lundi 7 mars 2011

"IL EST L'HEURE DE REJOINDRE L'ARMEE DES GUERRIERS DE L'OMBRE"


Le 7 juillet 2010, un mail et un départ précipité pour Nice. Le soir, Steph et moi on serrait les mains de Shurik'N et Akhenaton avant de voir IAM sur scène (et de croiser Def Bond backstage). Je ne pourrais décrire ce que ça m'a fait de shooter devant la crash barrière pour la première fois alors aujourd'hui c'est elle qui raconte.


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jeudi 20 janvier 2011

"I'M GOING WHERE THE COLD WIND BLOWS."


My Own Private Alaska, je ne connaissais que le nom et avais un bref a priori du genre « mec qui gueule pas mal », et puis ce 3 juillet j’ai eu envie de m’aventurer à l’Antirouille pour les découvrir sur scène, négligeant volontairement une pré-écoute sur le net. Alors je fus la première étonnée de finir le set les larmes aux yeux.

Ce sont les régionaux Morse qui ont lancé la soirée, avec pour mission de réveiller la salle un peu endormie depuis l’ouverture des portes une heure plus tôt. Au programme, cordes qui souffrent, micro qui hurle, lumières stroboscopiques et leader qui en fait des tonnes, se roulant par terre, montant sur les tables et les chaises, et bousculant le public. Pas le temps de se lasser, en 20 minutes c’était plié.

Les 3 toulousains de MOPA ont débarqué sur les coups de 23h au milieu de toiles suspendues à des chaînes, et ont introduit leur set par la présentation de la setlist, avant de rejoindre leurs places, assises. Micro et piano se font face, au milieu trône la batterie. Et ensuite, le choc, l’émotion.

Ne connaissant pas les morceaux, je serais dans l’incapacité la plus complète de décrire le concert titre par titre. Ce que je sais, c’est que l’absence d’instruments électriques était bien loin de créer un manque. La force des notes, des rythmes et du chant ont suffit à emporter tout le monde ailleurs. A eux trois, ils ont créé et amené une atmosphère, lourde et sensible à la fois. A fleur de peau. Leurs morceaux nous éclatant au visage pour ensuite s’insinuer dans chaque pore, laissant une étrange impression, celle d’être face à une âme mise à nue, hurlante et gémissante. Leur reprise de Where did you sleep last night de Nirvana m’a terrassé, et leur façon de revisiter le culte I gotta feeling des Black Eyed Peas m’a subjugué.

Une toute petite heure sur scène, mais en un mot, j’ai été BLUFFÉE.


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lundi 17 janvier 2011

"HEY YOU, BIG STAR, TELL ME WHEN IT'S OVER..."


Et l’épopée de ce week-end de juin n’est pas encore terminée, loin de là. Après avoir pris un des derniers métros avec AqME et posé nos têtes sur l’oreiller pour quelques petites heures, on a rejoint Steph en terrasse d’un café près de la Gare de l’Est. Un TGV, une fugace étape à Metz, et en début d’après-midi, on sautait sur le quai de la minuscule gare de Bettembourg, au Luxembourg. Forcément, comme on n’avait pas du tout prévu d’être là, on a galéré un bon moment à la recherche d’un endroit pour bouffer et surtout pour passer la nuit, ville déserte oblige, mais ça s’est bien terminé puisqu’on a trouvé moyen de se faire emmener jusqu’à un hôtel du coin. D’ailleurs, chambre ultra moderne tout confort, pour un tarif encore moins cher qu’un Formule 1 par chez nous, je dis bravo le Luxembourg. Bref, je vous passe les étapes ‘stop au milieu des champs’, ‘navette bondée jusqu’au site du festival’, et ‘pèlerinage dans les bois jusqu’à la véritable entrée’, on en arrive donc au moment intéressant, notre découverte du Rock a Field.

