité de mes joues qui s’assèche en cadence avec mon corps. Never Enough et Wrong Number, la communion et l’énergie de la scène et de la foule qui subsistent encore et encore. One Hundred Years et sa basse qui résonne dans mon corps tout entier. Disintegration et mon corps qui vibre au rythme des doigts de Simon et qui plane sur la douceur de la voix du Maître Smith.

Eux qui nous abandonnent quelques secondes ou peut-être quelques minutes, la musique qui n’a pas quitté mon corps et l’envie d’encore trop présente.

Premier rappel qui se lance sur At Night. M et le rouge sang sur les écrans. Play For Today qui sonne différemment mais qui ne manque pas de nous emporter. A Forest qui s’éternise sous les comptes méticuleux de Simon et Robert qui ne le lâche pas des yeux. One Two Three Four...

Le deuxième rappel qui suit de près, The Lovecats et le plaisir que je prends encore une fois. Le sourire jusqu’aux oreilles qui reste pour Let's Go to Bed et l’envie d’aller danser sur scène. Freak Show en nouvel aperçu. Close to Me et Why Can't I Be You? et toujours ses yeux pétillants et sa façon de nous regarder, son air d’enfant paumé qui se promène sur la scène et la tendresse mêlée à l’admiration qu’il m’inspire.

L’odeur de fin du dernier rappel qui sonne comme un retour en arrière. Three Imaginary Boys et les allures punks de Fire in Cairo. Boys Don't Cry comme hymne légendaire qui se déroule sur l’écran de mon appareil photo. Jumping Someone Else's Train entêtant et Grinding Halt avant 10:15 Saturday Night et ses coups de batterie. Les dernières minutes qui approchent, je ne veux pas les quitter, non, pas là, pas encore. Et pourtant c’est la tremblante Killing an Arab qui les voit s’écouler.

Et puis les quelques mots de Robert, la scène qu’ils ne désertent pas vraiment, l’espoir palpable et l’inespéré ou presque.

Un quatrième rappel. Un cadeau aux fans, un trésor d’émotion. Faith. C’est avec elle que tout finit. C’est avec elle que le rêve se termine. C’est avec elle que mes dernières larmes ne se retiennent plus. C’est avec elle que mes yeux restent figés vers eux. C’est avec elle que mon cœur vacille une dernière fois. C’est avec elle que 17000 vibrent à l’unisson dans le rêve ultime. C’est avec elle que se concluent 3h30 phénoménales. C’est avec elle que s'éteint Bercy.
C’est avec elle que je leur dis au revoir.

[...]

Après ça, le t-shirt, la fontaine, Oli, le métro avec eux deux, les galères, le Next, le tampon sur le poignet, le sous-sol, les toilettes, les fans vêtus de noir, L’Aventurier, Joy Division, les Pixies et bien d’autres bonheurs pour les oreilles, quelques photos, le corps qui bouge sur la musique, l’envie de rester, deux aux revoirs, Raph’, la bière, les pauses clopes à l’air frais, le projet Londonien, un badge, des rires et des connaissances, sa tête sur mes jambes et mes yeux qui papillonnent, la nuit qui se termine, les rues parisiennes qui nous accueillent, la recherche d’un café, le métro, la gare de Lyon, un petit déjeuner plus que bienvenu, nos regards un peu perdus, nos souvenirs, et le train à prendre, retour à la maison. Tout ça et une seule chose en tête, le concert de la veille, le meilleur, meilleur de ma vie.


Plainsong / Prayers for rain / Strange day / alt.end / The Walk / The end of the world / Lovesong / To wish impossible things / Pictures of you / Lullaby / From the edge of the deep green sea / Kyoto song / Please project / Push / How beautiful you are... / Friday I'm in love / In between days / Just like heaven / Primary / A boy I never knew / Shake dog shake / Never enough / Wrong number / One hundred years / Disintegration // At night / M / Play for today / A forest // The lovecats / Let's go to bed / Freak show / Close to me / Why can't I be you? // Three imaginary boys / Fire in Cairo / Boys don't cry / Jumping someone else's train / Grinding halt / 10:15 Saturday night / Killing an Arab // Faith.


