vendredi 31 juillet 2009

"THIS IS THE FIRST DAY OF MY LAST DAYS !"


Mardi 28 juillet, un peu plus de 10h, après un peu de stress dans la voiture, nous arrivons enfin devant les Arènes. Les barrières se mettent en place, le soleil ne tape pas encore trop fort, et nous sommes parmi les premiers. Notre petit campement se monte vite, dans l’espace de gauche. Réserve d’eau fraiche, parasol et bouquins sont de sortie, c’est parti pour une nouvelle journée d’attente, comme je n’en avais pas faite depuis un petit moment. La chaleur monte à mesure que les heures passent, les t-shirts noirs se comptent par dizaine, et les passages au Quick du coin se multiplient. Ca parle de musique, surtout, de groupes en commun, de concerts passés et de tournées à venir, de rencontres dans les files d’attente, de souvenirs partagés et d’anecdotes personnelles. Cath nous rejoint en fin d’après-midi et c’est peu avant l’ouverture des portes que mes attendus Yann et Coco saluent notre petit groupe.

Course dans les couloirs des arènes avant de frapper du pied le sol brûlant. A l’autre bout, ma place au premier rang m’attend et je ne tarde pas à la rejoindre. Hop, les mains sur la barrière, le micro tout près, et eux étalés à mes côtés. Le temps passe vite entre les discussions qui se poursuivent, les coucous à droite à gauche et les regards qui détaillent les gradins.

Alec Empire ouvre la soirée devant des Arènes à moitié vides mais c’est une première partie exceptionnelle qui nous est offerte. Pas le temps de laisser l’ambiance flotter, le son lourd est balancé sans plus attendre. Alec m’hypnotise par son assurance dosée d’arrogance et la puissance de sa performance, alors que Nic Endo me charme par son attitude froide et impassible derrière ses Ray Ban et ses lèvres rouge sang. Les morceaux martèlent mes tympans, je prends ma première claque de la soirée. Les poings se lèvent et les bras s’agitent en rythme, Alec joue avec la foule et n’hésite pas à venir chercher ce public qu’il doit conquérir avant le monstre Nine Inch Nails, le premier rang le soutient d’un bloc lorsqu’il monte sur la barrière, avant de parcourir l’allée entière devant nos mains tendues et de frapper dans la mienne. Un rien de temps passe et déjà ils quittent la scène, ayant férocement tenu la promesse que leur nom annonçait, j’en retombe satisfaite comme jamais après une première partie.

[…]

Il fait presque nuit mais pas tout à fait encore, la musique d’ambiance se tait, et sur la scène, Ilan, Justin et Robin sont les premiers, avant que Trent n’apparaisse dans le fond. Il marche lentement vers le micro, t-shirt blanc et pantalon crème, bras croisés dans son dos, captivant tous les regards. La foule autour de moi ne se tient plus, mais ma bouche bée reste muette d’admiration. C’est Dieu qui s’avance vers moi, et m’en voilà toute secouée après quelques secondes seulement. Mais ensuite il attrape le micro et c’est une montée d’adrénaline immédiate.
Après ça, l’heure et demie suivante n’est qu’une énorme claque absolument indescriptible. En quelques chansons mes côtes se retrouvent jumelées à la barrière et elles n’en décolleront pas, mais la douleur se fait oublier. Le son éclate et se resserre autour de moi. Le charisme ahurissant de Trent, l’attitude unique de Robin, Justin et Illan totalement impressionnants m’ensorcèlent. Parfois mes paupières se ferment, pour ne laisser plus que le son s’infiltrer dans chaque cellule de mon corps. Les paroles les plus marquantes sortent de ma bouche en un hurlement, mon corps entier se tend vers la scène et mes pupilles en prennent de toutes les couleurs. Les bras d’Ilan semblent par milliers s’abattre sur la batterie. L’investissement de Justin à la basse se ressent dans chaque morceau, mais c’est lorsqu’il prend la contrebasse qu’il me conquiert. Le charme de Robin me porte tout le long, entre guitare électrique, guitare folk et piano. Et puis Trent, courant et jonglant entre les micros, sa guitare, ses divers claviers et tables de mixage, semble partout à la fois et confirme sa suprématie musicale. Les lumières de fous et la fumée nous transportent ailleurs, le son nous fait décoller et le sang dans mes veines paraît bouillir, le set me fait l’effet d’un shoot de je-ne-sais-quelle drogue encore inconnue. Quelques fois le regard de Trent perdu dans la foule semble croiser le mien, moments furtifs où nait cette impression étrange qu’il me lit complètement, qu’il me transperce de part en part et que je n’appartiens qu’à lui.
La notion de temps est complètement distordue et la nuit s’écoule à une vitesse folle ; Hurt s’achève sur des larmes et 2 secondes après leur apparition tout est déjà fini.

