jeudi 27 novembre 2008

"YOU'RE SINGING INTO MY EAR..."


Le 15 novembre, mes retrouvailles avec Sigur Rós au Zénith parisien. Salle peu appropriée, mais je ne pouvais les rater. Et de toute façon, dès la première note, il n’y avait plus qu’eux et moi.

Le grand bouleversement. Du genre à en finir dans un état proche de l’après Indo-Bercy-mai-2007 ou The-Cure-Bercy. Le corps et l’esprit complètement renversés. A ne plus savoir qui on est, où, quand, comment, à se perdre les yeux dans le vague pendant des jours, à ne pas s’en remettre et ne même pas le vouloir.

Y’avait eu la fosse complète en un rien de temps, et finalement la place inespérée réservée en un clic. Puis les galères pour la nuit et les quelques adresses emportées dans ma poche. Y’a eu la nuit blanche avant de partir, mes micro-sommeils dans le train, le métro jusque dans le 93, l’auberge trouvée sans trop de mal et quelques affaires posées sur mon lit. Y’a eu mes pas pressés dans l’allée qui mène au Zénith, dont les barrières étaient en fait complètement désertes et les portails encore ouverts. Y’a eu les quelques dizaines de personnes dans l’après-midi, les répétitions et les quelques notes qui font déjà frissonner, et puis la grosse affluence en début de soirée, l’attente pour la fouille et la course et le premier rang avec mes compagnons d’attente.

Mais tout ça on s’en fout, en fait. Ce qui compte c’est tout ce qu’il y a eu après.

Ce qui compte c’est leur arrivée sur Svefn-g-Englar, mes yeux médusés et tout ce qui peut se passer là-dedans. Ce sont les larmes et les sourires et les frissons en boucle. C’est sa voix venue d’ailleurs et le son particulier de son archet sur ses cordes. Ce sont les battements cardiaques de la batterie, les vibrations sourdes de la basse, les notes glissantes des touches du clavier et la voix résonnante de Kjarri qui lui répondent. C’est l’absence d’Amiina et des cuivres qui se fait parfois sentir mais vite oublier. Ce sont les quelques notes au xylophone. Ce sont les notes froides et les airs plus festifs. C’est l’irrationalité de ces mots qui papillonnent dans le cœur. Ce sont les lumières colorées. Ce sont leurs mêmes costumes qu’en juillet et toujours la couronne d’Orri. Ce sont les images qui défilent sur l’écran géant, les paysages qui alternent avec leurs instruments filmés en direct. Ce sont les lanternes géantes qui confèrent une ambiance lunaire. Ce sont les petits confettis blancs saupoudrés sur Festival, puis les multicolores soufflés sur Gobbledigook, et enfin la dernière tempête de neige sur Popplagið. C’est le rideau d’eau qui rafraichit les premiers rangs à la montée en puissance de Sæglópur. Ce sont les petits jeunes de For A Minor Reflection qui viennent tambouriner sur les couleurs de Gobbledigook. C’est la surprise de E-bow. C’est la longue note de Jonsi sur Festival, plus longue que jamais. Ce sont les mots d’un Jonsi étonnamment bavard et surtout ses rires enfantins. C’est son regard plongé vers moi ou peut-être ai-je juste envie de le croire. Ce sont ses invitations à nous faire chanter en chœur et taper des mains, et les milliers de personnes debout à sa demande. Ce sont les baguettes d’Orri lancées sur ma voisine et l’archet qui me tombe dans le dos. C’est l’aura qui les entoure. C’est cette magie totalement indescriptible. Ce sont les mots complètement vains pour tenter de rendre compte.

C’est se demander s’ils sont réels. S’ils sont humains.

Bien plus qu’un groupe.
Bien plus que de la musique.
Bien plus qu’un concert. Une messe irréelle. Un voyage hors du monde, hors du temps.

Hjartað hamast eins og alltaf
En nú úr takt við tímann...


Svefn-g-Englar / Ný Batterí / Fljótavik / Við Spilum Endalaust / Hoppípolla / Með Blóðnasir / Inní Mér Syngur Vitleysingur / E-bow / Sæglópur / Festival / Hafsól / Gobbledigook // All Alright / Popplagið.


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vendredi 7 novembre 2008

"I TELL YOU MY FAREWELL..."


Vendredi 24. Départ pour un week-end en grande partie improvisé comme on sait les faire. Un grand bordel et des kilomètres sous les semelles.

Pour le coup, on avait essayé de prévoir des trucs, mais au final on a fait tout le contraire. Enfin, on a quand même vu la petite étoile et son musicien, on a dormi chez Aurélia, et surtout, surtout, on était juste devant eux pour leur tout dernier. Alors quand on fait les comptes, on s’en est plutôt pas mal sorties cette fois.

Y’a pas eu le café avec Nork, ni le concert du 24, et encore moins le photomaton au Palais de Tokyo. On a raté la vidéo de la Chine et on a résisté à chaque Starbucks. Mais il y a eu tellement plus, tellement mieux, tellement plus imprévisible. Qui aurait pu prévoir les cds et t-shirts bradés, l’édition chinoise offerte, les vinyles dans son salon et les polaroïds suspendus au-dessus de sa palette graphique ? Qui aurait envisagé le resto japonais, le double Big ET Burger, et nos verres gratuits ? Qui aurait pu penser à offrir des roses et un tournesol, et qu’ils finiraient sur scène ? Qui aurait associé René-Sous-Bois à Détroit et au Canada ? Et qui aurait imaginé Au Pire, la nuit blanche arrosée de champagne et le blindtest ?

Alors on en oublie les pieds qui font mal, la pluie qui ne cesse de tomber, et le froid de la gare un dimanche à 7h. On ne compte plus les kilomètres parcourus dans ces trains ni les moments de galère qui font rire après coup.

Et on attend la prochaine.


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