jeudi 25 mars 2010

"DID YOU EVER BELIEVE? WERE YOU EVER A DREAMER?"


A peine plus de deux ans écoulés depuis le Zénith parisien. Deux ans tumultueux d’une histoire d’amour en dents de scie. La déception de ce concert, les vieux souvenirs, les embrouilles entre Echelons, le groupe qu’on perçoit changeant, les camps qui se créent, l’image qui se ternit, et petit à petit l’éloignement. Et puis le nouvel album qui approche, la curiosité et les questionnements, l’appréhension et le regard critique, et au final la merveilleuse surprise, se laisser de nouveau emporter.

Préférant l’intimité de l’Aéronef à l’amplitude de Bercy prévu le lendemain, c’est avec ce mélange d’émotions que je suis montée à Lille pour leur premier concert français non parisien, après avoir raté le warm-up de novembre à l’Élysée Montmartre. Et j’aurais difficilement pu espérer mieux, comme retrouvailles. Enfin, évidemment, j’aurais pu être mieux placée, le public aurait pu être différent, ils auraient pu jouer plus longtemps, la setlist aurait pu être agrémentée de 2-3 morceaux que j’aimerais tant entendre en live, on aurait pu avoir un meilleur after, … Mais au final, bien que reste inégalable le tout premier au Bataclan, qui m’avait foutu une claque comme jamais un groupe ne me l’a fait dans un premier concert, ce concert de Lille surpasse tous les autres, celui du lendemain compris.

Tout commence le jour-même vers 9h, lorsque Caro me dépose devant l’Aéronef avant de partir en cours. Déjà une bonne trentaine de fans présents, majoritairement féminins. Des allemandes semblent avoir dormi là, et les mains des premiers arrivés arborent un numéro au marqueur. Entre musique, lecture, et écoute des diverses conversations à droite à gauche, les heures passent plutôt vite mais je me sens étrangement « pas à ma place ». Pourtant, j’en ai fait des files de concert, j’en ai vécu des heures d’attente, j’en ai côtoyé des publics difficiles et des groupies exaspérantes. En début d’après-midi, alors que Caro me rejoint, je n’ai juste plus envie d’être là. On s’éclipse pour prendre un café, et finalement après de nombreuses hésitations et un coup de téléphone à un(e) ami(e), la décision est prise, on décolle de nos sièges confortables pour profiter du beau temps. Et c’est après avoir parcouru les rues de Lille, s’être amusées dans un parc avec un bout de chou, être allées rire un peu à la séance de dédicaces et avoir pris le temps d’un dernier café, qu’on revient finalement vers l’Aéronef. On tente d’attendre un peu en bas les guys à leur retour du Furet, et au bout de quelques minutes leur van se gare à quelques mètres de nous. Jared et Tomo en sortent, évidemment le premier est immédiatement entouré d’une bonne dizaine de filles, alors que le second prend des photos avec quelques fans exclusivement masculins. Je m’approche donc tranquillement, et hop, quelques secondes plus tard, Caro a pris une photo de nous et j’ai pu échanger deux-trois mots avec Tomo, toujours adorable. Pendant ce temps, Shannon s’est déjà faufilé à l’intérieur et son frère a réussi à se dégager pour le suivre, nous remontons donc vers la salle. La suite est un gros bordel : fans compressés dans l’entrée depuis des heures, priorité offerte à ceux qui ont assisté aux dédicaces, poussée hystérique lors de l’ouverture des barrières dont une cèdera et qui provoquera même des malaises, … Tant qu’à rentrer dans les derniers, autant le faire au tout dernier moment ; on reste donc en retrait en attendant que toute la foule soit à l’intérieur, puis on passe la fouille et les portes en toute sérénité, avant de jeter un coup d’œil au merch’ et de se faire photographier pour les nouvelles Faces of Mars.

On se trouve deux petites places bien calées en balcon, côté Tomo, et bien vite Street Drum Corps débarquent sur scène. J’avais vaguement lu qu’ils faisaient de la musique indus avec des percussions mais mes oreilles étaient totalement vierges de leur son. Et dès le premier morceau… La claque. Je crois n’avoir jamais eu une surprise aussi excellente en première partie. Les morceaux se succèdent et ne se ressemblent pas, et pourtant j’adhère à tous, autant qu’à l’énergie et au visuel qu’envoie le groupe sur scène. Ils ne restent qu’une courte demi-heure mais je suis conquise et ai déjà hâte de les revoir.