Une grande plaine entourée de quelques stands, et au fond, deux scènes côte à côte, sur lesquelles s’alternaient une bonne dizaine de groupes depuis le matin. Certains locaux étaient déjà passés à notre arrivée, mais on était dans les temps pour le premier qui nous intéressait, j’ai nommé, étonnamment : Ghinzu. (Je vois vos airs surpris.) Après une box de pâtes vite dévorées et un grand gobelet de Coca englouti comme si on mourait de soif, on était au rendez-vous à 16h, sous le soleil de plomb, bannière posée sur la barrière, premier rang côté Greg... et Mika. Quelques toutes petites minutes de retard, et ils sont arrivés, Jean et Antoine en t-shirt, les 3 anciens en veste de costard noire, tout comme aux Solidays. Et la suite n’a semblé durer qu’un quart de seconde. Je ne vais pas raconter la setlist de long en large (de toute façon la seule chose à savoir c’est qu’ils n’ont fait NI BLOW NI DRAGSTER WAVE BORDEL DE MERDE), ni l’effet que me procure chaque morceau, tout ça a déjà été dit et redit, et si c’est ça que tu veux savoir, tu peux retourner lire quelques anciens comptes-rendus, ou encore mieux fallait être là. Évidemment il y a aussi les petits détails qui font que chaque concert est différent, du genre que John a hésité plusieurs fois à descendre de scène et que Maman le suivait partout avec son atèle à la jambe, qu’on a été arrosé par les mecs de la sécu, que Greg a bien vite laissé tomber veste et chemise pour offrir son torse au soleil, que cette fois on n’était même pas les seules à connaître et chanter Chocolate Tube (et oui je sais qu’ils ont viré le « Tube » mais j’y tiens à cette version originelle), ou bien encore qu’on a un peu hurlé comme des groupies lorsque Mika est revenu signer quelques autographes à l’autre bout de la barrière. Mais le principal dans ce set de Ghinzu dans un coin paumé du Luxembourg, c’était cet arrière-goût de dernière fois. Les lunettes noires, le son d’orgue, le t-shirt Fuck, la batterie pailletée, les cheveux blonds, la chaise métallique, les guitares extatiques, les frissons et les fous rires, les mains qui frappent, les 3 bières sur le flight-case, ta langue et mon esprit, le flamant rose, le clavier couvert de scotch, les sourires et les regards, la façon d'attraper le micro, les « lalala », le déhanché, l’arrogance, mes cheveux dans les yeux, les petits sauts, les têtes connues affairées tout autour, l'ampli Orange, l’intro au piano, les places échangées, les pieds qui tapent, les chœurs, la mèche qui virevolte, la fierté, la manière de repousser le bas de la veste, le micro tendu vers nous, les Warriors en l’air, la désinvolture, la montée sur le clavier, ... Tout ça, c’était les derniers. Alors ouais, c’était presque ça : notre dernier concert de Ghinzu aura duré en tout et pour tout 45 minuscules minutes, soit quasiment un quart de seconde.

Bref, la suite. Gossip enchainait directement sur l’autre scène, mais la chaleur et la soif ont eu raison de nous, et c’est depuis la queue au stand de boissons qu’on a entendu les premiers morceaux. Même après avoir échangé quelques mots avec deux charmants garçons et récupéré nos Coca, on a fait le tour direction le merchandising, dans l’espoir d’y voir Emilie qui n’y était pas, et on a finalement succombé à l’appel de cette petite place à l’ombre qui nous attendait.

On a dû rester là un bon moment, puisque je me rappelle qu’au bout d’une heure de set à remuer gentiment et jeter un œil de temps en temps, Paramore a pris le relais sur la scène lointaine et qu’on n’a pas vraiment bougé jusqu’à ce que Caro et Steph entendent les premières notes de Kasabian, il devait déjà être plus de 18h30. Je ne suis pas très sûre mais à quelques détails près on a dû avoir le même set que 2 jours auparavant à Paris puisqu’EUX sont tout de même restés plus d’une heure sur scène. Le truc qui nous a bien marqué quand même c’est qu’en l’espace de même pas 48h, ils avaient changé de bassiste. Il s’est avéré par la suite que la femme de l'officiel avait accouché, explication logique au remplacement soudain, mais sur le coup on a échangé de drôles de regards. Comme aux Solidays, bon moment musical mais loin d’être impressionnant pour ma part.

