samedi 10 mai 2008

"DANS MON UNIVERS, AVEC POUR SEULE VOIX..."


Le train qui part quelques minutes après l’avoir laissée sur le quai. Les fines gouttes de pluie à l’arrivée. Mes pas qui se pressent pour atteindre la Fnac. Un tour dans les allées, mes mains qui traînent sur les couvertures de quelques bouquins. Une chaise libre au premier rang, plongeon dans les récentes aventures de Michael Tolliver pendant que les groupies s’agitent autour de moi. Apparition éclair du quatuor tant attendu, quelques réactions plus ou moins hystériques, manquer de se faire virer à cause de l’une. Et puis leur retour pour de bon, elles qui n’en peuvent plus et Thomas qui me reconnaît et me salut, moment jouissif. Quelques questions bateau du jeune homme au micro, réponses tant et tant entendues. Vient le tour du public, alternance de questions classique, boulets et groupies qui se font remballer. Le moment des dédicaces, ma place signée de leurs mains, un sourire de chacun, quelques mots échangés.

Le soleil qui m’accueille en sortant, ma veste qui s’ôte, longer la route rapide jusqu’au coin souvenir d’il y a deux ans. Une ou deux clopes et des appels vains vers son train, comme tentatives pour supporter les groupies emos à mes côtés. Fall Out Boy et le dernier Panic! en boucle en fond sonore, help me.

Eux qui arrivent, petit salut de loin. Les deux heures qui passent. Le soir qui tombe, l’attente qui pèse, l’impatience qui se fait sentir. Les portes qui s’ouvrent, les marches à monter, les jolis et jeunes garçons, mon nom sur le registre, ma carte d’adhérente, la pièce qui tinte sur le comptoir et le tampon sur ma main gauche. Un coucou rapide pour Lui devant ses t-shirts. Quelques mots, des sourires, ses yeux sur mon t-shirt et les miens qui le dévorent.

Mes fesses sur la scène, près de la batterie marquée d’AqME, la même place que la dernière fois. Les quelques-uns qui s’affairent derrière moi, et puis les lumières, on se lève et My Own Vision à portée de bras. Les deux bouts de chou à côté de moi, le père qui veille derrière. Le peu de place à l’abri que je leur cède. Mes jambes qui en résistent pas à l’appel de la musique, le chanteur qui en fait un peu trop, son ventre trop plat et sa voix à laquelle je n’accroche pas. Le bassiste à quelques centimètres de mon visage, les lourdes cordes qui vibrent sous ses doigts, captivantes. La courte setlist qui s’égrène et se termine sous les cris de deux trois groupies. Abandon de mes trois compagnons qui se dirigent vers le bar plus sécurisé pour la suite. Agitation sur la scène, les bouteilles d’eau, les câbles électriques, les serviettes éponges blanches, les instruments à l’essai, la pile de setlists. Un coup d’œil vers le programme de ce soir, majoritairement satisfaisant.

Et puis les silhouettes d’Etienne, de Ben et de Charlotte qui se découpent dans l’ombre et lancent les premières vibrations d’Hérésie qui feront trembler Les Passagers. Thomas débarque et crache sans préliminaire sa voix sur Lourd Sacrifice et Un Goût Amer, extraits du tout dernier qui m'est étranger ou presque. Son visage juste au-dessus de moi et son sourire qui répond au mien. Quelques minutes à lutter et me retrouver une fois encore assise au milieu. Gros retour en arrière avec Le Rouge et Le Noir qui me rappelle toujours mes débuts avec eux. Pornographie pour la suite, avant de retourner au présent pour le dernier tube Karma et Nicotine. La discographie termine son tour complet avec Le Poids des Mots. Les Enfers ensuite, avant que Thomas nous annonce A Chaque Seconde. Suivie de Pas Assez Loin, elles feront trembler le sol et la scène. Charlotte s’approche, sa basse à deux doigts de mes yeux. Je me relève par moment pour profiter de la folie qui mène la salle. Les coups d’œil de Thomas et ses mots rien que pour moi. Casser/Détruire et Uniformes suivent, puis question de Thomas quant au prochain morceau. Les groupies du premier rang qui demandent des bisous, remarque cinglante de Thomas et cris du public en guise de réponse. "Si" n’existe pas toujours aussi poignante en live, et La Réponse qui nous achève tous. La sueur qui perle sur leurs fronts. La pause qui amène un peu d’air.