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jeudi 13 mars 2008

"I'VE BEEN LOOKING SO LONG AT THESE PICTURES OF YOU..."


Mardi 4 mars, 11h36, le train qui entre en gare de Marseille. Elles deux au bout du quai.

Les marches, les mêmes rues que quelques jours avant, le Monop’, Dragibus et Nutella comme provisions essentielles. Le Virgin, sa place réservée au tout dernier moment et sa dédicace de Diam’s, le métro, les galets sur les murs, St Just, le vent à la sortie et le Dôme à notre gauche. La dizaine de personnes éparpillée, nos interrogations, et Yann et Coco en file du milieu.

Et puis le reste : les discussions sex toys, le café, le Bob l’Eponge Stef, nous en groupies de Raph et d’Oli, les sous-entendus, les Dragibus par dizaines, la distribution de cookies, la rencontre avec les Curistes, le vent froid, les câlins, les deux mecs de derrière, la blonde de la sécu et ses gants, les portes qui s’ouvrent, les kilomètres à parcourir en courant, la petite marche qui attrape mon pied, et ma main droite sur la barrière.

Après ça, 65 days of static, des cheveux blonds, des musiciens hallucinants, une excellente introduction de soirée, la meilleure depuis longtemps, et le mec du staff, son pass autour du cou, et nos tentatives d’échange. La place devant moi qui se libère, mes bras installés sur la barrière, le premier rang à côté d’eux.

Et puis les Cure. Et mes larmes.

RobertSimonPorlJason en face de moi. Pour de vrai. Et la musique qui transporte, et la voix qui donne des frissons.

The Cure The Cure The Cure The Cure The Cure The Cure The Cure. Bordel.

Ce sont les yeux de Simon dans les miens tout au long du concert. C’est Bobby et son regard mélancolique cerclé de noir. Ce sont les allures Billy Corgan-iesques de Porl. C’est l’exquise assurance de Jason derrière. Ce sont les sourires timides entre les lèvres écarlates. Ce sont les gracieuses guitares de Porl. C’est la basse qui résonne au fond de l’estomac. C’est la main qui tente de recoiffer le mélange hirsute. C’est l’énergie captivante de Simon. Ce sont les lumières colorées dans les yeux. Ce sont les écrans verticaux du fond. Ce sont les 38 titres magiques qui s'égrènent pendant plus de trois heures, de Plainsong à Killing an Arab.

Ce sont les heures passées dans ma chambre à les écouter. Ce sont des images de mes 16 ans. Ce sont des années de rêve.

C’est la douce descente sous les lumières vives. Quelques derniers câlins et des avis échangés. Nos sourires et les yeux qui brillent. Et le cœur qui bat fort et qui n’oubliera pas.


Plainsong / Prayers for rain / alt.end / The walk / The end of the world / Lovesong / Pictures of you / Lullaby / From the edge of the deep green sea / Kyoto song / The blood / Please project / Push / Friday I'm in love / In between days / Just like heaven / Primary / A boy I never knew / Shake dog shake / Never enough / Wrong number / One hundred years / Disintegration / At night / M / Play for today / A forest // The lovecats / Let's go to bed / Freakshow / Close to me / Why can't I be you? // Boys don't cry / 10:15 Saturday night / Killing an arab.


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mardi 26 février 2008

"LA VIE EST COURTE, LES DELICES DU BONHEUR SUBSTANTIELS..."