Enfin à presque 20h est venu le moment de passage de Deftones. Un des noms sur l’affiche que j’attendais le plus, pour des tas de raisons diverses et variées, mais surtout parce que je les écoute depuis de longues années et n’avais encore jamais eu l’occasion de les voir sur scène. Et ça a été bien chouette. Pas aussi marquant que je l’aurais souhaité, entre autres parce qu’on était en festival et aussi parce qu’un peu seule dans mon trip je suis restée assez en retrait avec les filles, mais c’était tout drôle de les avoir enfin en face de moi, surtout Chino et sa chemise rose, oui oui. Après s’être amusées à échanger des lunettes de soleil, Caro et Steph m’ont finalement abandonné et j’ai hésité à rejoindre les premiers rangs. J’avais envie d’être un peu secouée mais ma peur des fans vaguement violents a gagné, alors qu’au final il m’a semblé n’y voir aucun pogo ni gros mouvement, tout juste quelques bras levés et gigotant. Au bout d’un moment des silhouettes « familières » sont apparues sur la droite de la scène, l’une d’entre elles arborant un petit monticule blond, c’était Jared, Tomo et Braxton (pour ceux qui n’auraient pas deviné) qui jouaient les fans. Entre les morceaux récents Chino & co ont joué My Own Summer, et l’ancienne ado en moi a failli avoir un orgasme à ce moment-là. Je suis retournée vers les filles un peu avant la fin du set, sans le savoir je m’étais cassée à temps puisqu’après on a vu sur les écrans une meuf se joindre au groupe, et c’était la chanteuse de Paramore.

On était donc en avance pour le set de 30 Seconds to Mars qui suivaient, mais les premiers rangs avaient été pris d’assaut bien plus tôt et on s’est retrouvées à quelques bons mètres, même en essayant de nous faufiler. Je ne sais pas si c’est à cause de ça, du fait d’être entourée de simples spectateurs et pas de fans, mais leur passage ne m’a pas soulevé comme il aurait dû. Ce n’était pas mon pire concert, mais on était loin de ce que j’avais pu ressentir à Lille, ou même à Bercy, c’est pour dire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de chanter, sauter et profiter, mais quasiment seule au milieu de gens complètement amorphes qui étaient là pour une raison inconnue et se retrouvaient à 2 doigts de se foutre de ma gueule à chaque fois, j’ai eu un peu de mal à me mettre dans l’ambiance. Pourtant côté scène tout était bon. Escape a dû commencer sans Jared (sans doute était-il en pleine conversation avec le Monsieur en rose) mais Night of the Hunter a rattrapé le truc en un tour de main. On les sentait tous ultra motivés alors qu’ils étaient en pleine tournée de festivals 100 fois plus énormes, la veste de Jared était trop classe et il n’arrêtait pas de courir et sauter partout comme d’habitude. La partie toute calme du set n’a même pas duré trop longtemps, juste L490 pour le plaisir de voir Shannon à la guitare et un gentillet From Yesterday, avant The Kill qui a commencé en acoustique pour continuer en full band électrique avec Jaja qui se jette dans le public, et hop l’arrivée surprise (ou presque pas puisque je m’en doutais) de Chino (qui avait changé de chemise). La pipelette en chef a une fois de plus bien mérité son titre en essayant de motiver les foules et en nous léchant un peu le cul avec ses trucs qui marchent à chaque fois, du genre d’avancer de 3 pas même si personne ne comprend jamais rien ou bien de faire un gros trou dans le sol en sautant jusqu’au ciel, mais oui mon petit. Mais la phrase de la soirée a quand même été son « Praise the Lord », je m’en souviendrai toute ma vie merci. J’ai juste oublié d’évoquer une silhouette dans un coin de la scène qui ressemblait étrangement à Antoine mais ça on n’en aura jamais confirmation, et Kings & Queens a fini le set en un énorme bordel sur scène avec des gens qui arrivaient en courant de partout, jouissif même quand tu n’es qu’observateur.

