mercredi 23 décembre 2009

"STAY ON MY SIDE AND FLY ME TO THE VERY HIGH, HIGHEST GROUND I CAN..."


Vendredi 11, j’étais de nouveau en mission photo aux Passagers du Zinc. Mais cette fois, pour un groupe que je serais venue voir avec ou sans accréditation : Sharko.

Je les avais déjà ratés à Montpellier en 2006, faute à Indo à Bercy, et en octobre dernier, faute à mon compte en banque. Cette dernière date dans le Sud était donc enfin l’occasion de les découvrir sur scène et les photographier une double fierté personnelle.

Le mec de la sécu en bas m’a laissé passer les mains dans les poches sans même vérifier mon nom sur la liste, « c’est bon, je ne te reconnais maintenant », qu’il m’a dit en souriant, et au comptoir en haut, les mecs ont été une fois de plus adorables et je me suis sentie accueilli comme une habituée, alors qu’au fond ce n’était que la troisième fois que mon nom était coché au stylo.

La salle à mon arrivée s’est révélée bien plus peuplée que je ne l’aurais cru, mais je me suis vite rendue compte que beaucoup n’étaient là que pour le groupe de première partie, Flangers, dont les membres discutaient tour à tour avec leurs potes aux quatre coins de la pièce.

A presque 22h, ils cherchaient encore leur batteur, et c’est avec 2-3 minutes seulement de retard qu’ils sont montés sur la scène habillée de néons bleus. J’ai pris le temps d’apprécier le premier morceau et de m’imprégner de leur musique et de leurs lumières, et je me suis lancée seule au bord de l’estrade, objectif pointé en avant. Il y avait les mères qui prenaient des photos, les amis qui tentaient de remuer la foule, leurs regards presque gênés vers moi lorsqu’ils se sentaient visés, leurs jolies lumières qui me faisaient sourire, et leurs morceaux entraînants qui me poussaient à taper du pied. Tous les cinq semblaient un peu timides au début du set mais la musique et le public aidant, petit à petit ils ont pris possession de la scène et de leurs instruments pour nous offrir un très bon moment et récolter des acclamations bien méritées.

Une fois la scène débarrassée des néons et instruments de Flangers, ce sont Sharko eux-même qui sont apparus pour préparer leur espace. Assise sur le bord droit de la scène, j’ai aperçu David de l’autre côté et après avoir hésité, me suis lancée pour aller l’aborder timidement : 2 minutes plus tard, mon DVD belge avait reçu l’ultime dédicace.

23h, les lumières se sont enfin officiellement allumées sur les 3 musiciens à l’honneur ce soir, David a donné le signal au micro et les premières notes ont envahi l’espace. Je me suis retrouvée complètement happée en quelques secondes, yeux miroitants et sourire béat en prime, et ce jusqu’à la toute fin de la soirée. Personne dans le public n’a osé s’avancer de trop et l’espace devant la scène était tout le long rien qu’à moi, me permettant de me rapprocher à ma guise de Teuk, de Charlie ou de David, qu’il soit derrière la basse ou aux claviers. Les lumières m’ont paru être les meilleures que j’avais pu connaître ici, et le résultat de mes clichés l’a confirmé ensuite. Mais ne parlons pas que photo, c’était avant tout pour la musique que j’étais là.

Cette fois-ci c’est le public qui est resté timide pendant un petit moment, je murmurais seule les paroles de mes morceaux préférés, mais la magie Sharko a fini par gagner. Ca passe dans leurs sourires communicatifs, leurs regards complices, les pas de danse de David, des petits moments d’improvisation parfaitement maitrisée, les titres de pop douce qui alternent avec des morceaux au rock plus dur, leur énergie communicative, leur plaisir d’être sur scène qui se ressent dans les moindres détails, les petites taquineries de David adressées au public, ... Résultat, l’ambiance bien trop calme du début a petit à petit fait place à des acclamations plus chaleureuses au fil des morceaux, les mains se sont mises à frapper de plus en plus fort à chaque invitation du groupe et la salle entière s’est retrouvée fort motivée pour le dernier morceau, No contest, où David nous a défié de chanter plus fort que les marseillais jusque là champions de France. Je ne sais pas si le défi, brillamment relevé, a été réussi, mais une chose est sûre, ce concert de Sharko était encore meilleur que je ne l’avais imaginé pendant des années.

Bon, à côté de ça, il y a aussi eu un commentaire inattendu, une conversation de près de 2h30, un ajout sur facebook surprenant, des remerciements qui font rougir, et une photo de profil qui fait plaisir, mais... chut.


Animal / Wake up / Rise up / Motels / Excellent / I went down / Yo heart / Regrets / Sweet protection / Sugar boy / Since / Trip / No contest.


[ photos ]

mercredi 16 décembre 2009

"TELL ME WHAT'S ON YOUR MIND..."


Deux semaines plus tard, quasiment jour pour jour, repartir pour Lille. Un train en soirée, après les cours, et un voyage passé à rêver à tous ceux déjà présents dans la fosse du Zénith. Après des heures de voyage, Steph m’a rejoint à Marne-la-Vallée, et un peu avant minuit, on retrouvait Caro sous les fines gouttes de pluie pour partir déguster notre première bière.

[...]

Le réveil a été dur le lendemain, faute à nos longues heures de discussion jusque tard dans la nuit, mais j’ai filé sous la douche en vitesse et un peu plus tard, après un café obligatoire et une brioche magique faite par Caro, on était en route pour le Zénith. S’en est suivi une journée marquée par le froid et les retrouvailles des têtes connues. Heureusement pour nous, le ciel est resté bleu toute la journée, mais les faibles températures lilloises ont failli avoir raison de nos oreilles et de nos orteils. Le café offert gracieusement par le Zénith était quelque peu dégueulasse mais il avait le mérite d’être chaud et sucré, le centre commercial du coin nous a valu une petite séance de lèche-vitrine et le salon de l’érotisme a même failli nous accueillir si l’entrée n’avait pas coûté 25€. J’ai eu droit à une part de tarte rapportée du Flunch du coin, mon paquet de Dragibus a fini dispersé dans les différentes files, nos visages congelés ont été immortalisé à de nombreuses reprises, j’ai retrouvé Alex qui a passé l’attente avec nous, notre boulet officiel nous a offert des flyers, j’ai rencontré certains belges du forum et on a parlé musique et festivals, elle était là aussi et heureusement que Steph m’avait prévenu en avance, j’ai grignoté des biscuits au chocolat venus de tous côtés, et au final, après un gros bordel au moment de l’ouverture des grilles, on s’est retrouvé au deuxième rang en face d’Oli, au milieu de l’énorme groupe du forum.

Il faut le dire, tout ce chemin jusqu’à Lille et toute cette journée devant le Zénith, ce n’était pas seulement pour Indochine. C’était même surtout et avant tout pour le groupe de première partie : MVSC. Avec Caro, fraîchement convertie, et Steph, nous avons même poussé le truc jusqu’à jouer les groupies de 15 ans en marquant nos paumes des 4 lettres, et les trois quart d’heures avant leur entrée sur scène nous ont paru interminables. Et puis Jean et ses acolytes sont arrivés et nous nous sommes d’abord senties un peu seules à les accueillir chaleureusement, avant que quelques personnes derrière ne nous aident à mettre un peu d’ambiance dans la fosse. Nos bras en l’air et nos mains siglées se sont vite fait repérer par Manu et Maxime tout sourires, mais c’est le visage halluciné de Jean nous reconnaissant dans la foule qui restera le plus culte. Le meilleur dans tout ça étant son doigt pointé vers nous et nos cris hystériques immortalisés sur une vidéo.

C’est après nous avoir offert la très attendu High Hesitation qu’ils nous ont quittés, et à ce moment-là, je n’avais même pas encore réalisé qu’on allait voir Indochine, j’avais juste un goût de trop peu dans la bouche.

Même les chansons d’entre deux guerres et l’installation du rideau blanc n’ont pas suffit à me plonger dans l’ambiance, tant la transition entre les belges et les suivants me paraissait absurde. Il a fallu attendre les sirènes accompagnant les visages des dictateurs, le dirigeable et le cavalier masqué pour m’y faire sauter à deux pieds, et encore.

