mardi 31 mars 2009

"JUST A TINY POINT LOST IN THE UNIVERSE."


Réveil ni trop tôt ni trop tard le lendemain. Juste de quoi enfiler collants et short, et arriver à l’heure en bas pour le petit déjeuner. Le choix immense, remplir le plateau de céréales, lait, pain, beurre et confitures, yaourt et de l’indispensable bol de café, avant de chercher deux places entre les tables bondées. Pause clope sous un rare soleil éclatant, remonter en vitesse pour profiter au maximum du beau temps. Photos souvenirs de la vue, préparation et maquillage express, et les délires qui naissent au creux des draps, de l’empereur romain aux vagues interrompues par surprise, en passant par une bouteille de rhum.

Recherche désespérée d’un paquet de clopes pour elle, poulets rôtis et livres sur la sexualité croisés au passage. S’aventurer ensuite dans le cimetière du Père Lachaise, prévoir nos indispensables et dégainer Shannon à chaque pas. Se laisser porter par les allées et les envies, regretter le plan à 2€ zappé à l’entrée, manquer nos obligés et jouer entre les ombres et les branches. Dernières photos, un pola pour elle capturé entre les tombes, et sortir par le grand porche.

Une brasserie à côté, le visage de Jim Morrison en de nombreux exemplaires, son souvenir exposé à foison comme une publicité, impression gênante qui nait de l’ensemble. Un croque-monsieur frites coca pour chacune, de la mayo qui semble faite maison, et le métro de nouveau vers les bords de scène. Un marché à la sortie, des animaux en tout genre sur les étals, lapins chinchillas hamsters coq et oiseaux par dizaines, et même un échappé de sa cage.

Les photos de touristes au bord de l’eau, sa vision éphémère au moment de traverser la route, et un petit café en face du théâtre du Châtelet. Les habituels expressos et verres d’eau sur la table, des percussions brésiliennes et une manif en fond sonore, mes jambes aux collants troués au milieu du passage, Karima un peu perdue qui nous rejoint, et un certain Ramzi qui passe à 30 centimètres de moi, coup de genou à Steph compris.

Une soudaine envie de glace sous ce soleil estival, passer devant Notre Dame en slalomant entre les touristes, et finalement se laisser tenter par les pâtisseries dans une vitrine. Dernières errances parisiennes, dernières photos du ciel bleu au-dessus des immeubles, et dernier trajet en métro. Et comme toujours, fin du week-end dans cette même gare, son train en premier et le mien qui suit un peu plus tard.

"SOMEWHERE IN MY HEAD THERE IS A LITTLE CRACK..."


Partir deux jours à Paris en talons, c’était pas forcément la meilleure idée du siècle, en fait. Entre les rues qui s’allongent, les montées interminables, et les escaliers souterrains à n’en plus finir, mes pas n’ont cessé de résonner.

Monter à Paris pour 45 minutes de concert. Ouais, c’était ça le but, au départ. Et puis comme d’habitude, y’a eu un milliard de trucs à côté. Même si ces trois quarts d’heures resteront les plus intenses. Et encore, ça pourrait même se résumer à moins d’une dizaine de minutes.

Nuit très courte, pour changer, le réveil qui sonne vers les 5h, après un petit coup de flippe devant ma porte. Et puis le train attrapé de justesse avec mon petit déjeuner dans les mains, et Shannon accroché à l’épaule.

La Gare de Lyon pas vue depuis des mois, Geneviève de Fontenay et son chapeau croisés devant une boutique de chocolats, l’exposition sur le parvis et notre rendez-vous devant Grace Kelly. L’hôtel à deux pas et le minuscule ascenseur. La recherche d’un petit déjeuner, le retour devant la gare, leurs formules complètes bien vite regrettées et mon petit café.

Les photos au milieu de l’expo, leurs pauses mimées, une ballade vers Bastille, et le passage obligé dans la rue au nom étrange qu’il faudrait renommer, celle où se trouve la caverne d’Ali Baba de Bird on the Wire. Thomas derrière la caisse, qui me rappelle involontairement de penser au cd pour la prochaine fois. Les carnets aux couleurs pastels, les pendentifs tout mignons d’originalité, les appareils photos que je découvre comme une gosse de 5 ans, les bijoux à croquer, les quelques vêtements purement girly à côté de la toute petite cabine à rideaux, des autocollants, badges et porte-clefs à n’en plus finir, les livres aux photos colorées, et des tas d’autres trésors qui ne se dévoilent pas au premier coup d’œil. Et ces mêmes yeux qui ne savent pas où se poser et découvrent à chaque mouvement une nouvelle envie.