Dur dur de les voir quitter la scène mais j’ai bien eu le temps de redescendre. Eternal Tango avaient commencé sur l’autre scène sans nous donner envie d’aller les voir de plus près, alors on s’est posées dans un coin tout au fond près des buvettes pour finir nos tickets vouchers. Cela n’a pas suffi à Caro et Steph qui se sont lancées plus tard dans la quête aux gobelets pour gagner de nouvelles boissons, pendant que je jetais un œil à Prodigy qui avaient pris le relais, avec l’envie d’aller en profiter. Toute la journée je m’étais demandée, consternée face à ce public merdique, pour qui ils étaient venus, et petit à petit j’avais logiquement pensé qu’ils devaient tous attendre le gros de la soirée, Prodigy donc. Quelle erreur. La majorité de la foule était au moins aussi immobile qu’elle l’avait été tout au long de la journée devant n’importe quel groupe, et l’ambiance totalement à l’opposée de celle que j’avais pu voir à Musilac l’année précédente a suffit à me donner envie de me rasseoir dans l’herbe. On a fini la soirée avec nos 350 boissons gratuites et on s’est éclipsées avant même le set de Pendulum.

Je ne me rappelle tout juste comment on a regagné l’hôtel, navette jusqu’aux abords de la gare puis taxi qui ne coûtait quasiment rien (bravo le Luxembourg, épisode 2), et j’imagine qu’on n’a pas dû avoir trop de mal à s’endormir. Mais je me souviens parfaitement de ma première pensée au réveil, un « Oh y’a quoi comme concert ce soir ? ... Ah non c’est fini », mêlé de regret et de soulagement.


Ghinzu : Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take it Easy / Dragon / Do you read me? / The End of the World / Chocolate Tube / Mine.

30 Seconds to Mars : Escape / Night of the Hunter / Attack / Vox Populi / Search & Destroy / A Beautiful Lie / L490 / From Yesterday (acoustique) / The Kill (acoustique puis full band avec Chino) / Closer to the Edge / Kings & Queens.


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mercredi 24 novembre 2010

"LAISSE-MOI PASSER, EFFLEURER MES DOIGTS SUR TOI..."


Bon, il est grand temps que je raconte la suite.

La suite, c’est donc le 26 juin. Et le 26 juin, c’était le jour d’Indochine au Stade de France. L’évènement qu’on attendait depuis deux ans, pour lequel j’avais acheté mon billet près de 600 jours auparavant, qu’on avait hâte de vivre et qu’on appréhendait à la fois. Pourtant, je n’étais pas des plus emballée en y pensant, pas motivée du tout à faire la queue, et était plus excitée à l’idée de croiser toutes ces personnes pas vues depuis longtemps que par le concert en lui-même.

Après un petit déjeuner près du métro, on a laissé Steph, et Caro et moi sommes parties en direction de la Seine St Denis. Et là, paf, arrêt de métro loupé, épisode 2. Décidément. Et puis en sortant, au loin, le Stade de France, impressionnant pour une première fois. Entre les dizaines de porteurs de t-shirts autour de nous, et la bande-son qui sortait des enceintes, on était vite certains d’être au bon endroit. Premier arrêt à un stand de merchandising, le t-shirt de 7000 danses me faisait gravement de l’œil mais j’ai su résister, pendant que Caro craquait pour le Péril Jaune. On a retrouvé Morgane qui nous attendait, j’ai jeté un œil au gros bordel devant notre porte et celles alentour, complètement décourageants. Du coup on n’est pas restées bien longtemps en place et on est vite parties faire un tour à la recherche des visages connus. Et il n’a pas fallu attendre bien longtemps, puisque durant les heures suivantes je n’ai cessé de tomber par hasard sur ceux que je souhaitais voir. Ça aurait été moins drôle s’il n’y avait pas eu aussi ceux que j’avais moins envie de voir, mais on s’en est bien sorties et on a échappé au plus grand nombre, les dommages ont été réduit au minimum.

Au final j’ai fini par faire la queue au plus tôt 30 minutes avant l’ouverture annoncée des portes. Et encore, une fois là, impossible de rester en place. De toute façon, la file avançait tellement lentement que j’ai pu à loisir faire 2-3 petites escapades pour saluer de nouveaux arrivants et profiter un peu plus des placés en gradins. Et c’est après avoir passé la sécurité et le tourniquet, les pieds enfin posés sur les premières marches, le stade entier face à moi, que j’ai commencé à réaliser.