L’envie et les forces qui reviennent vite, c’est avec Ténèbres que l’on retrouve le rythme. La mythique et tant attendue Superstar achève les anciens morceaux avec une puissance saisissante. 312 derrière, et Triskaidekaphobie en clôture de la soirée. Les baguettes d’Etienne volent dans les airs et la main de Charlotte me tend une setlist froissée accompagnée d’un sourire. Encore un ou deux longs regards posés sur nous et la scène se vide.

Retrouver les deux petits bouts et le papa et ses airs de famille avec Ben, impressions sur la soirée et avis sur les groupes. Un tour au bar, la bière qui coule dans la gorge, trop vite peut-être ou pas assez. Rejoindre le stand d’Aurélien, les mots un peu plus faciles, les rires pour tout et rien et l’air frais de l’extérieur sur mes joues rosies.

Les attendre longtemps, à s’en faire virer de la salle. Ils ne sortiront pas, cette fois, concours de boisson oblige. Tant pis pour le pari vidéo, mais c’est avec le sourire aux lèvres et le corps meurtri que j’essaie doucement de retrouver la réalité.


[ PHOTOS ]

jeudi 8 mai 2008

"SOME PEOPLE GO INTO THE STRATOSPHERE..."


C’était il y a un mois et elle était là pour deux jours.

Il y a eu le plat de pâtes et les litres de Coca Light, son sac Sncf plein à craquer et les films sur son pc, la chauffeuse et sa chrysalide, le café et le quatre quart au chocolat. Il y a eu les kebabs habituels et le Polygone, les cafés et Armistead Maupin, les gens chiants et ses deux Stéphanie écrits en noir. Il y a eu la Fnac et le joli garçon, le café-de-Gaël-sans-Gaël et le Rockstore, et Celsius et EZ3kiel.

Ouais, il y a eu EZ3kiel.

Il y a eu le monde devant la billetterie à 20h, tous décidés au dernier moment de ne pas vouloir rater ça, et ma place à 5€. Il y a eu les quelques dizaines de personnes à l’intérieur et les premiers rangs clairsemés dans lesquels on se glisse. Il y a eu Celsius et le mélange de System of a down et RATM. Il y a eu le chanteur qui occupe toute la scène sans s’arrêter une seconde et les chansons plus ou moins engagées.

Il y a eu nous au premier rang tout contre la scène et le Rockstore bouillant. Il y a eu le très mignon ingénieur du son et les grésillements du commencement. Il y a eu les acclamations du public et eux quatre sur la scène. Il y a eu Yann le bassiste juste à côté de nous et son doux sourire collé aux lèvres. Il y a eu Joan et ses claviers tout à gauche. Il y a eu les deux batteries au milieu de la scène et Matthieu caché derrière l’une d’elle. Il y a eu Stéphane derrière l’autre par moment, et ses drôles de claviers en face de moi. Il y a eu les vidéos projetées au fond de la scène et les lueurs stupéfaites au fond de nos yeux. Il y a eu les lumières magiques et les doigts de Yann sur l’archet. Il y a eu la complicité et le jeu hallucinant des batteurs. Il y a eu le ballon géant lancé dans le public et les notes à chaque main posée sur lui. Il y a eu nos sourires et les leurs, nos mains et nos pieds frappant de toutes leurs forces, et le Rockstore entier n'hurlant que pour eux.


[ PHOTOS ]