20h35, le noir complet donne le signal et les cris fusent. Les premières notes montent lentement, quelques lueurs apparaissent en fond de scène, et Jared s’avance seul au milieu de la scène, veste d’officier noire sur le dos. Sa voix prend possession de la salle dans une ambiance irréelle, c’est Escape qui introduit le concert comme sur le dernier album. Le reste du groupe le rejoint en toute discrétion, tout comme les membres de SDC, munis de tambours et de drapeaux. La foule entière connait les paroles mais c’est sur la dernière phrase que cela en devient magique : les 2000 personnes de l’Aéronef s’unissent en une seule voix pour un THIIIIIS IIIIIS WAAAAAR qui me file des frissons. Dès ce premier morceau, plus aucun doute : cet album va prendre toute sa dimension en live.
On continue évidemment sur Night of the Hunter et Jared lance le show sans attendre, il court de tous les côtés et nous fait chanter toutes les 10 secondes, et putain ce que c’est bon. Shannon et sa batterie sont enfin mis en valeur, et de là-haut j’ai une vue parfaite sur chacun de ces gestes. Attack suit et la folie ne cesse de grandir chez le public comme le groupe, ça chante ça crie ça saute, même en balcon je ne tiens pas en place, les yeux rivés sur les guys qui prennent leur pied. Vient ensuite un des moments que j’attendais avec impatience dingue : Vox Populi. Les SDC reviennent en devant de scène, pour taper des mains et des pieds pendant que nous répétons les chœurs, ce qui donne un résultat 1000 fois mieux que je ne l’avais espéré. Et ce morceau enchaîne les coups de cœur : un second au moment des couplets lorsque les SDC s’emparent de torches qu’ils braquent sur le public, un troisième lorsque les guys s’arrêtent net après le « Ever want to just stop ? » pour reprendre 3 secondes plus tard, et un dernier pour les SDC, encore eux, qui réapparaissent cette fois armés de leurs drapeaux blancs. On retourne aux anciens singles pas si vieux que ça avec From Yesterday, magistralement repris par la foule, et enchainé sur A Beautiful Lie, le temps de se replonger dans nos souvenirs.
Premier interlude de Jared la pipelette, il commence par nous annoncer qu’il a pris quelques leçons de français et veut nous le prouver en lançant un « Voulez-vous coucher avec moi ? » qui récolte évidemment une foulée de cris hystériques, youpi. Impossible de l’arrêter ensuite : il s’amuse à nous faire hurler, invite les mecs (ses « french fuckin’ warriors » ) à se faire entendre, demande au milieu de la fosse de faire un circle pit en tentant de s’expliquer avec des gestes dignes d’une hôtesse de l’air, et nous demande pour la énième fois si on est prêt à devenir fou. Et ce n’est pas fini : il hurle des « on the left / right / back make some noise ! », demande aux filles de monter sur les épaules des mecs, et se lance dans une série de commentaires extatiques du genre « Oh yes like this ! Regaaaaaaarde ! Oui oui oui oui ! C’est bon ! Très bien ! » avant d’enfin nous annoncer la chanson suivante, en VO, et en VF ! C’est La Guerre et ses « Everybody jump ! » fait remonter la température, l’Aéronef est bouillant, les poings se lèvent et les mots résonnent. Les SDC et leurs tambours reviennent sur le passage calme, et après l’explosion du morceau la tension redescend avec 100 Suns.
La scène se vide et c’est Shannon seul qui réapparait, bonnet rouge sur la tête. Derrière le bol tibétain rempli d’eau, il nous rappelle l’intro de L490, avant de revenir guitare à la main, pour nous jouer le morceau. Moment solennel, tout le monde est impressionné ou surpris, chacun se tait et profite respectueusement de cette mise en avant. On termine dans un spectacle de lumières rouges mêlé au chant des moines, qui me fait regretter de ne pouvoir en profiter à Bercy.
Vient alors le moment du set acoustique, ou plutôt du one-man-show de Jared. Il commence en nous demandant ce qu'on veut, évidemment nous nous retrouvons nombreux à scander Oblivion, évidemment il n’y prête aucune attention, et se penche sur sa guitare pour nous offrir Revenge. Suit un bout de Message in a Bottle, dont il fredonne le premier couplet avant de tenter de nous faire chanter le refrain, l’ensemble au final ressemblant sans doute plus à du yaourt qu’à autre chose ; puis Hurricane, nous annonçant que c’est la première fois qu’il la joue en acoustique. On sent qu’il aime ça hein, être à l’honneur sur scène, il alterne les morceaux et les petites phrases, rigole et s’amuse avec le public, nous parle du prochain morceau extrait de A Beautiful Lie, nous demande si on a l’album et comment cela se dit en français, nous fait répondre en chœur et termine sur un morceau de Was it a Dream. Il se lance ensuite dans une petite improvisation d’où on retient un « Je m’appelle Jared » ainsi qu’un trip sur le diable qui voudrait s’approprier son âme mais il a la Mars Army pour le protéger, tout à fait. Il nous remercie, nous dit que c’est sympa d’être aussi près de nous, blablabla, demande qui vient à Bercy, qu’il nous donnera des billets gratuits, qu’on est tous invités, mais oui. Un petit diable en peluche atterrit alors sur scène, il le prend, joue avec, lui donne des coups de poings et shoote dedans pour le renvoyer, youhou, ça nous fera rire 2 secondes.