Une fois les paquets de Dragibus terminés et nos bouteilles d’eau à TROIS EUROS CINQUANTE englouties bien trop vite, le ciel encore ensoleillé a accueilli les Wampas. Et en 30 minutes, Didier a prouvé qu’il est effectivement le roi. Il n’y avait que lui pour se foutre de la gueule de Monsieur Sirkis : ça a commencé avec un gentil « Nicola ne veut pas que j’aille sur l’avancée ? Bon bah je vais sur l’avancée », et ça a continué avec l’annonce de « la chanson préférée de Nicola » enchainée sur un air connu... « Partenaire particulier cherche partenaire particulière... ». Le ton était donné et l’affection du public gagnée. En vrac, on a eu droit au rituel porté de chaise, alors que je ne pensais pas qu’il oserait ; à un fan tendant une pancarte « C’est mon annif » qui s’est fait invité sur scène et en a profité pour courir partout, donnant à Didier l’occasion de lancer un « Pas étonnant que les belges soient dans la merde » ; à une variante des paroles de Manu Chao donnant « Si j’avais le portefeuille de Nicola, je partirai en vacances, au moins au Canada » ; et à un Stade de France gagné par la bonne humeur. On a aussi vécu le jeté de guitare dans la fosse, par deux fois, et pas n’importe lesquelles. Qui dit Didier Wampas dit guitare Bob l’Eponge et guitare rose Hello Kitty, s’il vous plait. Sans oublier la descente devant les crash barrières pour offrir quelques bisous au premier rang juste après la fin du set.

Miss Kittin a enchainé peu de temps après, au bout de la longue avancée de scène, pour permettre les changements d’instruments avec un minimum de dérangement. Son set très planant était loin d’être mauvais mais il a eu le gros défaut de faire abondamment redescendre l’ambiance. De notre côté, après quelques coups d’œil aux écrans (permettant de confirmer qu’elle est vraiment très jolie), on a passé la majorité de cette seconde première partie assises, en profitant pour économiser nos jambes et notre énergie.

Et enfin. E-talking a embrasé le stade. Seuls ceux qui ont vécu la tournée précédente peuvent comprendre l’émotion qu’a fait ressurgir ce morceau de Soulwax. Seuls ceux qui ont frappé des mains en rythme peuvent imaginer les battements de mon cœur à cet instant là. Seuls ceux qui ne peuvent pas écouter cette Nite Version sans frissonner peuvent savoir pourquoi cela a suffit à nous mettre les larmes aux yeux. Et la magie de l’introduction ne s’est pas arrêtée là. Sur l’écran central, un énorme poing s’est mis à frapper. Encore et encore. Aux chocs lourds se sont vite mêlées les notes légères de l’inespérée Dancetaria, pendant que la jeune fille se désaltérait au robinet sur notre gauche. A l’opposé, la croix de Paradize s’est dessinée au son nostalgique de Venus. Quelques secondes plus tard, la petite fille aux collants rayés se multipliait sur un nouvel écran, joignant ses tambours aux milliers de voix passionnées des survivants de l’Alice & June Tour. Il ne manquait alors plus que la toute dernière, celles des sirènes et du cheval, qui a pris place sur le cinquième écran. Et pendant ce temps, face à cette rétrospective des dernières tournées, ces morceaux plein de nostalgie et ces vidéos rescapées, on s’imaginait tous un concert entier à l’image de cette introduction, un voyage dans le temps à travers les époques et les albums, et LE concert d’Indochine.

A la place, en dehors de quelques surprises pas si surprises que ça, on a eu un concert à peu près classique du Meteor Tour, transposé dans un cadre hors-norme. C’est vrai qu’on en attendait sans doute beaucoup, qu’on avait un peu trop rêvé. La déception s’est lue sur beaucoup de visages à la sortie du stade, et on retrouvait les mêmes mots sur de nombreuses lèvres.