Marseille avec elle, c’est l’attendre au bout de son quai, c’est sortir chercher des clopes, c’est voler des affiches, c’est trouver un café "normal" vraiment normal, c’est voir une interview télé en direct, et c’est se cacher en haut des escaliers pour entendre quelque chose. Marseille avec elle, c’est chercher la Canebière, c’est le rap marseillais sorti de sa bouche, c’est la boutique de l’OM, c’est le gel coiffant, ce sont les sweats étoilés achetés en gros, c’est manger une pizza couscous, c’est la tentation de partir en courant, c’est le magasin de fashion tecktonik et son legging, c’est le thé à la menthe et les pâtisseries au miel le miel aux pâtisseries. Marseille avec elle, c’est tourner dans Belsunce, c’est suivre les gens "normaux" vraiment normaux, c’est la dame en rouge, c’est le Polygone version Marseille, c’est la Fnac normale à notre façon cette fois, et c’est le Vieux Port. Marseille avec elle, ce sont les Free Hugs, ce sont les pancartes colorées, c’est le coyote qui danse sur Seven Nation Army, c’est le squatt avec les câlineurs, c’est la rue des cafés, ce sont les rideaux rouges, ce sont les canapés oranges, et c’est le totem portable & co. Marseille avec elle, c’est chercher un cybercafé, c’est longer la grande rue pleine de lycéens, c’est le monocycliste et son copain, c’est le cybercafé juste à côté, ce sont les 15 minutes à 1€, c’est Daffy et ses potes, ce sont ces cinquante cafés à l’heure, et c’est le programme de la soirée qui se complète. Marseille avec elle, c’est le Mac Do hyper cher, c’est finir au Quick pour le dessert, ce sont les beignets au caramel et à la fraise, c’est le métro, c’est le groupe de punk et Siiiiiiiiiiid, c’est trouver l’Intermédiaire en deux secondes sans se perdre, ce sont les affiches sur les vitres, c’est le bar coloré et la toute petite scène. Marseille avec elle, c’est nos bières fraise et cerise, c’est la musique chiante, c’est surveiller l’entrée, c’est notre attitude de groupie, ce sont les heures qui défilent, c’est Fritz The Cat au-dessus de la porte des toilettes, ce sont les milliers d’autocollants dans ces mêmes toilettes, et c’est les croiser plusieurs fois sans rien oser. Marseille avec elle, c’est la découverte de Kami, c’est le chanteur aux gestes épileptiques, c’est le guitariste qui sort son archer, c’est attendre encore et toujours Hopper, c’est le bar bondé et ne plus rien y voir, c’est faire la gueule parce que MERDE, c’est la pause et notre squatt tout devant la scène, ce sont les autocollants ramassés, ce sont les photos et les vidéos, c’est chanter et sourire, c’est le jeu de Jean et l’allure timide de Marc. Marseille avec elle, c’est récupérer les affiches, ce sont eux qui nous reconnaissent, c’est la tradition des dédicaces dessinées, c’est mon nouveau badge, c’est Jean qui se rappelle du Steph/Stef, c’est le cd de Kami offert, ce sont les aux-revoirs à regret, c’est la nuit noire et les rues désertes descendues à toute allure. Marseille avec elle, c’est rejoindre le Vieux Port à 3h du mat’, ce sont les gens louches partout, c’est rencontrer un Samuel bourré et déprimé, c’est le trip du mec-pas-mal, c’est le lâcher en courant, c’est rentrer dans un hôtel, c’est chercher le Troley, c’est tester la plupart des bars de la rue, c’est squatter dans le dernier désert, c’est l’Américain à 4h et mon COCA, c’est la normalité de Marseille, c’est elle qui somnole et les filles à côté avec leurs shots roses, ce sont les toilettes dans le noir, et c’est le matin qui arrive. Marseille avec elle, c’est regagner le métro à 5h30, c’est trouver un café ouvert, c’est se faire surprendre par Daffy & co, ce sont les tonnes de croissants, c’est l’agression et les verres qui volent, ce sont les caricatures de métalleux à coups de carte Monoprix, c’est le froid de février, et c’est la station de métro à la déco de galets. Marseille avec elle c’est une matinée entière à la gare, c’est le Mc Café et les carottes, c’est m’endormir et rouvrir un œil sur Jean, c’est retrouver Hopper par surprise, c’est Marc qui essaie de dormir, ce sont les cds offerts par Aurélia et Dorothée, c’est Jean et son ukulélé, c’est l’improvisation avec Steph sur les paniers à frites, et c’est leur départ pour Paris. Marseille avec elle, c’est la dernière pause clope, ce sont les dernières photos, c’est chercher désespérément une prise pour son portable, c’est la chieuse des toilettes, c’est l’accompagner à son TER, et c’est la hâte de la semaine suivante. Marseille avec elle, c’est la normalité qui nous poursuit et c’est notre invincibilité. Marseille avec elle, c’est juste nous et le reste du monde.