C’est drôle de voir comment j’ai de plus en plus de mal à raconter les concerts d’Indochine. De plus en plus de mal à trouver les mots pour partager ça, de plus en plus de mal à savoir quoi dire et comment. Pas qu’il n’y ait rien à décrire, rien à faire ressentir : au contraire. Mais lister les faits et les chansons me semble rendre un résultat bien fade, et enchaîner les émotions ressenties risque de devenir répétitif.

Pourtant j’ai envie de parler de cette ambiance unique et du fait que j’ai reculé durant les premiers morceaux pour sauter en chœur avec le rang de derrière, beaucoup plus motivé que les voisins que j’avais laissés. J’ai envie de raconter les gentils pogos et le bordel qu’on a foutu côté Oli. J’ai envie de confier que J’ai demandé à la lune nous ennuie tous et Le Lac devrait être reprise par Nicola en version apéro. J’ai envie de montrer nos mains qui claquent ou qui balancent à l’unisson, les vidéos devant lesquelles nos yeux s’écarquillent et comment je suis subjuguée par Boris lorsqu’il s’attèle aux percussions. J’ai envie de faire ressentir les frissons devant la constellation de téléphones portables sur La Lettre de Métal et le cœur qui s’arrête lorsqu’Oli nous balance les accords de June 2. J’ai envie de décrire nos délires, nos fous rires et nos regards échangés, entre les plantages de Nico, son très attendu et devenu culte « allez, tous à la fanfare » et Oli qui se fout de ma gueule et de mes mains surtout. J’ai envie de dire que je me suis prise une rincée d’eau pendant un pogo et qu’elle était plus que bienvenue, qu’on a enchainé les morceaux de sucre mais qu’on ne voulait rien abandonner, et que j’ai poussé mes forces au maximum. J’ai envie de dévoiler nos corps suants et les bleus sur mon corps le lendemain et nos sourires béats et l’envie d’encore qui augmente à chaque fois. J’ai envie de rendre compte de pourquoi ils sont uniques et de pourquoi je les aime. De pourquoi c’est EUX et personne d’autre.


Ouverture Républika Meteor / Go Rimbaud Go / Marilyn / Republika / Little Dolls / Play Boy / Punker / Drugstar / Le Lac / Le Manoir / J’ai Demandé à la Lune / 3ème Sexe (piano voix) / La Lettre de Métal / Un Ange à ma Table / Alice & June / Popstitute / Club Meteor (You Spin Me Round + Canary Bay + Les Tzars + Des Fleurs pour Salinger + Adora + Mao Boy) // June 2 / 3 Nuits Par Semaine / Junior Song / Bye Bye Valentine // L’Aventurier / Le Dernier Jour // Union War (acoustique) / Kao Bang (acoustique) / L World / Electrastar.


[ photos ]

mercredi 9 décembre 2009

"SOMETIMES YOU’RE THE CROWD, SCREAMING TOO LOUD."

Et j’ai recommencé 3 jours plus tard, pas avec Steph cette fois, mais avec Caro qui m’a accueillie à Lille pour la toute dernière date française de la tournée.

Je suis arrivée là-haut à tout juste plus de midi, alors on a pris le temps de manger une gaufre et de parcourir la ville, avant de s’accorder une pause pour déposer mes affaires et goûter quelques Jelly Belly en buvant du Dr Pepper. Et puis l’après-midi avançant, on s’est dirigé vers l’Aéronef devant lequel on a croisé le nouveau tourbus allemand. On a essayé par tous les moyens de s’incruster au goûter-concert réservé aux enfants ; mais aucun gamin n’a voulu nous adopter, les mecs de la salle ont refusé de nous filer des places et Maman n’a répondu que trop tard à mes messages.

Du coup on est quand même resté dans le coin, pause toilette et bouffe au centre commercial d’à côté avant de revenir devant la salle où quelques fans arrivaient déjà. Évidemment au moment où on a dû sortir il s’est mis à pleuvoir, mais peu de temps après les mecs de la sécu ont eu la bonne idée de déplacer les files à l’abri. Et c’est une fois l’heure bien avancée que j’ai pu me rendre compte de la différence avec le Sud : à l’heure où on était à peine 8 à Nice, on était déjà plusieurs centaines à Lille. Ça s’explique par le fait que beaucoup de fans, majoritairement belges il m’a semblé, étaient présents, alors que chez nous, les fans étaient assez rares, et le public se composait surtout de simples connaisseurs et de vagues curieux.

Bref, toujours est-il qu’on a cavalé une fois les portes ouvertes et qu’on s’est retrouvé au premier rang entre Greg et John, comme on l’avait souhaité, parfait. Et heureusement qu’on avait la barrière juste devant nous, vu l’ambiance de folie qui a suivi pendant tout le concert. Ça a commencé pendant Soldout qui se sont vus chaleureusement accueillis par tout le public et tout spécialement par leurs fans déjà bien motivés ; les pogos n’ont pas tardé à envahir le milieu de la fosse et nos hanches ont bien vite frappé contre la barrière, donnant le ton pour ce qui allait suivre. Et pour une fois, je ne me sentais pas seule à me dandiner les fesses et à fredonner les paroles.

Le set est passé à une vitesse folle et au retour sur scène de Maman, j’ai sorti ma pancarte de groupie faite de mes petites mains la veille : pari gagné lorsqu’il a levé les yeux et est venu me baiser la main, sous les sifflements du public.

Les poussées de la foule se sont faites de plus en plus fortes et les cris entremêlés de « Ghinzu » de plus en plus intenses, et enfin ils sont arrivés, moustache comprise, sous une monstrueuse acclamation comme je n’en avais jamais entendu de la tournée. Le reste n’a été que folie furieuse dans la salle comme sur la scène, impossible d’y voir clair et pourtant je connaissais la setlist et les enchainements par cœur. Il y a eu mon corps qui a fini par ne faire qu’un avec la barrière, les pogos qui se faisaient sentir dans mon dos, les cris qui résonnaient dans mes tympans, des bras et des jambes qui voguaient à droite à et gauche. Il y a eu moi toute entière qui savourait chaque seconde, chaque mot, chaque image, chaque visage, chaque lumière, chaque son de cette dernière. Il y a eu tous leurs regards vers nous et leurs regards entre eux et leurs sourires qui montraient qu’ils n’en revenaient pas. Il y a eu le bordel sur scène avec John qui a câliné Jean et un soutif jeté et rangé dans le casier de Mika et John allongé par terre et Greg qui est venu s’asseoir sur lui et Antoine complètement déchaîné et John encore qui a demandé à Maman de nous apporter du whisky et les deux verres qui ont été distribués et puis Greg qui enchainait les clopes avant de s’allumer un joint qui a fini dans le public et encore et encore. Il y a eu les phrases qui ont marqué la soirée, des allusions à qui va tuer qui en premier du groupe ou du public, des « This is our last song... or maybe not ! » à répétition, des déclarations du genre « Lille, mon Amour, je n’ai jamais autant joué de toute ma vie » et « Je n’ai pas vu ça depuis 10 ans » et j’en oublie des tonnes. Il y a eu mes genoux frappant sans cesse sur le métal et mon t-shirt trempé et les perles de sueur sur mes cheveux et mes bras en l’air. Il y a eu Dracula Cowboy et Til You faint comme à Nice alors que j’étais en transe et ensuite il y a eu Sweet Love et moi qui n’en revenait pas et qui l’entendait pour la première fois et il y a encore eu Je t’attendrai et l’hystérie complète dans toute la salle. Et il y a eu Blow qui m’a achevé physiquement comme moralement car signature des tous derniers moments avec eux.

Et pourtant l’envie d’encore, l’envie de toujours. Alors on a trainé un peu, j’ai fait la bise à Maman, j’ai salué Charlotte et David en leur achetant deux sacs et j’ai échangé deux trois mots avec Emilie en récupérant une affiche pour Caro. On est sorti fumer une clope, petit à petit on s’est fait viré de la salle, mais on ne voulait pas en rester là, on a cherché la sortie des artistes et on s’est retrouvé dans l’ascenseur, on a guetté à travers les vitres et on a fini par rejoindre les backliners en bas, on les a regardé charger tout le matos empreint de nostalgie et on a suivi les péripéties du tourbus avec le chauffeur allemand, et puis enfin on a discuté un peu avec Maman dans la nuit noire, et tout s’est terminé sur ses trois merci...