Du Go Rimbaud Go pour commencer, du Drugstar et du Miss Paramount pour remonter un peu en arrière, du Little Dolls et du J’ai demandé à la lune pour les singles. Le classique 3ème sexe repris à l’unisson, nos doigts en l’air sur 3 Nuits Par Semaine, les milliers de points lumineux pendant La Lettre de Métal. Côté surprises, Atomic Sky, émouvante sous le ciel étoilé. Dimitri et Lou, armés d’un saxophone et d’une guitare, entourant Nicola pour un mémorable Tes Yeux Noirs. Ce long set acoustique tout au bout de l’avancée de scène principale, au beau milieu du Stade. Salômbo et Monte Cristo, pas jouées depuis longtemps. She Night, votée par le public, comme il fallait s’en douter. Une pluie de confettis sur Le Dernier Jour.

Mais ce sont surtout des petits détails tout bêtes qui me restent qui font la différence. Comme le moment où Oli est arrivé devant nous, avec son kilt et ses Doc Martens JP Gautier. La scène immense, les lumières de malades, les écrans géants, les avancées de scène colossales. Ma pancarte Warriors tendue à bout de bras. Les dizaines de milliers de personnes en me retournant. Les émotions partagées avec Caro, nos yeux embués aux mêmes moments. Le regard de Boris croisant le mien. La nuit tombant au-dessus de nous. Mes voisins un peu trop calmes. Les points de côté à force de sauter sans relâchement. L’hélicoptère tournoyant là-haut. Le clin d’œil d’Oli pendant Le Baiser. L’avancée vers la barrière libre où on ne voyait rien, et le retour rapide à notre place. Les visages connus sur les écrans, nos sauts de joie à la vue de certains. Les dirigeables gonflables jetés sur nous, sautant de mains en mains. Les paillettes dans mes yeux. Ce Putain de public arboré fièrement au-dessus de la scène. Et même ce moment de flottement après Le Dernier Jour, qui marquait la fin sans qu’on ne veuille y croire. Sans parler des dizaines de « Et Dutronc il est où ? » étonnés par l'absence du duo promis.

Alors ouais, au final, Indochine au Stade de France, ça n’aura pas été la soirée d’anthologie que j’attendais. Ca n’aura pas été le concert plus marquant de ma vie, ni mon plus beau moment avec Indochine. Malgré tout, je ne regrette en rien d’avoir pris part à l’aventure, et je suis fière d’avoir été là, en ce 26 juin 2010.

[Et en plus, après, j’ai eu droit à plein de câlins.]


Intro Indoshow / Go Rimbaud Go / Marilyn / Little Dolls / Playboy / Punker / Drugstar / Miss Paramount / Le Lac / J'ai Demandé à la Lune / Atomic Sky / 3ème Sexe / Tes Yeux Noirs (+ Lou & Dimitri) / Un Ange à ma Table / Alice & June / Popstitute / Club Meteor (You Spin Me Round + Canary Bay + Les Tzars + Des Fleurs pour Salinger + Adora + Mao Boy) // Le Baiser / 3 Nuits Par Semaine / Set acoustique (Le Grand Soir + Salômbo + Monte Cristo + Kao Bang + She Night + Electrastar) / La Lettre de Métal // L’Aventurier / Le Dernier Jour.


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mardi 20 juillet 2010

"GIVE ME THINGS THAT CAN CALM THIS DEPRESSION..."


Il y a 5 ans. La même photo, ou presque. John debout sur son clavier. Les Solidays, 5 ans après.

Le 25 juin au matin, pas beaucoup dormi après The Rodeo, départ pour Paris. Forcément mon train est arrivé en retard, on est même restés 10 min à l’arrêt à seulement 500 mètres de la gare. Heureusement j’ai quand même eu le temps de monter à Bastille, de passer chercher le carnet réservé à BOTW et de faire ma groupie avec mon album à dédicacer, avant de rejoindre les filles au café. Une semaine qu’on ne s’était pas vues, autant dire qu’on a bien papoté. Au bout d’un moment on a réussi à se motiver et on est parties vers Porte de St Ouen à la recherche de notre hôtel. Après avoir passé le périph ainsi qu’une bonne dizaine de pompes funèbres, et fait un peu de ravitaillement au Monoprix du coin, on a enfin posé nos bagages dans notre chambre. Mais ce n’est qu’une fois le poster de Michael Jackson collé au mur qu’on s’est vraiment senties chez nous et qu’on a pu pique-niquer en paix.