Un café dans le coin et nos To-do-list avant quelques gouttes de pluie. Le métro vers l’auberge de jeunesse pour s’alléger un peu. Le quartier qui manque de nous faire renoncer, une affiche immense pour La République des Meteors, et bien trop loin les portes de l’auberge. Un très charmant jeune homme à l’accueil, dont j’ai déjà oublié le nom, nos cartes et son sourire fondant. La visite du sous-sol, un gobelet de café chaud, les fauteuils confortables, les lumières colorées, un piano dans un coin, et une ambiance tellement décalée par rapport au lieu même.

La faim qui appelle, rapides courses à la supérette du coin, et notre pique-nique à la laverie, sous divers yeux étonnés. Quelques coups de téléphone, direction République, puis un rendez-vous strasbourgeois, à quelques pas du vendeur de colliers fleuris de popcorn. Discussions autour de cafés et d’un diabolo menthe, les concerts passés, et ceux futurs, et puis les souvenirs. Aux-revoir dans les couloirs du métro, direction Porte d’Orléans pour lui et Ménilmontant pour nous.

Et l’épreuve d’endurance. La montée interminable de la rue de Ménilmontant. Les rues et les kebabs qui défilent, et enfin, alors qu’on n’osait plus vraiment y croire, les portes de la Maro qui se profilent. 4 groupes pour la soirée, nos belges annoncés prévus en second, passage à 21h30. Nos sages jus de fruits sur la terrasse avant de gagner la salle avec un peu d’avance, Shannon compris. Nos bras accoudés sur la barrière là-haut, suivre le premier groupe qui termine, et balayer la salle du regard jusqu’à tomber sur son pull.

Les lumières qui se rallument, la salle qui se vide et nos fesses sur les marches, à l’angle de la scène. L’agitation entre les instruments, Vincent déjà guitare à la main, les câbles et les diverses bouteilles qui se mettent en place, et une setlist déposée à quelques pas, vers laquelle je me précipite. Et l’inespérée en quatrième position, ces 9 lettres qui font tout, ce titre promis qui pulse déjà dans nos veines. Alors gagner le bord de la scène. En essayant de s’y préparer.

Comment raconter la suite alors. Les premières notes à l’heure prévue. La sensation étrange devant ces notes et ces mots qui prennent soudainement vie. La voix de Vincent qui sort de son corps, sa bouche qui articule les paroles tant et tant écoutées et répétées, la mienne qui murmure doucement, osant à peine troubler la magie de l’instant. Shannon qui fête son baptême de concert, l’obturateur qui s’agite en rythme, les rafales qui se suivent, et les excellentes lumières que je bénis. Les bières qui décorent la scène, leurs pieds qui actionnent les pédales, la batterie rouge, ses yeux fermés.

Et puis Chemicals. Les frissons partout. Les lèvres qui peinent à remuer. Le sang qui tambourine dans les tempes. Les mains qui tremblent. Les larmes qui luttent pour ne pas glisser. Le cœur qui vacille. Voir Chemicals en live et mourir.

La suite qui se déroule comme dans un demi-rêve. L’esprit qui flotte on ne sait où et le corps qui se réveille. Les mains et les yeux qui retrouvent leurs réflexes derrière l’objectif, la voix qui s’éclaircit pour les derniers morceaux, les pieds qui frappent sur le sol en rythme. Et comme promis, au bout de quelques 45 minutes, les belges qui s’éloignent à travers la porte arrière. Et la setlist décollée du bout des doigts.

Que faire après ça. Que faire d’autre que regagner la terrasse et rester perdue les yeux dans le vague. Que faire d’autre que laisser le temps couler sans s’en apercevoir. Que faire d’autre que des allers-retours aux toilettes sans oser les déranger. Que faire d’autre que répondre un sourire hypocrite. Que faire d’autre que la suivre avec une pointe de regret, celui de ne pouvoir leurs adresser un merci à la hauteur des émotions vécues.

Alors descendre la rue de Ménilmontant, dépasser chaque resto fermé, chaque kebab peu rassurant et chaque brasserie bondée. De petites et étonnantes minutes plus tard, se retrouver devant les portes du fameux couscous à 7€, s’y entendre adresser un On ferme, et quelques mètres plus loin, tomber sur cette pancarte prônant le même mais gratuit. Pousser les portes sans trop y croire, commander un coca en attendant une table, et se voir libérer deux petites places devant la fenêtre. Ambiance on-ne-peut-plus décalée avec celle du début de la soirée. Totalement ce qu’il fallait après tout ça. Le son de la musique qui monte, les serveurs et habitués qui se mettent à danser, le gentil petit vieux qui vient nous confirmer la tournée en route, et finalement les plats immenses qui viennent se poser devant nous.

Un estomac plein et un fondant au chocolat plus tard, avec en bonus le polaroid souvenir de notre chouchou devant la pancarte culte, regagner le métro puis l’auberge à pas pressés, et s’endormir en retraçant à l’indélébile les nombreux souvenirs de la soirée.