Mother Allegra / Mirror Mirror / The Dream Maker / Cold Love / Take It Easy / Dragon / The Dragster Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me? / Twist & Shout / The End of the World / Chocolate Tube / Kill the surfers // This Light / This War is Silent / Mine // Dracula Cowboy / Til You Faint // Sweet Love / Je t’Attendrai // Blow.

mercredi 2 décembre 2009

"I THINK IT'S TIME, COME AGAIN."


Et juste après ça, il a fallu enchaîner. Dès le lendemain, sans perdre de temps. Train direction Nice pour voir Ghinzu le soir-même. Il faut avouer qu’on a eu du mal à se motiver, et qu’on a même failli abandonner le Théâtre Lino Ventura pour le Nikaia où Indo passaient également (ben oui, tous les deux le même soir dans la même ville qui n’accueille jamais de concerts intéressants, évidemment) ; et finalement, une fois devant la salle, après avoir aperçu quelques têtes belges à l’intérieur, j’étais toute à eux.

20 minutes avant l’ouverture des portes, on était moins d’une dizaine, mais le trottoir s’est bien rempli ensuite. Pour autant, pas de précipitation pour passer les portes ni une fois dans la salle, le premier rang était tout à nous. C’est là qu’on s’est retourné pour observer la salle et qu’on a quelque peu déchanté : beaucoup, beaucoup de places assises, prises d’assaut de surcroit, et une mini-fosse improvisée entre la scène et le premier rang de sièges rouges, complètement désertée. Ca commençait mal et promettait une ambiance bien différente de l’épisode marseillais que l’on souhaitait reproduire ce soir-là. Heureusement, des courageux sont petit à petit venus nous rejoindre, et juste avant Ghinzu, la "fosse" comme la salle étaient combles.

Juste avant l’entrée en scène de Soldout, c’est un employé de la salle qui est venu nous introduire la soirée, et enfin, Charlotte et David sont apparus derrière leurs instruments, les vidéos stroboscopiques ont commencé à nous hypnotiser, et malgré l’immobilité générale du public, notre petit groupe n’a pas tardé à se déhancher sur leurs rythmes électro.

Après une petite demi-heure d’allers-retours de Maman & co, de préparation des bières et des serviettes de rigueur, et de tentation avec les pass qui nous passaient presque sous le nez, les lumières se sont baissées et les cris ont fusé. Ils sont entrés et se sont installés sous une faible lumière, Greg cheveux noués à ma gauche, John et ses chaussures noires juste à ma droite. La première partie du set s’est déroulée comme au Zénith : l’émotion de Mother Allegra, la puissance de Mirror Mirror, la rythmique de The Dream Maker, les lumières rougissantes et l’autiste excité de Cold Love, le John debout promenant son micro et les « lalala » de Take it Easy, l’orgasme et les déhanchés de Dragon, les frissons et les larmes de The Dragster Wave, les mains qui frappent de 21st Century Crooners... Et puis est arrivée Do You Read Me, les regards de John plantés dans mes yeux et son doigt pointé vers moi, la chaleur est encore montée d’un cran et les corps remuants à côté de nous n’étaient rien à côté des nôtres en pleine extase, et ça a redoublé d’énergie avec Twist & Shout qui me fout un putain de sourire à chaque fois, j’avais de la place autour de moi pour bouger autant que je le voulais et j’en ai bien profité. The End of the World cette fois ne m’a pas surprise et j’ai pu l’apprécier encore mieux, avec ce petit truc à l’intérieur qu’elle me fait autant en live qu’en studio. Puis est venu le moment de Chocolate Tube, encore une fois on était bien seules à connaitre les paroles, à connaitre le morceau tout court même, et on s’est retrouvé quasiment hystériques dès la petite intro au piano. On hurlait les refrains à pleins poumons, tellement que Greg a fini par nous tendre son micro sur la fin, et on a aussi eu droit à une petite remarque de John même si on n’a pas très bien entendu ce qu'il nous disait, en fait. Comme ce sont de grands malades après ça ils ont évidemment enchainé avec Kill the Surfers, John est monté sur son clavier juste devant nos yeux toujours ébahis même en voyant ça pour la millième fois, nous a offert quelques petits déhanchés de face puis de dos avant de revenir les pieds sur scène d’un saut qui m’a une nouvelle fois coupé le souffle.

Une fois échappés dans les coulisses, le public des gradins m’a joyeusement surpris, acclamations phénoménales et rappel d’une intensité forte, alors qu’ils n’avaient été que simples spectateurs inactifs jusque là. A leur retour les gars ont lancé sans surprise la poignante This Light dont je raffole du final surtout en live, puis This War is Silent et enfin Mine et son gros bordel final, pour laquelle j’ai tout spécialement agité mon boa.

Et la grosse surprise est arrivée : John est revenu, lunettes de soleil de nouveau sur le nez et serviette sur la tête, nous a lancé un ou deux compliments et nous a annoncé... Dracula Cowboy. Je le revois encore à ma gauche derrière le micro de Greg en train de nous balancer ça, et Steph en est témoin, j’ai hurlé et sauté de joie les yeux tout illuminés, comme jamais ça ne m’est arrivé à un concert. J’y croyais tout juste, qu’ils la jouent et surtout ce soir, et c’était juste orgasmique, bordel. Et comme si ça ne suffisait pas, après ça John nous a demandé de choisir entre Til You Faint et Blow, je n’ai même pas su quoi répondre sur le coup mais le public l’a fait pour moi, c’est Til You Faint qui l’a emporté, hop avalanche d’adrénaline, j’ai tout donné jusqu’à en faiblir.

Une nouvelle fois ils sont sortis de scène sous les ovations de la salle entière, on ne savait pas trop si on allait avoir droit à un autre rappel ou pas, et finalement, ils sont revenus une dernière fois nous offrir Blow, comme un final indispensable pour ponctuer cette soirée hallucinante.

Maman m’a gentiment offert une énième setlist et est retourné chercher une baguette pour Clem, puis on est descendu faire un petit tour au bar pour une désaltération obligée, un mec a voulu m'échanger la serviette de John qu'il avait réceptionné contre ma setlist mais j'ai refusé, et on a posé nos fesses le temps de laisser la salle se vider. Après on s’est bougé difficilement ces mêmes fesses vers le merchandising, dans un sourire Emilie nous a distribué les nouvelles affiches de la tournée d’automne, Jean s’est exclamé en me voyant et est venu me faire la bise puis on a parlé de MVSC et de l’album introuvable, Clem et moi avons bavé devant les sacs Soldout, Charlotte m’a dédicacé mon billet de concert et nous a filé des autocollants, Maman a voulu me signer un autographe aussi en me traitant de groupie, Emilie m’a défendu, Steph et Clem se sont fait tatouer les bras au marqueur, on a discuté de la tournée et de Lille et de l’Angleterre et de trains, et à plus de minuit, le merch’ était tout remballé et les pizzas refroidissaient alors on leur a dit au revoir. Mais ce n’était pas encore tout à fait fini, on s’est retrouvé devant le Théâtre sans aucun moyen pour rentrer, l’option "stop" était zappée puisque tout le public était parti depuis bien longtemps, on a commencé à parler avec les mecs de la sécu alors qu’on hésitait entre appeler un taxi quite à bien taxer au final ou bien chercher et attendre le noctambus dans la nuit noire, et finalement un des vigiles s’est proposé pour nous ramener, normal.


Mother Allegra / Mirror Mirror / The Dream Maker / Cold Love / Take It Easy / Dragon / The Dragster Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me? / Twist & Shout / The End of the World / Chocolate Tube / Kill the surfers // This Light / This War is Silent / Mine // Dracula Cowboy / Til You Faint // Blow.


[ photos ]

mardi 24 novembre 2009

"JE FAIS DES RÊVES COMME SI J'AVAIS MILLE ANS..."


Pour une fois, la note est ailleurs :

Reportage de Stéphanie, concert de Montpellier le 16 novembre


Ouverture Républika Meteor / Go Rimbaud Go / Marilyn/ Republika / Little Dolls / Play Boy / Punker / Drugstar / Le Lac / Le Manoir / J’ai Demandé à la Lune / 3ème Sexe (piano voix) / La Lettre de Métal / Un Ange à ma Table / Alice & June / Popstitute / Club Meteor (You Spin Me Round + Canary Bay + Les Tzars + Des Fleurs pour Salinger + Adora + Mao Boy) // June 2 /3 Nuits Par Semaine / Junior Song / Bye Bye Valentine // L’Aventurier / Le Dernier Jour // Electrastar.