Impression finale d’avoir été renversée par un 38 tonnes.


Home / 1.000.000 / Letting You / Sin / March of Pigs / Piggy remix / Metal / The Line Begins To Blur / Head Down / Burn / Gave up / La Mer / The Frail / The Wretched / Non Entity / I Do Not Want This / The Downward Spiral / Wish / Survivalism / Mr. Self Destruct / Echoplex / The Hand That Feeds / Head Like a Hole // Hurt.


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jeudi 16 juillet 2009

"MAGIC PEOPLE, VOODOO PEOPLE !"


Vendredi 10 juillet. Un TGV aux sièges rouges et violets, direction Bruxelles, blindé de gamins. Première étape du week-end : Lyon. Le temps d’un café, du train de Steph en retard, de pages de magasine féminin, et hop, sauter dans un ter. Deuxième étape : Annecy. Paysage urbain qui laisse place aux montagnes et aux lacs clairs, et retrouver Cath et Laurie dans la petite gare. NIN en fond sonore dans la voiture, EZ3kiel sur les murs et les étagères, décor savoyard face au balcon, et discussions musicales jusqu’à un peu tard dans la soirée.

Samedi 11 juillet. Après une bonne nuit de sommeil sous les températures fraiches et un repas qui s’éternise autour d’un café, départ pour le centre-ville. Promenade touristique au bord du lac, photos souvenirs, conversations qui tournent autour de nos sujets cultes, découverte des petites rues piétonnes et un Coca bien frais à l’ombre d’une terrasse.

Et la troisième étape : Aix-les-Bains, et le festival Musilac. Quelques minutes de navette et une courte marche avant que nos billets ne soient scindés en deux. Les Wampas sur scène à notre arrivée, Où sont les femmes qui se dresse jusqu’à nos oreilles, mais se passer de la fin de leur set sans vraiment le vouloir et découvrir le site. Bracelet rouge autour du poignet, concours tirage au sort et point de rendez-vous.

Les Bombay Bicycle Club qui prennent le relais sur la seconde scène et resteront notre fond sonore le temps de faire le tour du festival. Atterrir devant le stand Fnac en attendant le rendez-vous reporté d’avec Ghinzu. Didier Wampas et son pantalon moulant rose à quelques mètres de nous, longue file de dédicaces qui s’égrène lentement et Didier qui s’attaque ensuite aux dizaines de personnes derrière les barrières, nous gratifiant chacune d’un baiser sur la joue. Distribution sommaire de pass pour Ghinzu, Steph qui en récupère un face à mon visage dépité. Quelques secondes seulement, le temps de me retourner et de sauter sur une jeune fille déçue tendant le précieux devant moi.

20h30, Gossip qui investit la scène de gauche, et les silhouettes belges à quelques mètres de nous. Regard tendu vers les écrans, le son qui nous parvient en attendant notre tour, petits déhanchés de rigueur, et coucou de Maman en t-shirt vert. Et puis John, Antoine, Jean, Greg. Les retrouvailles des deux côtés, leurs phrases cultes et leurs questions, le champagne et la famille, les sourires et les regards, les petits dessins au dos du pass, et la bise à Maman.

Se faufiler en vitesse au cœur de la foule devant Gossip, s’infiltrer entre les rangs pour gagner une meilleure place. Partager les regards entre la scène et les écrans. Le guitariste et sa chemise conceptuelle et Beth qui capte toute l’attention dans sa robe à fleurs. Sa voix qui s’élève entre les arbres, son aisance et son énergie qui portent le public, sa descente de scène et son bain de foule. Standing In The Way Of Control qui marque l’approche de la fin du set, et notre remontée à contre-courant vers le stand de hot-dog.