Enfin il a été temps de se bouger pour de vrai, et là a commencé le pèlerinage de festival. Métro tout d’abord, même qu’on a raté notre arrêt à force de trop parler et qu’on a dû se taper une correspondance de plus, et puis la marche habituelle sous le soleil de plomb, impossible d’y échapper à celle-là. Gros bordel une fois arrivées, une seule entrée pour les billets un jour et une file immense, on avait l’impression que ça n’avançait jamais. Malgré tout, 3 jours plus tard on a pu entrer, et le tout premier truc qu’on a fait a été de courir acheter à boire et nous poser à l’ombre au stand vert. De là et malgré la musique électro ambiante, on a entendu une partie du set de ce qui devait être Phoebe Killdeer & The Short Straws d’après le programme, et c’était mais pas du tout tentant. Nos Coca finis, on a commencé à visiter un peu les alentours, avant de nous avancer vers les distributeurs de billets, pris d’assaut. S’en est suivie une bonne heure d’attente, ponctuée du lointain set d’Olivia Ruiz et du spectacle un peu hystérique des fausses bonnes sœurs. Le temps d’y passer fièrement toutes les 3 et le set de N*E*R*D avait déjà commencé sur la scène principale. De loin la foule paraissait immense mais on a facilement pu s’infiltrer plus ou moins au milieu de la plaine, et avoir ainsi une vue générale tout en arrivant à reconnaître les visages. Excellente ambiance dans le public, tout le monde était chaud et de bonne humeur, les milliers de bras levés répondaient à l’unisson aux appels de Pharrell Williams, le batteur était juste impressionnant, et les deux nanas qui se trémoussaient comme des dingues de part et d’autre de la scène auraient foutu le sourire à n’importe qui. On est pourtant parties au bout de quelques morceaux seulement, voulant éviter la foule aux stands de bouffe. Et c’est avec nos sandwiches et nos frites qu’on s’est posées dans l’herbe sèche pour Archive. Chez eux, je n’ai jamais vraiment suivi les nombreux changements de line-up ni les diverses successions de chanteurs, mais ce soir-là, j’ai enfin pu mettre des visages sur les différentes voix des derniers albums, ça faisait tout bizarre. Mais je n’y peux rien, j’aime encore moins Maria Q en live qu’en studio, et You Make Me Feel m’a paru niaise au possible. A peine supportable, du genre Evanescence qui aurait débarqué là au milieu, les épouvantables effets de flammes colorées sur l’écran vidéo aidant sans doute. Heureusement la majorité du set était bon et bien choisi, majoritairement des morceaux des deux derniers albums forcément, mais aussi quelques plus anciens, ça faisait plaisir. Cependant le must aurait évidemment été des titres forts comme Again, Fuck U ou Lights, même si je ne les attendais pas vraiment. Bon en même temps tant mieux, ça aurait été con de mourir là alors qu’on avait d’autres trucs à voir après. On a eu droit à une grosse blague au pire moment, juste sur Finding it so Hard, l’ovni de 15 minutes : la coupure de courant. Ça a duré un bon moment, ils se sont tous cassés de scène et même le public a commencé à perdre patience et à s’étioler. Heureusement après une longue pause ils ont pu revenir et finir leur set, en débordant d’un petit quart d’heure, et j’étais juste heureuse d’entendre Bullets et Dangervisit. Après un tour aux toilettes (où il y avait du papier, c’est important de le souligner), on s’est dirigées Steph et moi vers Kasabian qui avaient déjà commencé, avec l’espoir de retrouver Caro au milieu de la foule, puisqu’elle nous avait abandonné un peu plus tôt. Sauf que cette fois bien trop de monde, impossible de tracer droit comme plus tôt, on a fait le tour par le côté gauche et au final on a atterri dans les premiers rangs. J’attendais leur set avec pas mal d’impatience, pas que je connaisse énormément à part les quelques singles, mais j’étais surtout très curieuse après tout ce que j’avais pu lire et entendre sur leurs prestations live. Et j’ai été plutôt déçue. Ouais c’était sympa, les morceaux sont assez entrainants, ça fait bien bouger le public, ils