[ photos balances ]

[ photos concert ]

jeudi 19 novembre 2009

NICK HORNBY, SLAM.

« Sometimes you know you’ve got a chance with a girl because she wants to fight with you. If the world wasn’t so messed up, it wouldn’t be like that. If the world was normal, a girl being nice to you would be a good sign, but in the real world, it isn’t. »

« The kind of love my mum talks about is full of worry and work and forgiving people and putting up with things and stuff like that. It’s not a lot of fun, that’s for sure. If that really is love, the kind my mum talks about, then nobody can ever know if they love somebody, can they? Its seems like what she’s saying is, if you’re pretty sure you love somebody, the way I was sure in those few weeks, then you can’t love them, because that isn’t what love is. Trying to understand what she means by love would do your head in. »

« Life would be easier if I didn’t give a shit, but I do. »

« ‘If you’ve gone off her, then you should tell her,’ said Mum.
She was right, of course, but I didn’t. I just never went round, and I left my mobile off, and I didn’t reply to her texts. So she probably got the idea, in the end. »

« What you have to ask yourself all the time is, Do I want a fag now, this second ? Because if you don’t, then don’t have one. And if you think you can survive that second, then you’re on to the next second. And you have to live like that. »

« A lot of things don’t seem worth arguing about to me. At school, you hear rubbish about who’s going to mash who all the time. Arsenal will mash Chelsea. Chelsea will mash Arsenal. And I think, you know, just let them play each other. And then it’s a draw half the time anyway. It was the same here. Nobody knew. Let the future just happen, I thought. Which was a new thing for me to think, seeing as I’d spent half my life wondering and worrying about what was going to happen. »

vendredi 13 novembre 2009

WHATEVER WORKS.


"That's why I can't say enough times, whatever love you can get and give, whatever happiness you can filch or provide, every temporary measure of grace, whatever works."

mercredi 11 novembre 2009

"ELEMENTAAAAAAL !"


Je n’ai même pas pris le temps de raconter Jim Jones Revue ni Pony Pony Run Run, mais on s’en fout un peu à vrai dire, vu que je n’y étais que pour les photos.

Enfin non, on ne s’en fout pas, les Jim Jones Revue je voulais les revoir depuis juin et ma découverte à La Musicale, et c’était assez dément, des mecs canons partout, la salle toute petite, le groupe bien chaud, le public parfait, Jim Jones en jean moulant super bien foutu, et j’ai même gratouillé ses cordes à un moment. Ah et y’avait Machin, normal. (Machin qui a un prénom maintenant, mais ça oui on s’en fout.)

Et puis Pony Pony Run Run, là au contraire j’y allais presque à reculons, toute juste poussée par ma curiosité et surtout par Shannon. Au final ça s’est révélé pas si mal que ça, surtout si on oublie le public d’ados insupportables et de groupies aux voix bien trop perçantes pour mes tympans. Bref les morceaux étaient sympas, les mecs motivés, le chanteur a tenté de casser les pauvres hystériques, les lumières étaient bien chouettes même s’il me faut définitivement un objo qui ouvre plus, et j’ai failli me rouler de rire avec un des mecs de la salle alors que je partageais Hey You au téléphone.

Si tu veux en savoir plus, tu peux aller faire un tour sur Concertandco et lire les chroniques des deux concerts, la première par Stefan et la seconde par moi-même.


[ photos The Jim Jones Revue ]

[ photos Pony Pony Run Run ]

jeudi 29 octobre 2009

"IN THE FINAL SCENE, WE KEEP DRIVING ON THE ROOF, ALL NIGHT...!"


Ah, Ghinzu au Zénith parisien. Je me souviens de ma réaction il y a quelques mois, lors de l’annonce du concert. Surprise tout d’abord, puis catégorique : hors de question pour moi d’aller les voir dans une si grande salle. Quelques jours plus tard, après la tournée d’avril, j’envisageais déjà la chose différemment : s’ils me manquaient trop d’ici là, pourquoi pas. Puis, petit à petit, ce concert est devenu LA date à faire. Et finalement, malgré un public beaucoup trop mou et quelques problèmes de son, ça a été un bon bordel côté scène, et un moment d’extase de plus côté ZDP.

On était tous là, ou presque, comme à cette première au Bataclan. Il y a d’abord eu Steph attendue à la gare, puis Seb retrouvé aux abords du Zénith. Et plus tard, Nath, Audrey, Chloé.

A 16h30, ils étaient 8 entre les barrières. Et nous toujours au café. On s’est finalement décidé à regagner les files quasi vides vers 18h, contraste saisissant avec mon concert de la semaine précédente. Tout juste une heure d’attente avant l’ouverture des portes, et le premier rang côté autiste, comme on voulait, avant que les autres nous rejoignent un peu plus tard, se faufilant jusqu’à nous sans aucun problème.

Cette fois-ci, c’est Soldout qui a ouvert le bal. Regrets de ne pas retrouver nos adoptés The Black Box Revelation, mais plaisir pour moi d’apprécier enfin en live ces belges découverts il y a quelques années. Ton électro lancé par David derrière son ordinateur et mené par Charlotte aux claviers et au micro, lumières stroboscopiques et écran épileptique saupoudrés sur le tout, pour réveiller les tympans et les rétines, même si je me sentais un peu seule à me déhancher. Et en fin de set, après une alternance entre les deux albums, celle que j’attendais, celle de ma découverte, I don’t want to have sex with you.

Repérage de Brian, Blondevideo & co, petit coucou de Maman, reconnaissance de certains photographes pendant la mise en place des claviers et des néons, histoire de tuer le temps en reprenant nos marques. Au final, avec Ghinzu, où qu’on soit, on se sent un peu chez nous, maintenant.

John et ses lunettes noires ont rejoint le clavier et son costume au revers pailleté s’est retrouvé sous une raie de lumière. Petit coup d’œil sur les autres, Jean portait son blouson en cuir malgré nos espérances et Antoine a gardé sa capuche le temps des premiers morceaux. Et le set a commencé comme d’habitude. En même temps, difficile de faire mieux comme introduction qu’un Mother Allegra frissonnant qui instaure le silence complet. Enchainement direct avec Mirror Mirror, martellement de la batterie et le ton qui monte, monte, monte... Explosion. Il n’en faut pas plus à chaque fois pour dérouiller mes articulations et me faire entrer d’un bond dans une drôle de folie. Pourtant la foule est restée statique derrière nous. Il me semble que c’est là que John a tenté sa première approche du public, mêlant ses mains au premier rang. Ralenti ensuite. Dream Maker. Agitation graduelle jusqu’au summum où Jean était complètement déchainé sur ses cordes, et retour au calme sur la fin. Le temps de quelques mots avant que Cold Love ne soit balancée sous les lumières rouges, suivie de Take It Easy où John a quitté sa chaise pour rapprocher son pied de micro de Jean. Et c’est ensuite qu’elle a résonné : Dragon. Avec son rythme orgasmique et ses notes lacérées, sans oublier le puissant final instrumental où John offre à chaque fois ses plus beaux déhanchés, elle me manquait depuis 2004, et entendre de nouveau un morceau d’Electronic Jacuzzi était juste jouissif (même si au regard des setlists de la semaine, elle annonçait la cruelle absence de High Voltage Queen). Dur d’enchaîner après ça, et pourtant. The Dragster Wave, quoi d’autre. Les paupières closes pour le début, les yeux embués ensuite, et l’envol du morceau avec les dernières phrases hurlées de toutes nos forces. Les mots deviennent inutiles après ça, c’est pourquoi 21st Century Crooners était la suivante. Steph a bien essayé de chauffer le public autour de nous mais nous étions bien seules à fredonner les notes tout en se mouvant dans tous les sens. Même après, pour Do you read me, sur laquelle John s’est drapé d’un drapeau belge récupéré dans la fosse, ça n’a pas vraiment décollé, sauf tout au milieu de la salle, et c’est là que j’ai abandonné, bien décidée à me donner à 200% quitte à être l’une des rares. Ce qui tombait bien, puisque John a alors dédicacé le morceau suivant « pour les vieux » et qu’ils se sont lancés dans une reprise énergique de Twist & Shout, chargée de sourires et de bonne humeur, qui m’a quelque peu vidée de mon énergie. Tellement que j’ai mis quelques secondes à reconnaître The End of The World, alors que c’est une de mes favorites de l’album, et que je l’attendais tellement, pour ne l’avoir encore jamais eu sur la tournée. A ma décharge, on a pu entendre quelques problèmes de sons pendant la soirée ; rien de bien grave mais quelques notes qui sonnaient étrangement à nos oreilles, assez pour échanger des regards interrogateurs avec Steph. Bref, The End of The World en live était juste comme je l’imaginais, j’aime ce que ce morceau dégage. John s’est senti inspiré lui aussi et a tombé la veste pour se lancer dans un slam qui a même surpris Maman. La suite a commencé avec une intro au piano, inconnue pour la plupart, mais qui a suffit à nous rendre hystériques, Steph et moi, puisqu’elle marque le début de Chocolate Tube. Beaucoup ne la connaissaient pas du tout, certains l’avaient déjà entendu, mais ils étaient rares à hurler les refrains avec nous et à se déchaîner comme sur aucun autre morceau. Pas de répit pour nos cordes vocales ni nos muscles avec l’électrifiant Kill the Surfers, où John s’est aventuré sur la batterie d’Antoine puis sur son clavier avant d’en sauter magistralement.