Pause dans l’herbe durant Camille et son set qui nous semble bien trop long. Petit incident au goût de poivre et voyage forcé dans la moitié du festival. Le son qui se tait, notre avancée vers la scène qu’elle vient de quitter, un aperçu de t-shirt vert avant que le rideau ne se ferme, et nos fesses posées au deuxième rang.

23h00. The Prodigy sur la scène à notre gauche et sur les écrans au-dessus de nos têtes. La foule immense à quelques dizaines de mètres de nous, mais notre place presque idéale pour apercevoir le groupe se déchainer. Alterner les instants où l’on se laisse emporter par le show en tous points hypnotisant et les moments de calme en prévision du concert suivant. En prendre tout de même plein les yeux et les oreilles, sentir le son lourd parcourir le corps entier et les basses le pénétrer, et l’envie de se joindre à la foule vibrante, hors de tout contrôle.

La nuit bien installée lorsque le son se tait et que la foule s’éparpille, laissant quelques adeptes rejoindre les rangs derrière nous. Les mains sur la barrière, prête à les recevoir, prête à les entendre, prête à vibrer avec eux pour ma septième fois cette année.

00h35. Ghinzu. L’ancienne intro Star Wars qui retentit, façon clin d’œil à la tournée Blow. Setlist classique qui suit et les morceaux qui s’enchainent mais bien trop vite, mon corps qui gagne le premier rang et se libère, nos belges qui m’hypnotisent comme ils savent le faire et l’esprit qui se déconnecte du monde réel. Le groupe joyeusement très à l’aise sur la scène, la communication exceptionnelle avec le public, l’énergie qui monte jusqu’à l’orgasme, et ce truc spécial qu’ils libèrent de morceau en morceau. Le costard de Greg, le regard de John vers nous, le blouson de cuir de Jean qu’il ne doit jamais enlever, le plaisir unique de retrouver Mika et sa classe exceptionnelle, les frappes déterminées d’Antoine qui quitte bien vite sa capuche et ses manches longues. Les larmes incontrôlables sur The Dragster Wave, nos deux seules voix hystériques sur les refrains de Chocolate Tube, John qui s’étale par terre durant Kill the Surfers, la frénésie aux premières notes de Blow et les souvenirs marseillais sur Mine, John qui s’allonge sur scène, John encore qui la quitte pour se joindre à nous, sa main dans la mienne pendant quelques secondes, Maman qui vient à son secours bien souvent, et la culte montée sur le clavier qui ne se verra assistée d’aucun secours. Les petits défauts qui font tout, les phrases-clefs et les regards entre ZDP, nos voix qui chantent et hurlent et montent en chœur, ce bonheur extatique qui nous électrise, le corps qui s’agite et saute à s’en épuiser, les coups de coude douloureux dans les côtes offerts par mes voisins immobiles, mais rien qui ne m’arrête, profiter de chaque seconde de cette grosse heure offerte ce soir sous les étoiles.

[…]

Birdy Nam Nam un peu plus tard, regarder les lumières s’agiter, puis les yeux fermés se laisser emporter par le son. La nuit qui file et le temps de rentrer. Le regard dans le vague, les souvenirs qui se forgent et les images de la soirée qui repassent en boucle, sourire idiot collé aux lèvres.


Ghinzu : Intro "Star Wars" / Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take It Easy / The Dragster-Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me? / Chocolate Tube / Kill The Surfers // Blow / Mine.


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lundi 6 juillet 2009

VALÉRIE VALERE, OBSESSION BLANCHE.