In Time / My Fair Lady Audrey / Planes / Chemicals / Today / Trampoline / Ryunosuke.


[ photos ]

samedi 14 mars 2009

WILLIAM S. BURROUGHS, LES GARÇONS SAUVAGES.

« Un homme est un homme, mais qu’arrive-t-il lorsque l’émotion et l’âme ne laissent aucune trace sur un visage ?... eh bien il ne reste que le corps, avec ses besoins et ses désirs. »

« Tendresse infinie ironie infinie cloîtrées pour toujours derrière les yeux clos qui doivent savoir trop à force de solitude et combien est vide la sagesse même pour les sages. »

« Je me vois sillonnant le ciel comme une étoile quittant la terre pour toujours. Qu’est-ce qui me retient ? »

« Je possède mille visages et mille noms. Je ne suis personne et je suis tout le monde. Je suis moi je suis vous. Je suis là devant derrière j’entre et je sors. Je suis partout et nulle part. Je suis présent et je suis absent. »

« Certains de ces garçons ne parlent pas du tout. D’autres ont mis au point un système de cris et de mots et de chansons qui leur servent d’armes. Des mots qui coupent comme des scies circulaires. Des mots qui font virer les entrailles comme de la gélatine. Des mots étranges et froids qui retombent comme des filets de glace sur les esprits. »

vendredi 13 mars 2009

"YOU KNOW IT'S GETTING HARD TO FLY..."


Ca fait déjà plus de trois semaines, mais je suis autant motivée pour cette note qu’on l’était pour le concert.
A se demander ce qu’on faisait là, jusqu’aux toutes premières notes. Heureusement, le regard de chien battu de l’un, l’arrogance de l’autre, et leurs morceaux qui font mouche ont eu raison de nous.

Marseille, presque un an après. C’est qu’on commence à être des habituées de toutes ces villes. La gare St Charles, un passage express au Monop’, et une recherche infructueuse de fourchettes plus tard, je découvrais l’hôtel. Et notre chambre en plein centre-ville, à deux pas du vieux port, au même prix qu’un Formule 1 totalement excentré. On a même pu manger nos petites salades en compagnie d’Ariel Wizman, si ça c’est pas la classe...

Après, il a fallu se motiver, y aller presque à reculons. Et ça ne s’est pas arrangé à la découverte du public présent. Malgré ça, malgré les quelques chercheurs de tickets et malgré la forte tentation de refiler les nôtres, vers les 19h on était dans la salle, deuxième rang à droite. Et pour une des rares fois, le premier rang était majoritairement masculin.

Un peu après 20h, on a vu les Free Peace débarquer pour un set de près de 40 minutes. Pas emballée au départ par leur nom, je ne l’ai pas été plus en concert, mais ça restait largement supportable et écoutable.

Et puis 21h30, et Oasis. Et finalement, j’étais bien contente d’être là, de les revoir, de retrouver l’allure de Liam et la façon de jouer de Noel.

Près d’1h45 de tubes mythiques et d’airs entrainants, de chansons cultes et de morceaux efficaces. Leurs énormes spots surplombant la scène et les écrans géants du fond donnant une allure impressionnante à la scène. Les couleurs se répétant au gré des chansons, les multiples guitares de Noel, le tambourin de Liam et sa voix particulière, les autres musiciens un peu en retrait... Les mots rapides de l’un, l’autre qui ose un peu plus, à nous en faire rire parfois, avec la complicité de sa future-ex. Les quelques minutes chiantes de Wonderwall mais les frissons d’un Don’t Look Back in Anger acoustique.

On parle souvent d’Oasis. Du Oasis de scène. De celui qui s’en fout, balance ses morceaux sans rien de plus, ne bouge pas d’un pouce pendant une heure et demi et chante faux en bredouillant les paroles. Et pourtant, pour la deuxième fois, leur réputation n’a pas eu confirmation. Évidemment, tout n’est pas à 100% juste. Évidemment, ils ne sont pas du genre à nous offrir du grand spectacle. Évidemment, ils assument leurs personnages. Évidemment, ils gardent une certaine distance et une certaine froideur.

Mais bordel, ce soir-là, c’était quand même un putain de concert d’Oasis.

Au point d’attendre devant les grilles jusqu’à 2h du mat’. A abandonner devant le froid et l’espoir qui s’effiloche avec les minutes, mais à en gagner un médiator.


Intro : Fuckin' In The Bushes / Rock 'n' Roll Star / Lyla / The Shock Of The Lightning / Cigarettes & Alcohol / The Meaning Of Soul / To Be Where There's Life / Waiting For The Rapture / The Masterplan / Songbird / Slide Away / Morning Glory / Ain't Got Nothin' / The Importance Of Being Idle / I'm Outta Time / Wonderwall / Supersonic // Don't Look Back In Anger / Falling Down / Champagne Supernova / I Am The Walrus.


[ photos ]