La pause était ensuite bien méritée et surtout bienvenue. Mais ils sont rapidement revenus sur scène et ont réussi à me surprendre avec This Light, l’oubliée des festivals, celle qui ruine le moral en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et ce final grésillant que j’aime tant, surtout en live, avec la même phrase qui se répète, et Greg qui se joint au chant... Pour le coup il s’est même déplacé jusqu’au micro de Jean pour terminer le morceau après avoir violemment lâché sa guitare. Comme sur l’album, c’est This War is Silent qui a enchainé. Je ne l’appréciais pas beaucoup à mes premières écoutes de l’album, mais c’est en live qu’elle prend toute sa dimension, c’est là que j’ai appris à l’aimer, et là j’étais encore une des premières au front. Quelques erreurs dans les paroles de la part de John m’ont perturbé mais l’énergie est montée et a continué son ascension sur Mine, où ils deviennent tous fous sur scène, et sur laquelle je donne tout à chaque fois, jusqu’à me retrouver prise en photo en train de secouer mes cheveux. Evidemment on n’a pas pu s’empêcher d’hurler les « Take it from you », même si cette fois le micro de Greg était un peu trop loin de nous.

Nouvelle pause et à leur retour, reprise dans le calme avec une nouvelle surprise : High Voltage Queen. Regard jeté vers une Nath en sueur mais en pleine extase. « You wanna try, try me and die ? Give me some love. », qu’on chantait à l’unisson. Pas la peine d’en dire beaucoup plus, si ce ne sont les frissons et de nouveau un final déchaîné. Je ne sais plus si c’est à ce moment-là que John a évoqué ses parents présents. Ça devait être bien avant. Mais peu importe. La fin se sentait de plus en plus proche et ils ont clôturé la soirée en beauté : Blow nous a ébloui et bouleversé avant de nous achever.

Derniers moments à la maison avec les regards traînant sur la scène, la setlist jetée pour moi par Maman mais qu’un bras plus long que le mien a intercepté, et une hésitation quant à aller quémander vers Christophe, mais l’air frais de l’extérieur était juste ce qu’il nous fallait après ça.


Mother Allegra / Mirror Mirror / The Dream Maker / Cold Love / Take it easy / Dragon / The Dragster Wave / 21st Century Crooner / Do you read me? / Twist & Shout / The end of the world / Chocolate Tube / Kill the Surfers // This light / This War is Silent / Mine // High Voltage Queen / Blow.


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jeudi 22 octobre 2009

"JE SUIS UN VOYAGE QUI ME RENDRA MON NAUFRAGE..."


Le coup de blues post-concert à la minute où le train a démarré. Aussi fort, ça faisait longtemps. Depuis eux, sûrement. Aussi fort, il n’y a qu’eux.

Ça s’est fait au dernier moment. Je ne tenais plus face aux comptes-rendus, aux photos, aux rencontres qui se faisaient sans moi, aux retrouvailles entre fans et avec le groupe. Alors j’ai craqué. Concert complet depuis des mois mais une place dénichée au prix d’achat, clic-clac de Marie réservé, et billet de train acheté.

Après de longues heures trop froides dans le train et un café bien chaud à la gare de Bordeaux, c’est un peu avant 7h que je suis descendue du tram, à côté de la patinoire. Pile en face des camions chargeant le matériel de ce soir, portes grandes ouvertes sur la salle juste derrière. Frissons. Un peu plus loin, j’ai rejoint sur les marches les tentes et les quelques silhouettes dessinées dans la nuit, c’était parti pour une journée d’attente. Fred est arrivée une heure plus tard, mon précieux billet dans son sac, et c’est en fin de matinée que Marie a décidé de se joindre à la file. En fin de compte, on a beau se plaindre de ses heures interminables dans le froid ou sous la pluie, des fans hardcores qui viennent de plus en plus tôt, des boulets et des groupies que l’on croise, des prises de tête parfois, ça me manquait. Ça, Cette ambiance particulière, les têtes connues qu’on salut à droite à gauche, les anecdotes échangées, les retrouvailles avec ceux pas vus depuis trop longtemps, les fous rires avec ceux qu’on ne connaissait pas une heure plus tôt, les partages de bonbons et gâteaux au chocolat, les allers-retours aux cafés environnants, les séances de maquillage, et juste cette sensation d’être parfaitement à sa place.

Dix minutes avant l’ouverture des portes, mes fesses étaient encore bien installées au sol et mes jambes avaient toute la place qu’elles désiraient. Au moment de la fouille, aucune poussée comme on a pu en connaître beaucoup, chacun tendant son sac sans mouvement d’hystérie. Et puis la course jusque vers la scène, une place au coin de l’avancée, entre Oli et Nicola, au deuxième rang.

Il y a eu encore un peu d’attente, et puis Asyl qui se sont avérés plus supportables que je ne le pensais, mais qui m’ont bien vite ennuyé ; j’ai décroché au bout de 3-4 chansons et j’en étais presque à faire ma liste de courses dans ma tête. Encore un peu d’attente encore, et les nouvelles chansons d’ambiance à apprivoiser. Et avec 5 minutes d’avance, le nouveau signal.

Je n’avais pas réalisé. Jusqu’à la première seconde, jusqu’aux premières notes et au nouveau rideau. Sûrement le fait que tout avait été précipité, que je n’avais pas eu le temps de me faire à l’idée, qu’il n’y avait pas eu le compte à rebours de jour en jour avec l’excitation qui monte. Et sans doute aussi cette appréhension depuis la sortie de l’album. Cette appréhension face aux nouveaux morceaux qui ne me plaisaient pas du tout aux premières écoutes, mais qui m’ont petit à petit apprivoisé tout en restant loin de mes préférées. Cette appréhension par rapport à l’Alice & June Tour, cette certitude personnelle que rien ne pourrait l’égaler, que rien ne pourrait être aussi fort, émouvant, bouleversant. Cette appréhension au regard de la nouvelle setlist sans trop de surprises.

Et finalement, ce concert-là. Où j’ai décollé sans même m’y attendre. Où tout m’est revenu en pleine face. Où je me suis souvenue que je les aime, et pourquoi je les aime. Où je les ai retrouvés.

Evidemment, rien ne sera aussi extatique que les notes de Soulwax précédent le show. Evidemment, rien ne sera aussi puissant que les petites filles et leurs tambours. Evidemment, rien ne vaudra une scène recouverte de pelouse et parsemée de fleurs. Evidemment, rien ne remplacera ces frissons à la montée en puissance de Dunkerque et Ceremonia, pendant Les Portes du Soir, à la vue de nos visages sur Punishment Park, ou en face de Crash Me et son clip. Evidemment, ces émotions resteront uniques.

Mais d’autres naissent. Différentes. J'ai vécu ce premier concert du Meteor Tour comme aucun autre de l’Alice & June Tour. Mais je l’ai vécu, et je l’ai ressenti, au plus profond. Comme avant.

IN. DO. CHINE.