Il est temps de reprendre les choses sérieuses, Jared nous présente ENFIN la Pytha qui se fait bien trop rare, et après un début acoustique, le groupe entier s’y joint et The Kill fait trembler les cordes. Folie furieuse dans l’Aéronef, côté foule comme côté scène, et hop bain de foule pour Jaja qui prend totalement son pied, comme d’hab’ quoi.
Monsieur ne se lasse jamais de parler, surtout pas ce soir, d’ailleurs je crois bien que c’est le concert où je l’ai le plus entendu parler. Donc cette fois il nous explique que ce soir est un soir spécial, qu’ils vont jouer ce qu’on veut, nous demande si on veut une vieille chanson ou une nouvelle, et la majorité lève la main pour une ancienne, Shannon compris ! Il nous flatte ensuite en racontant que Lille est la plus petite salle de la tournée, mais que ça ne veut pas dire que ce ne soit pas le meilleur show, qu’ils vont donc jouer des anciens morceaux pas joués depuis longtemps, qu’ils vont être fous et qu’il veut nous voir fous aussi, enfin ne comptons plus les « I wanna see you fuckin crazy ! » lancés dans toute la soirée ! Et hop, tadaaam, Capricorn version électrique avec le groupe complet ! Comme annoncé ils sont comme des malades sur scène, le Shanimal est dans l’arène et ils sont tous putain de pris dans le morceau, le « So I ruuuuuuuun » est hurlé par toute la salle et ce morceau nous rend tous complètement dingues. Après ça on n’a trop compris, l’intro de Fallen est jouée mais vite abandonnée et Jared nous annonce Buddha for Mary, sauf qu’entre temps lui a pris une nouvelle envie de communiquer, il nous relance des « I wanna see you go fuckin crazy out there … The crazier you go, the crazier we go ! » en demandant à la fosse de s’approcher, et nous rejoue l’hôtesse de l’air en nous montrant les sorties au cas où il y aurait le feu, alors que Tomo trépigne comme pas possible de son côté. Après nous avoir dit qu’ils nous aiment qu’ils nous remercient que cette soirée est amazing etc., et que cette chanson est pour les fans hardcores la mars army les vrais believers, ENFIN Buddha for Mary résonne, les cordes vrombissent et les baguettes matraquent les futs, la délivrance.
Après ça on espère un peu plus de vieux morceaux mais on a déjà été bien comblé et ça sent surtout la fin qui approche, comme l’annonce Search & Destroy. Ce n’est pas un de mes morceaux préférés sur l’album et je ne le trouve pas vraiment plus marquant en live alors je passe rapidement dessus, même si j’avoue que les I believe à répétitions m’ont fait un certain effet. Niveau plus marquant on peut parler d’un nouvel interlude de la pipelette qui cette fois s’arme de son Blackberry genre je checke mes mails alors qu’on sait très bien que c’est pour nous prendre en photo pour Twitter, sauf qu’à ce moment-là il aperçoit un soutif tendu à bout de bras à quelques mètres devant lui et hop ça dérape. Il demande si c’est pour lui, ahahah, et commence à se taper un nouveau trip pendant que les autres gratouillent dans leur coin, il se met à se déhancher en rythme tout en improvisant une chanson qui doit donner à peu près ça : « Je vais à la plage, j’aime aller à la plage… Je m’appelle Jared… Mon ami mon ami mon ami Tomo ! … Mes amis mes amis mes amis Trente secondes to mars ! … Je t’aime je t’aime je t’aime je t’aime ! … Allez allez allez venez ! ... ». C’est lui-même qui le dit, « That was the strangest song that we’ve ever done in our entiere lives ! », tu m’étonnes. Mais évidemment cela ne lui a pas suffit, après nous avoir reparlé vaguement des billets pour Bercy, « gift to you for being so amazing », merci merci, il attrape un drapeau français qu’il pose sur ses épaules tel le super héros qu’il a toujours voulu être. « Appelez-moi Monsieur France ! I will protect all of these gentle women here », accent frenchie compris, bah oui tiens. Il continue son blabla, à croire qu’il ne va jamais s’arrêter et nous raconter tout et n’importe quoi jusqu’au bout de la nuit, nous prend enfin en photo après un Merde mémorable (il nous en faut peu finalement), et tout en demandant aux gens qui veulent monter sur scène de s’approcher à coups de « Allez, allons-y » (et oui vive les cours de français, ou pas), s’orne fièrement du soutif rouge qu’il a fini par récupérer et se met à lancer des « Baby baby baby babyyyyyy » enchainant sur une ultra courte reprise de Whole Lotta Love de Led Zep.
Le fond de scène se remplit de fans, la Church of Mars qu’ils disent, les SDC reviennent une dernière fois et Kings & Queens termine le set, comme une conclusion inébranlable sur ce que l’album peut prendre comme dimension en live.