[ PHOTOS HOPPER ]

samedi 16 février 2008

"DESPITE ALL MY RAGE, I’M STILL JUST A RAT IN A CAGE"


Mercredi 6 février, gare de Lyon. Rapides retrouvailles avec Papaye en haut des escalators. M’éloigner de la gare à grand pas dans la nuit profonde. Les pelouses couvrantes de Bercy qui se profilent. Emotion souvenir. Images Indochinoises qui reviennent en mémoire. Les marches presque désertes. La douce agitation. La courte file tranquille. Un dernier muffin aux myrtilles. Quelques coups de téléphone, une dizaine de minutes, et mon compagnon de soirée qui se détache des arbres.

Billets passés électroniquement. Le merchandising florissant. Et la salle pratiquement vide devant nos yeux. 19h30.

Le côté droit pour une fois. La scène étrangement avancée. Bercy étonnamment dépeuplé. Le bois sur le sol. Les gens éparpillés. Discussions musicales. Concerts. Souvenirs. Envies.

Un peu plus de 20h. Les lumières qui baissent. Puggy pour commencer la soirée. Les yeux dans le vague et les pensées qui s’envolent. M’échapper pour passer le temps, sur fond musical lointain.

Lumière. Excitation. Noir.

Sur la pointe des pieds. Les yeux qui guettent le moindre mouvement. Et Billy Corgan sur scène. Le cœur qui chavire d’essayer d’y croire. Charisme impressionnant. Un être venu d’ailleurs. L’alien et ses compères en face de moi.

2h40 hors du temps. 27 chansons de montagnes russes. Voyage dans l’espace. Les baguettes de Jimmy qui résonnent jusque dans le ventre. L’intimité des acoustiques. La voix si caractéristique qui nous entoure. Les lumières colorées qui caressent la robe argentée, les costumes rouges et noirs. Les cordes en prolongement de ses mains. Les sonorités magiques.

Aucun relâchement. Ma bouche bée la plupart du temps. Hypnotisée. Emportée. Charmée.

Le plus hallucinant. Le plus bluffant. Le plus captivant. Le plus impressionnant. 2h40 inoubliables. Uniques. Inexplicables.


Les Smashing Pumpkins. Un mot. Un seul. Qui revient sans cesse. ENORME.

[...]

Un bar face à Bercy. Ben’ en face de moi. A ma gauche, un Florian, un Benoît, et une jolie blonde aux lèvres rouge sang. A ma droite, un Drew à l’accent d’outre-manche, et sa jolie brune. Une tournée offerte. Leurs ‘Enchanté’. Des phrases qui font rire intérieurement. Des piercings communs. Des phrases qui mêlent anglais et français. Une situation décalée et inattendue.

Les derniers métros. Le trop chouette petit studio. Retrouvailles avec les affiches, photos, piles de bouquins, étagères de cds, rangées de dvds. Et Roxy.

Le reste des garçons qui nous rejoignent. Crêpes banane-Nutella pour accompagner le poker, et les vidéos clips plus ou moins connus.

Se glisser dans les draps bien tardivement. Entourée de Brian, Stefan, Billy et autres compagnons de nuit.

[...]