Ouverture Republika Meteor / Go Rimbaud Go / Marilyn / Republika / Little Dolls / Play Boy / Punker / Drugstar / Le Lac / Le Manoir / J’ai Demandé à la Lune / 3ème Sexe (piano voix) / Tes Yeux Noirs (piano voix) / La Lettre de Métal / Un Ange à ma Table / Alice & June / Popstitute / Club Meteor (You Spin Me Round + Canary Bay + Les Tzars + Des Fleurs pour Salinger + Adora + Mao Boy) // June 2 / 3 Nuits Par Semaine / Junior Song / Bye Bye Valentine // L’Aventurier / Le Dernier Jour / Miss Paramount / Tom & Jerry // Je t’Aime Tant.


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mardi 13 octobre 2009

"YOU NEVER NEVER KNEW HOW THE HISTORY GOES !"


Vendredi dernier, avant de rejoindre Steph à Nice pour le week-end, j’ai profité de mon premier vrai pass photo. Autant pour Didier Super en juin, j’avais eu ma première accréditation, autant les conditions ne m’avaient pas permis d’en profiter au maximum. Mais là, vendredi, seule avec un appareil photo dans toute la salle, pass magique autour du cou, et doigts vissés sur l’objectif, je me suis sentie parfaitement à ma place pendant plus de 3 heures.

Le concert en lui-même, j’aurais du mal à en parler. Le Peuple de l’Herbe, au final, je connais très peu, je n’écoute quasiment jamais les albums, mais c’était la troisième fois que je les voyais en live, et à chaque fois je passe un excellent moment. C’est chouette à regarder, à écouter, à ressentir, qu’on connaisse ou pas. Leur énergie communicative, les jolies lumières, les ambiances différentes selon les morceaux, les personnalités diverses qui s’expriment, les instruments d’horizons éloignées qui se mêlent pour former un tout cohérent, le public carrément bouillant à en avoir un second rappel imprévu, avec tout ça y’avait déjà de quoi passer une très bonne soirée.

Alors à ça, il faut rajouter les bénévoles adorables de la salle, les membres des deux groupes jouant avec mon objectif, les sourires récoltés, l’obturateur qui crépite, le public me laissant accéder à n’importe quel coin de la salle, premier rang compris, l’appareil photo comme instrument magique permettant d’attirer vers moi les regards des musiciens, l’envie de capturer chaque seconde, chaque geste, chaque couleur, les traversées de la salle à la recherche du meilleur angle, le plaisir de ne pas se voir stopper après les 3 morceaux souvent réglementaires, la carte de 4 Go qui explose, et le sourire qui ne quitte pas mes lèvres.

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mardi 6 octobre 2009

"ARRETEZ DE VOUS REPRODUIRE. VOUS ETES DES ANIMAUX. VOUS ALLEZ CREVER."


Il y a 10 jours, c’était le Nouvel An Belge à Montmartre. Je zapperai le début du week-end avec l’arrivée de Steph chez moi, le voyage en train et notre après-midi parisien avec les garçons, même si c’était vraiment chouette tout ça aussi, pour aller directement à l’essentiel.

Après un apéro tardif et prolongé, c’est sur les coups de 23h qu’on grimpe les marches de l’Elysée Montmartre. Sur scène, Piano Club aux platines, derrière lesquelles je reconnais Anthony Sinatra des HPS. Ils sont 3 ou 4 à alterner leurs places, et leur set nous donne le temps de boire quelques bières, belges évidemment, tout en nous laissant nous imprégner du ton de la soirée.

Ils sortent de scène petit à petit et je tire les filles vers les premiers rangs avec l’espoir d’un visage connu à venir. Je ne me trompe pas, peu après c’est MVSC qui arrive pour chauffer la salle ! Coups d’œil vers Steph et excitation palpable lorsque Jean, pas vu depuis 2 mois, se place en face de nous. On reconnait certains morceaux et d’autres moins, on s’étonne de certaines notes piquées à Ghinzu et on profite de leur toute première date en France. Le set est énorme, les mecs sont énergiques, le mélange électro et rock est parfaitement dosé, le tout envoie encore plus de puissance qu’en version studio, la batterie et la guitare des deux frères font vibrer les corps ! Et bordel, voir 3/4 de Montevideo et Jean qui chante tout seul et pas juste pour les chœurs, c’est... fort.

Après une courte pause, il est déjà plus d’1h du matin, et ce sont les très attendus Vive la Fête qui enflamment la foule. Je connaissais rapidement version studio, sans vraiment adhérer ni détester, mais j'en avais tellement entendu à propos de leurs performances live que j'avais hâte de les voir enfin. Et en effet, ils emportent l’Elysée Montmartre et font monter la température à 1000 degrés en un rien de temps. La majorité du public (belge pour la plupart) est apparemment là pour eux, et tout le monde sa lâche complètement, ça saute et ça crie de tous les côtés, Steph s’aventure dans les pogos des premiers rangs et je ne tarde pas à la suivre. Sautant un peu partout et poussée de tous les côtés, c'était parfait à vivre comme ça.

Le temps de se rafraichir rapidement, de croiser Pierre W., et il est 2h13 tapantes, l’heure de cette "nouvelle année", le compte à rebours est repris par la foule pendant que des goodies aux couleurs belges sont jetés de scène, et enfin explosent les canons à confettis, des rouge, des jaune et des noir flottent au-dessus de nos têtes, tout le monte s’embrasse, les plus parfaits inconnus nous font la bise et un chapeau atterrit sur la tête de Steph.

Rapide apparition d’un sosie de Johnny Hallyday pour quelques chansons et je croise Mr Veste-en-cuir en cherchant les filles près du 3ème pilier. Grand sourire mythique et regards silencieux entre deux bises et une bonne année souhaitée, puis il s’échappe entre les rideaux noirs vers sa seconde prestation. Je retrouve les filles alors que nos très attendus John & Jean sont déjà sur scène et c’est en nous faufilant avec plus ou moins de mal que nous regagnons les premiers rangs. S’en suit un dj set de folie alors que les barrières s’offrent à nous : Prodigy, Mr Oizo, MGMT, Gossip, Ghinzu, Motorhead, Daft Punk, et d’autres morceaux légendaires s’enchainent, les corps se serrent et s’échauffent, la chaleur se fait suffocante, mes jambes ont de plus en plus de mal à me supporter et je crains de ne pas tenir le coup jusqu’au bout, mais je ne songe pas à m’arrêter une seule seconde, les yeux fermés ou bien plongés vers les leurs, je saute sans ménagement, mes bras remuant dans tous les sens et l’esprit complètement déconnecté. Le final sur Purple Rain m’achève, je finis entièrement trempée et totalement à bout de force, mais putain que c'était bon.

Ruée vers le bar pour essayer de nous remettre, au son des Waxdolls et des suivants que je ne suis que d’une oreille distraite. Regard dans le vague, j’aperçois quelques visages connus qui nous croisent, et lorsque je manque de m’allonger sur la table, je sors retrouver les fumeuses après une dernière bise à John.

Le reste de la nuit mériterait encore des dizaines de lignes, rien que pour raconter la recherche intensive de nourriture et le fight autour du poulet, ou évoquer le soi-disant étudiant en psychologie qui nous sort des trucs de magazines, mais c’est pas comme si ce genre de trucs nous arrivait TOUT LE TEMPS, voyons.


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jeudi 20 août 2009

P.S. I LOVE YOU.

- I don't mean to throw this at you, but what do women want? I can't figure it out. They want us to ask. They don't want us to ask. They want us to make a move, not make a move. They want us to be on bottom, be on top. Use hair products, don't use hair products. What do you people want?

- I'll tell you, but you have to promise not to say I told you.

- L... I swear.

- Because it's a sacred secret.

- Sacred secret.

- You ready? You sure?

- Yeah. I think so.

- Come here. [...] We have absolutely... no idea what we want.

mercredi 12 août 2009

ALDOUS HUXLEY, LE MEILLEUR DES MONDES.

« Je veux savoir ce que c'est que la passion, lui entendait-elle dire. Je veux ressentir quelque chose avec violence. »

« Parce qu'il avait tant de choses insensées, follement douloureuses, sur lesquelles il pouvait se surexciter. Il faut qu'on soit blessé, troublé ; sans quoi, l'on ne trouve pas les expressions véritablement bonnes, pénétrantes, les phrases à rayon X. »

« Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu'on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Et le fait d'être satisfait n'a rien du charme magique d'une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d'un combat contre la tentation, ou d'une défaite fatale sous les coups de la passion ou du doute. Le bonheur n'est jamais grandiose. »

vendredi 31 juillet 2009

"THIS IS THE FIRST DAY OF MY LAST DAYS !"