L’après-concert pourrait presque se raconter à vitesse accélérée : hop hop courir dès la fin de la dernière note, dévaler les escaliers vers le stand des Faces of Mars, se faufiler au travers de la foule déjà présente, se presser contre les corps, noter nos noms sur la liste pour le lendemain, s’offrir une Grimbergen pour fêter ça et la descendre en 30 secondes chrono, marchander une affiche, se taper une bonne convers’ avec le vendeur, descendre les marches métalliques, avoir raté Tomo et les autres, attendre dans la haie d’honneur, apercevoir Shannon qui se fait bien vite rentrer dans le bus mais qui en ressort par la porte arrière pour nous parler 30 secondes, s’étonner des canapés sortis de la salle, discuter avec cutie JK et prendre rendez-vous pour le lendemain, tourner la tête vers Jared et son sandwich, l’écouter nous parler de son rhume et s’assurer qu’on ait bien nos places pour Bercy, et voir finalement le bus s’en aller vers Paris.


Escape / Night of the Hunter / Attack / Vox Populi / From Yesterday / A Beautiful Lie / This Is War / 100 Suns / L490 / Set acoustique (Revenge + Message In A Bottle + Hurricane + Was It A Dream?) / The Kill / Capricorn / Buddha For Mary / Search and Destroy // Kings and Queens.


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jeudi 11 mars 2010

THIS WAR IS (GOING) SILENT.


L’aboutissement. Et le recommencement. L’aboutissement de 2009, de ces villes parcourues et de ces heures de train, de ces morceaux entendus encore et encore, de leurs sourires dont on ne se lasse pas, des pires moments et surtout des meilleurs. Le recommencement d’une tournée, le signal de départ d’une nouvelle année, la promesse de futurs souvenirs à rajouter à la liste, l’amorce de nos projets.

Ce 6 février 2010, Ghinzu en tête d’affiche de Forest National à Bruxelles.

J’ai beau apprendre à connaître les fans de Ghinzu et leurs habitudes depuis un moment, j’ai toujours du mal à m’y faire ; ainsi, débarquer à plus de 17h devant Forest désert n’aurait pas pu plus me surprendre. Du coup il ne nous restait plus qu’à attendre 2h dans le froid, mais c’était bien suffisant, heureusement le temps est passé vite, entre les fous-rires, la groupie dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, l’affiche ″envolée″ jusque sous mes fesses, et le vigile recouvert de post-it. Entre autres.

Vers 19h, alors qu’on menaçait de rester congelées derrière les barrières, elles se sont enfin ouvertes, et après une fouille inexistante, nous avons eu le plaisir de nous livrer à une sympathique course folle dans les escaliers. Résultats : 1er rang côté Jean, nous quatre côte à côte, exactement comme prévu. Et le meilleur dans tout ça, c’était encore de voir les gens arriver au compte-goutte et s’installer en gradins ou bien au milieu de la fosse, nous laissant tranquillement retourner chacune notre tour au merchandising et récupérer ainsi t-shirts collectors et autres, tout en évitant la forte affluence de fin de concert.

Les petits jeunes de Vismets en ouverture c’était plutôt sympathique, pas transcendant mais toutefois mieux que ce que j’avais pu en juger en jetant une oreille sur leur myspace. A revoir avec plaisir au final, surtout qu’ils sont un peu autistes eux aussi.

Et puis sur les coups de 21h, lorsque la salle s’est replongée dans le noir pour eux cette fois, des frissons m’ont parcouru le corps avant même que quelqu’un n’arrive sur scène. Alors ils nous ont livré leur première surprise de la soirée : un groupe de Stormtroopers a envahi la scène, et le son de la Marche Impériale a résonné dans la salle, faisant naître les premières larmes au bord de mes yeux. Le bonheur de les revoir après le manque, et en même temps réaliser que ces premières secondes inattendues ne pouvaient qu’être la promesse d’une soirée mémorable. Que ce n’était que le début.