« Silence... Silence obsédant dont l’éclat jaillit dans l’ombre de la nuit comme une seconde accusation. Blanc, couleur morose qui ne dit que l’absence, qui ne dit que l’attente et ne parle que d’oubli. Mémoire infidèle dont les doigts tâtonnent sur l’horizon immense d’un univers désormais insaisissable sans jamais en retrouver le chemin. »

« Le bruit régulier du tic-tac emprisonne son esprit. Il voudrait ne plus avoir à réfléchir, ne plus avoir à crier dans le silence de son angoisse, ne plus sentir la présence méfiante et farouche de ces feuilles qui toujours attendent quelque chose de plus grand. Il aimerait ne plus vivre ou vivre dans une sorte de néant qu’aucune voix ni aucun regard ne pourrait atteindre, vivre dans une mort prématurée qui lui livrerait le mystère de sa profondeur tout en le libérant de sa prison d’oubli. »

« Peut-être s’est-il égaré dans le labyrinthe d’une nuit à force de chercher en vain la seconde partie de lui-même. »

« Rues désertes, odeur étrange de la nuit, impression d’oubli qu’apportent les errances sans voyage. Ils ne parlent pas. Ils s’observent furtivement de temps à autre comme pour s’assurer de leur présence, liés par un accord tacite lancé dans leur silence. Gene sourit à l’enfant qu’il vient de retrouver. Un enfant qui s’était perdu et qu’un homme attentionné à adopté. Il s’occupe de lui, s’inquiète de lui et l’emmène loin de sa douleur... Il se complaît dans cette sensation grisant puis essaie brusquement de se révolter : "Tu deviens vulnérable, fragile..." »

« Il se laisse aller dans ses bras, réconforté par cette chaleur, enivré par cette tendresse. Une main se colle sur sa taille, un sourire lui parle, un regard l’écoute. Il donnerait n’importe quel mot pour que ce moment dure toute une vie. »

« L’eau lui gifle le corps. Rageusement, il frotte sa peau au gant de crin comme pour faire partir les traces du contact physique. Méthodiquement, énergiquement, il frotte, n’arrête plus de frotter mais les plaies provoquées par les caresses deviennent sans cesse plus douloureuses. Elles s’élargissent, s’agrandissent, s’étalent, son corps n’est plus qu’une immense blessure envahie de pus et de sang. Il sent encore les mains prestes de l’homme sur sa peau, il voudrait les chasser, les écraser et les détruire mais elles se sont blotties sous son derme et courent en tous sens ainsi qu’une fourmilière grouillante, insectes de sa mort qui peu à peu le rongent... Il tourne le robinet bleu, un jet d’eau glacée le suffoque mais qu’importe, il lui faut anéantir ce souvenir. De plus en plus furieux, il recommence à frotter en partant des pieds et en remontant jusqu’aux épaules. Il tremble tout en s’acharnant à se meurtrir davantage, pas un millimètre carré de sa peau ne lui échappe mais l’image de son corps imbriqué dans celui de l’homme est toujours là, devant ses yeux... Et il n’y a plus que cette image, cette unique image. Elle est partout ; sur le rebord du lavabo, sur la surface beige du gant de crin, sur l’émail de la baignoire, dans les gouttes d’eau coulant sur sa peau... Cette image, sur le plastique rouge du robinet... D’un geste nerveux, il le tourne et aussitôt un jet bouillant le frappe en plein visage, milliers d’aiguilles qui le défigurent... »

mercredi 1 juillet 2009

"JE SURVEILLE LES PANNEAUX BLANCS POUR VOIR SI MAMAN VIENT S’ACHETER UN CHAPEAU."


Samedi 13 juin, 7h du mat’, tente et sacs sur les épaules, départ pour un week-end de péripéties diverses, direction le festival Skabazac dans l’Aveyron.

En quelques mots-clefs :

Temps caniculaire, champs déserts, mouches, B. Molko qui traverse la scène, verre souvenir, Greg Antoine et Mika, soleil de plomb, the Kebab of Destiny (épisode II), mecs complètement bourrés, Patrice tu gères, Juliette Lewis je t’aime, Ghinzu 1000 fois mieux qu’à La Musicale, musique de Skins et sprint, Suicidal Tendencies ta gueule, ciel étoilé, affiches décollées, autostop.


Ghinzu : Blow / Cold Love / Mirror Mirror / Dream Maker / Take It Easy / The Dragster Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me / Chocolate Tube / Kill the Surfers.


[ photos Juliette Lewis ]

[ photos Ghinzu ]