Mardi 28 juillet, un peu plus de 10h, après un peu de stress dans la voiture, nous arrivons enfin devant les Arènes. Les barrières se mettent en place, le soleil ne tape pas encore trop fort, et nous sommes parmi les premiers. Notre petit campement se monte vite, dans l’espace de gauche. Réserve d’eau fraiche, parasol et bouquins sont de sortie, c’est parti pour une nouvelle journée d’attente, comme je n’en avais pas faite depuis un petit moment. La chaleur monte à mesure que les heures passent, les t-shirts noirs se comptent par dizaine, et les passages au Quick du coin se multiplient. Ca parle de musique, surtout, de groupes en commun, de concerts passés et de tournées à venir, de rencontres dans les files d’attente, de souvenirs partagés et d’anecdotes personnelles. Cath nous rejoint en fin d’après-midi et c’est peu avant l’ouverture des portes que mes attendus Yann et Coco saluent notre petit groupe.

Course dans les couloirs des arènes avant de frapper du pied le sol brûlant. A l’autre bout, ma place au premier rang m’attend et je ne tarde pas à la rejoindre. Hop, les mains sur la barrière, le micro tout près, et eux étalés à mes côtés. Le temps passe vite entre les discussions qui se poursuivent, les coucous à droite à gauche et les regards qui détaillent les gradins.

Alec Empire ouvre la soirée devant des Arènes à moitié vides mais c’est une première partie exceptionnelle qui nous est offerte. Pas le temps de laisser l’ambiance flotter, le son lourd est balancé sans plus attendre. Alec m’hypnotise par son assurance dosée d’arrogance et la puissance de sa performance, alors que Nic Endo me charme par son attitude froide et impassible derrière ses Ray Ban et ses lèvres rouge sang. Les morceaux martèlent mes tympans, je prends ma première claque de la soirée. Les poings se lèvent et les bras s’agitent en rythme, Alec joue avec la foule et n’hésite pas à venir chercher ce public qu’il doit conquérir avant le monstre Nine Inch Nails, le premier rang le soutient d’un bloc lorsqu’il monte sur la barrière, avant de parcourir l’allée entière devant nos mains tendues et de frapper dans la mienne. Un rien de temps passe et déjà ils quittent la scène, ayant férocement tenu la promesse que leur nom annonçait, j’en retombe satisfaite comme jamais après une première partie.

[…]

Il fait presque nuit mais pas tout à fait encore, la musique d’ambiance se tait, et sur la scène, Ilan, Justin et Robin sont les premiers, avant que Trent n’apparaisse dans le fond. Il marche lentement vers le micro, t-shirt blanc et pantalon crème, bras croisés dans son dos, captivant tous les regards. La foule autour de moi ne se tient plus, mais ma bouche bée reste muette d’admiration. C’est Dieu qui s’avance vers moi, et m’en voilà toute secouée après quelques secondes seulement. Mais ensuite il attrape le micro et c’est une montée d’adrénaline immédiate.
Après ça, l’heure et demie suivante n’est qu’une énorme claque absolument indescriptible. En quelques chansons mes côtes se retrouvent jumelées à la barrière et elles n’en décolleront pas, mais la douleur se fait oublier. Le son éclate et se resserre autour de moi. Le charisme ahurissant de Trent, l’attitude unique de Robin, Justin et Illan totalement impressionnants m’ensorcèlent. Parfois mes paupières se ferment, pour ne laisser plus que le son s’infiltrer dans chaque cellule de mon corps. Les paroles les plus marquantes sortent de ma bouche en un hurlement, mon corps entier se tend vers la scène et mes pupilles en prennent de toutes les couleurs. Les bras d’Ilan semblent par milliers s’abattre sur la batterie. L’investissement de Justin à la basse se ressent dans chaque morceau, mais c’est lorsqu’il prend la contrebasse qu’il me conquiert. Le charme de Robin me porte tout le long, entre guitare électrique, guitare folk et piano. Et puis Trent, courant et jonglant entre les micros, sa guitare, ses divers claviers et tables de mixage, semble partout à la fois et confirme sa suprématie musicale. Les lumières de fous et la fumée nous transportent ailleurs, le son nous fait décoller et le sang dans mes veines paraît bouillir, le set me fait l’effet d’un shoot de je-ne-sais-quelle drogue encore inconnue. Quelques fois le regard de Trent perdu dans la foule semble croiser le mien, moments furtifs où nait cette impression étrange qu’il me lit complètement, qu’il me transperce de part en part et que je n’appartiens qu’à lui.
La notion de temps est complètement distordue et la nuit s’écoule à une vitesse folle ; Hurt s’achève sur des larmes et 2 secondes après leur apparition tout est déjà fini.

Impression finale d’avoir été renversée par un 38 tonnes.


Home / 1.000.000 / Letting You / Sin / March of Pigs / Piggy remix / Metal / The Line Begins To Blur / Head Down / Burn / Gave up / La Mer / The Frail / The Wretched / Non Entity / I Do Not Want This / The Downward Spiral / Wish / Survivalism / Mr. Self Destruct / Echoplex / The Hand That Feeds / Head Like a Hole // Hurt.


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jeudi 16 juillet 2009

"MAGIC PEOPLE, VOODOO PEOPLE !"


Vendredi 10 juillet. Un TGV aux sièges rouges et violets, direction Bruxelles, blindé de gamins. Première étape du week-end : Lyon. Le temps d’un café, du train de Steph en retard, de pages de magasine féminin, et hop, sauter dans un ter. Deuxième étape : Annecy. Paysage urbain qui laisse place aux montagnes et aux lacs clairs, et retrouver Cath et Laurie dans la petite gare. NIN en fond sonore dans la voiture, EZ3kiel sur les murs et les étagères, décor savoyard face au balcon, et discussions musicales jusqu’à un peu tard dans la soirée.

Samedi 11 juillet. Après une bonne nuit de sommeil sous les températures fraiches et un repas qui s’éternise autour d’un café, départ pour le centre-ville. Promenade touristique au bord du lac, photos souvenirs, conversations qui tournent autour de nos sujets cultes, découverte des petites rues piétonnes et un Coca bien frais à l’ombre d’une terrasse.

Et la troisième étape : Aix-les-Bains, et le festival Musilac. Quelques minutes de navette et une courte marche avant que nos billets ne soient scindés en deux. Les Wampas sur scène à notre arrivée, Où sont les femmes qui se dresse jusqu’à nos oreilles, mais se passer de la fin de leur set sans vraiment le vouloir et découvrir le site. Bracelet rouge autour du poignet, concours tirage au sort et point de rendez-vous.

Les Bombay Bicycle Club qui prennent le relais sur la seconde scène et resteront notre fond sonore le temps de faire le tour du festival. Atterrir devant le stand Fnac en attendant le rendez-vous reporté d’avec Ghinzu. Didier Wampas et son pantalon moulant rose à quelques mètres de nous, longue file de dédicaces qui s’égrène lentement et Didier qui s’attaque ensuite aux dizaines de personnes derrière les barrières, nous gratifiant chacune d’un baiser sur la joue. Distribution sommaire de pass pour Ghinzu, Steph qui en récupère un face à mon visage dépité. Quelques secondes seulement, le temps de me retourner et de sauter sur une jeune fille déçue tendant le précieux devant moi.

20h30, Gossip qui investit la scène de gauche, et les silhouettes belges à quelques mètres de nous. Regard tendu vers les écrans, le son qui nous parvient en attendant notre tour, petits déhanchés de rigueur, et coucou de Maman en t-shirt vert. Et puis John, Antoine, Jean, Greg. Les retrouvailles des deux côtés, leurs phrases cultes et leurs questions, le champagne et la famille, les sourires et les regards, les petits dessins au dos du pass, et la bise à Maman.

Se faufiler en vitesse au cœur de la foule devant Gossip, s’infiltrer entre les rangs pour gagner une meilleure place. Partager les regards entre la scène et les écrans. Le guitariste et sa chemise conceptuelle et Beth qui capte toute l’attention dans sa robe à fleurs. Sa voix qui s’élève entre les arbres, son aisance et son énergie qui portent le public, sa descente de scène et son bain de foule. Standing In The Way Of Control qui marque l’approche de la fin du set, et notre remontée à contre-courant vers le stand de hot-dog.