Ils ont enchaîné comme d’habitude de Mother Allegra à Take it Easy sans ménagement, et déjà l’ambiance sur scène comme dans la fosse se détachait de loin de celle du Zénith, n’ayant presque rien à envier à la plupart des petites salles. La légère retenue du groupe sur les premiers morceaux se devinant facilement comme inhérente à la pression de l’évènement – « On avait des appréhensions avant de faire Forest National. On disait que c’était trop grand, trop froid. On s’était trompés », dixit John. En effet, bien vite les clameurs de la foule et le pouvoir de la musique les ont emportés. Et en me retournant vers la salle blindée, 5600 personnes vibrant au son des guitares, je me suis sentie fière. Fière de ce groupe, fière de ce public mérité, fière d’être là pour eux.
Pas de compte-rendu tout propre et carré titre par titre cette fois, de toute façon je n’y arrive pas, sans savoir pourquoi. Juste que j’ai rarement versé autant de larmes en concert, mais rarement eu autant de fous rires. Ils savent bien gérer leurs effets et jouent parfaitement au yoyo avec nos émotions, les p’tits poulets. Frissons sur la peau, plomb au fond de l’estomac, et boule dans la gorge. Bam. Adrénaline dans le sang, hystérie dans la voix, et cheveux en folie dans les yeux. Bam. Dragon a été orgasmique, on s’est déhanché sur Twist & Shout, et on a hurlé comme de grosses malades sur Chocolate Tube, la routine en somme, oui mais non, même pas, et c’est ça le meilleur. The Dragster Wave m’a souvent laissé échapper quelques larmes, mais cette fois-ci ce fut le drame. Et encore, ne parlons pas de l’enchaînement sadique Jet Sex / Cockpit Inferno / This Light en rappel, qui a failli me démolir. Sans compter qu’en revenant, ils nous en ont encore rajouté une couche avec Sweet Love (« C’est pour ma femme », qu’il a dit le John, après avoir invité les filles à hurler de tous leurs poumons). Heureusement, au milieu de tout ça, il y avait Jean qui jouait au flamant rose, quand il n’était pas occupé à fredonner des chœurs à se rouler par terre. Dommage qu’ils n’aient pas laissé Greg se lâcher comme il aime le faire à la fin de This Light, c’est toujours un peu le bordel, et j’aime ça le bordel sur scène. Et putain, ils nous ont refait Purple Rain, je crois qu’on était tous un peu abasourdi à ce moment-là.
Ils ont conclu le second rappel avec Blow, j’avais leurs mains dans les miennes et nos visages étaient couverts de larmes, les lumières bleues se reflétaient sur mes pupilles embrumées et à ses mots se mêlait l’idée de la fin, je m’imaginais déjà les lumières se rallumer et je me voyais m’effondrer sur le sol.
Blow s’est terminée, ils se sont éclipsés backstage, et... les lumières ne se sont pas rallumées. Ils ne semblaient pourtant pas revenir et j’ai dû me poser mille questions pendant ces quelques secondes. Je n’osais croire à une chanson de plus et en même temps je ne voyais pas avec quoi ils pouvaient enchainer après ÇA.
Et ils ont relevé le défi. C’est en robes de mariée et tutus qu’ils ont débarqués et nous ont balancé un Je t’attendrai chaotique, sous nos yeux stupéfaits et nos bouches béantes qui n’en revenaient pas, pour un des meilleurs moments qu’on m’ait offert en concert. Les grimaces des uns, les rires des autres, les fesses gigotant sur le clavier, les nœuds roses et les boas autour du cou, les paroles mélangées et crachées dans le micro, les robes trop longues, et leurs gueules d'ahuris par-dessus, du bonheur en barre. Ils m’ont fait passer de l’état de décomposition totale à une ivresse jouissive, et n’auraient pas pu mieux finir. Des malades. De gros malades.

Ghinzu a conquit Forest en ce 6 février 2010, mais surtout, ils ont réussi à me bouleverser comme ils ne l’avaient encore fait.

[Et comme rares sont les groupes à l’avoir fait.]


Intro Star Wars / Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take it easy / Dragon / The Dragster Wave / 21st century crooners / Do you read me? / Twist & Shout / The end of the world / Chocolate Tube / Purple Rain / Till you faint / Kill the surfers // Jet Sex / Cockpit Inferno / This Light / This war is silent / Mine // Sweet Love / Blow // Je t'attendrai.


[ photos ]