Deux jours plus tard, quitter l’appartement vide pour le Zénith. Une journée d’attente au milieu d’un public particulier. Faire la queue avec mon converti. Retrouver les têtes connues. Un passage au Mc Do et au retour, des mots qui font plaisir, et la déception de la veille qui s’envole. Les 15h30 tant attendue. Le groupe que nous formons sur la gauche. Raph’ et Ben’ qui nous rejoignent. Changement de plan, traverser la foule, rejoindre l’autre côté, les backstages. L’attente sur le trottoir, Pauline qui arrive, le faux Jared, les discussions, les fous rires, le temps qui passe. Passer enfin les grandes portes, grâce à eux. Nous retrouver le long du mur, et les minutes qui défilent, la soirée qui s’approche, et nous toujours dehors. Les 18h qui arrivent, du mouvement, les portes et les couloirs de l’arrière du Zénith, le vide intimidant de la fosse devant nous et les vigiles qui nous guident vers les gradins. Les yeux fixés sur la scène, petites silhouettes qui s’en détachent, From Yesterday qui nous accueille. Quelques marches à monter, eux tout près de moi. A Beautiful Lie qui suivra. Quelques mots de Jared, sa demande à propos de la chanson suivante, nos cris, plusieurs titres du S/T qui fusent, Oblivion qui sort du lot. Rires sur notre accent, et puis les premières notes en acoustique. Souvenir de l’Elysée Montmartre, et d’un coup sans trop croire, le son lourd et nos cris de joie. Tomo sur une chaise, sa jambe blessée tendue devant lui. Notre enthousiasme pour le guitariste prodige. Jared vexé sous sa capuche. Quelques secondes seulement, et la sécu qui nous pousse vers la sortie. Résister, profiter, traîner les pieds, gagner seconde par seconde les notes de la chanson inespérée. Et puis le noir, et l’extérieur du Zénith.

[...]

Les premiers rangs avec Papaye, sur la gauche de la scène. SOMA pendant 20 minutes qui agite quelques groupies de 14 ans, et puis l’électro de Full Duplex qui nous fait nous demander ce qu’on fait là.

Un rideau blanc devant la scène. La pression qui monte. Et O Fortuna qui remplit le Zénith et éclipse tout le reste. A Beautiful Lie dans l’ordre, un bout de Pressure, et Buddha en rappel pour un peu plus d’une heure de show martien. Pas de grosse surprise. Setlist écourtée, Capricorn, Oblivion et d’autres supprimées. L’excitation du concert plein le cœur et le corps, mais malgré tout une légère déception. Ne pas avoir ressenti la magie qu’ils peuvent transmettre. Impression de ne pas avoir vraiment vu "mes" Thirty ce soir.

[...]

Et puis le week-end parisien, Papaye, la Défense, le Toys’r’us, William et Marine, les bruschettas, le Starbucks, le cappuccino au caramel, le métro, Raph’, la Fnac Digitale, Norky, les Mac, les câlins, le Mc Do, les photos, le Pizza Hut, le serveur pas douée, les erreurs de commande, les oublis, la grande pizza partagée, les fous rires, la fraîcheur de la nuit, les affiches décollées, la photo de Nanie-versaire, le premier appel, sa surprise vécue en direct, les heures de sommeil réparatrices, les premiers au revoir, nos retards à tous, Raph’, Pauline, la billetterie automatique, mon retour, les réducs, de nouveau un Starbucks, et Norky le petit dernier, la toute petite table, les yeux dans les yeux, mon wristband à son poignet, le labello rose, la soirée qui file, le dernier voyage en métro, la Gare de Lyon, les derniers aux revoirs sur le quai, ma tête contre la vitre et les yeux fermés sur leurs visages. Souvenirs en forme de sourires.


The Smashing Pumpkins : Porcelina of the vast oceans / Behold! The nightmare / Brind the light / Tonight, tonight / Mayonaise / Try, try, try / Superchrist / (Come on) Let's go! / Stellar / Perfect / Lily / The rose march / Today / Tarantula / Stand inside your love / Ava adore / Drown / Bullet with butterfly wings / 1979 / That's the way (my love is) / My blue heaven / The everlasting gaze / Cash car star / Daydream / Wound / United States // Don't mind / Cherub rock.

30 Seconds to mars : Attack / A beautiful lie / The kill / Was it a dream / The fantasy / Savior / From yesterday / The story / R_Evolve / Under pressure / A modern myth / Battle of one / Hunter // Buddha for mary.


[ PHOTOS SMASHING PUMPKINS ]

[ PHOTOS 30STM ]