ont une bonne attitude sur scène, ils respirent le groupe anglais, tout ça tout ça, mais bon, c’était loin d’être exceptionnel. Une fois leur set fini on a récupéré Caro et on a commencé notre petit squatt d’une heure devant les barrières – côté Mika cette fois –, en attendant Ghinzu. Premièrement, déjà que chaque concert « classique » passait à chaque fois plus vite que le précédent, la setlist type festival là, c’était juste pas possible. Tout juste plus d’une heure, même pas de rappel, trop de morceaux qui manquaient. Enfin c’est là qu’on voit bien leur façon de jouer avec nous et de construire leur set. Pas le temps de nous faire voyager dans les montagnes russes comme à Forest par exemple, alors ils nous ont balancé le set qui monte, qui monte, qui monte, à en devenir sauvage. Ils étaient assez excités sur scène mais sont quand même restés bien pro et carrés, attention on était aux Solidays, ce n’est pas n’importe quoi. Enfin y’a juste John qui ne s’est pas gêné pour pousser Mika par l’épaule, c’était un truc infime à la con mais ça a fait notre soirée. Par contre c’était dur de voir Jean au loin, et on s’est senties un peu désœuvrées pendant les chœurs et en plus on ne voyait même pas le flamant rose, mais profiter de Mika et Greg ça faisait longtemps, et ça a vraiment fait du bien, aussi. Surtout lorsque leurs regards se sont bloqués quelques secondes sur nous, appelés par ma banderole fétiche. Étapes obligées, « La la la » sur Take It Easy, déhanchements sur Dragon, larmes sur The Dragster-Wave et cris hystériques dès l’intro de Chocolate Tube, tu en as l’habitude de tout ça. Et c’est drôle mais au milieu de ce dernier, une petite nana d’une trentaine d’année m’a demandé ce qu’était le morceau et a ensuite passé la moitié du temps à me regarder hurler d’un air amusé. J’y pense, pas de néons bleus en fond de scène, juste quelques-uns disposés ici et là, mais les lumières étaient carrément trop classes, même si on était trop sur le côté pour en profiter au mieux. John nous a encore parlé de cette histoire de dvd spécial pour lequel les filles et uniquement les filles devaient hurler de toutes leurs forces, et à la fin de Mine Jean lui a gueulé de monter sur son clavier, rapport au fait qu’ils ne jouaient pas Kill the Surfers où il en a l’habitude. Après, même pas l’occasion de voir Maman ni de tenter de récupérer une setlist, on s’est fait dégager en quatrième vitesse par les vigiles. On a tout juste eu le temps d’aller faire un coucou à Emilie qui les suppliait de la laisser vendre un dernier t-shirt, et d’apprendre une très très bonne nouvelle, et puis je leur ai silencieusement dit A dans deux jours en allant acheter un granité framboise. Pendant qu’on dégustait nos dernières boissons fraîches, on a aperçu Antoine rentrer backstage et je me demande quelle groupie a bien pu hurler son prénom à l’en faire se retourner vers nous, tout ce que je sais c’est qu’elle s’est cachée sous la table en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Le plus fatiguant finalement dans toute cette histoire, ça a été l’épisode retour à l’hôtel. Tu imagines bien qu’à plus de 3h du matin, il n’y avait plus aucun métro dans le coin. Notre toute première idée a été celle du co-voiturage mais elle n’a pas résisté longtemps, il aurait fallu s’y prendre bien avant. On a vaguement songé faire du stop mais on a préféré demandé ses tarifs à un taxi. Une quarantaine d’euros pour nous mener jusqu’à notre chez nous pour la nuit, non merci. Dernière option, on est montées à l’arrache dans la première navette qui passait, sans même savoir où elle nous emmenait, et on a longé Paris façon boîte de sardines, mais les gens à côté de nous étaient drôles. Une fois à Porte Maillot on a recommencé à galérer un peu, mais pas trop parce que comme d’habitude on a trop la classe et on s’en sort bien : quelques rues plus loin on est tombées sur le Noctilien qu’il nous fallait, et on est arrivées à l’hôtel au moment où le soleil se levait.


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