Pause dans l’herbe durant Camille et son set qui nous semble bien trop long. Petit incident au goût de poivre et voyage forcé dans la moitié du festival. Le son qui se tait, notre avancée vers la scène qu’elle vient de quitter, un aperçu de t-shirt vert avant que le rideau ne se ferme, et nos fesses posées au deuxième rang.

23h00. The Prodigy sur la scène à notre gauche et sur les écrans au-dessus de nos têtes. La foule immense à quelques dizaines de mètres de nous, mais notre place presque idéale pour apercevoir le groupe se déchainer. Alterner les instants où l’on se laisse emporter par le show en tous points hypnotisant et les moments de calme en prévision du concert suivant. En prendre tout de même plein les yeux et les oreilles, sentir le son lourd parcourir le corps entier et les basses le pénétrer, et l’envie de se joindre à la foule vibrante, hors de tout contrôle.

La nuit bien installée lorsque le son se tait et que la foule s’éparpille, laissant quelques adeptes rejoindre les rangs derrière nous. Les mains sur la barrière, prête à les recevoir, prête à les entendre, prête à vibrer avec eux pour ma septième fois cette année.

00h35. Ghinzu. L’ancienne intro Star Wars qui retentit, façon clin d’œil à la tournée Blow. Setlist classique qui suit et les morceaux qui s’enchainent mais bien trop vite, mon corps qui gagne le premier rang et se libère, nos belges qui m’hypnotisent comme ils savent le faire et l’esprit qui se déconnecte du monde réel. Le groupe joyeusement très à l’aise sur la scène, la communication exceptionnelle avec le public, l’énergie qui monte jusqu’à l’orgasme, et ce truc spécial qu’ils libèrent de morceau en morceau. Le costard de Greg, le regard de John vers nous, le blouson de cuir de Jean qu’il ne doit jamais enlever, le plaisir unique de retrouver Mika et sa classe exceptionnelle, les frappes déterminées d’Antoine qui quitte bien vite sa capuche et ses manches longues. Les larmes incontrôlables sur The Dragster Wave, nos deux seules voix hystériques sur les refrains de Chocolate Tube, John qui s’étale par terre durant Kill the Surfers, la frénésie aux premières notes de Blow et les souvenirs marseillais sur Mine, John qui s’allonge sur scène, John encore qui la quitte pour se joindre à nous, sa main dans la mienne pendant quelques secondes, Maman qui vient à son secours bien souvent, et la culte montée sur le clavier qui ne se verra assistée d’aucun secours. Les petits défauts qui font tout, les phrases-clefs et les regards entre ZDP, nos voix qui chantent et hurlent et montent en chœur, ce bonheur extatique qui nous électrise, le corps qui s’agite et saute à s’en épuiser, les coups de coude douloureux dans les côtes offerts par mes voisins immobiles, mais rien qui ne m’arrête, profiter de chaque seconde de cette grosse heure offerte ce soir sous les étoiles.

[…]

Birdy Nam Nam un peu plus tard, regarder les lumières s’agiter, puis les yeux fermés se laisser emporter par le son. La nuit qui file et le temps de rentrer. Le regard dans le vague, les souvenirs qui se forgent et les images de la soirée qui repassent en boucle, sourire idiot collé aux lèvres.


Ghinzu : Intro "Star Wars" / Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take It Easy / The Dragster-Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me? / Chocolate Tube / Kill The Surfers // Blow / Mine.


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lundi 6 juillet 2009

VALÉRIE VALERE, OBSESSION BLANCHE.

« Silence... Silence obsédant dont l’éclat jaillit dans l’ombre de la nuit comme une seconde accusation. Blanc, couleur morose qui ne dit que l’absence, qui ne dit que l’attente et ne parle que d’oubli. Mémoire infidèle dont les doigts tâtonnent sur l’horizon immense d’un univers désormais insaisissable sans jamais en retrouver le chemin. »

« Le bruit régulier du tic-tac emprisonne son esprit. Il voudrait ne plus avoir à réfléchir, ne plus avoir à crier dans le silence de son angoisse, ne plus sentir la présence méfiante et farouche de ces feuilles qui toujours attendent quelque chose de plus grand. Il aimerait ne plus vivre ou vivre dans une sorte de néant qu’aucune voix ni aucun regard ne pourrait atteindre, vivre dans une mort prématurée qui lui livrerait le mystère de sa profondeur tout en le libérant de sa prison d’oubli. »

« Peut-être s’est-il égaré dans le labyrinthe d’une nuit à force de chercher en vain la seconde partie de lui-même. »

« Rues désertes, odeur étrange de la nuit, impression d’oubli qu’apportent les errances sans voyage. Ils ne parlent pas. Ils s’observent furtivement de temps à autre comme pour s’assurer de leur présence, liés par un accord tacite lancé dans leur silence. Gene sourit à l’enfant qu’il vient de retrouver. Un enfant qui s’était perdu et qu’un homme attentionné à adopté. Il s’occupe de lui, s’inquiète de lui et l’emmène loin de sa douleur... Il se complaît dans cette sensation grisant puis essaie brusquement de se révolter : "Tu deviens vulnérable, fragile..." »

« Il se laisse aller dans ses bras, réconforté par cette chaleur, enivré par cette tendresse. Une main se colle sur sa taille, un sourire lui parle, un regard l’écoute. Il donnerait n’importe quel mot pour que ce moment dure toute une vie. »

« L’eau lui gifle le corps. Rageusement, il frotte sa peau au gant de crin comme pour faire partir les traces du contact physique. Méthodiquement, énergiquement, il frotte, n’arrête plus de frotter mais les plaies provoquées par les caresses deviennent sans cesse plus douloureuses. Elles s’élargissent, s’agrandissent, s’étalent, son corps n’est plus qu’une immense blessure envahie de pus et de sang. Il sent encore les mains prestes de l’homme sur sa peau, il voudrait les chasser, les écraser et les détruire mais elles se sont blotties sous son derme et courent en tous sens ainsi qu’une fourmilière grouillante, insectes de sa mort qui peu à peu le rongent... Il tourne le robinet bleu, un jet d’eau glacée le suffoque mais qu’importe, il lui faut anéantir ce souvenir. De plus en plus furieux, il recommence à frotter en partant des pieds et en remontant jusqu’aux épaules. Il tremble tout en s’acharnant à se meurtrir davantage, pas un millimètre carré de sa peau ne lui échappe mais l’image de son corps imbriqué dans celui de l’homme est toujours là, devant ses yeux... Et il n’y a plus que cette image, cette unique image. Elle est partout ; sur le rebord du lavabo, sur la surface beige du gant de crin, sur l’émail de la baignoire, dans les gouttes d’eau coulant sur sa peau... Cette image, sur le plastique rouge du robinet... D’un geste nerveux, il le tourne et aussitôt un jet bouillant le frappe en plein visage, milliers d’aiguilles qui le défigurent... »

mercredi 1 juillet 2009

"JE SURVEILLE LES PANNEAUX BLANCS POUR VOIR SI MAMAN VIENT S’ACHETER UN CHAPEAU."


Samedi 13 juin, 7h du mat’, tente et sacs sur les épaules, départ pour un week-end de péripéties diverses, direction le festival Skabazac dans l’Aveyron.

En quelques mots-clefs :

Temps caniculaire, champs déserts, mouches, B. Molko qui traverse la scène, verre souvenir, Greg Antoine et Mika, soleil de plomb, the Kebab of Destiny (épisode II), mecs complètement bourrés, Patrice tu gères, Juliette Lewis je t’aime, Ghinzu 1000 fois mieux qu’à La Musicale, musique de Skins et sprint, Suicidal Tendencies ta gueule, ciel étoilé, affiches décollées, autostop.


Ghinzu : Blow / Cold Love / Mirror Mirror / Dream Maker / Take It Easy / The Dragster Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me / Chocolate Tube / Kill the Surfers.


[ photos Juliette Lewis ]

[ photos Ghinzu ]

mardi 23 juin 2009

HE'S JUST NOT THAT INTO YOU.


"Why do women do this? Build up this stuff in their minds, take each little thing a guy does, and then twist it into something else?"

mercredi 10 juin 2009

"PRENDRE UN GROS CON PAR LA MAIN."


Jeudi dernier, Didier Super à Avignon, et c’était juste la classe, déjà parce qu’arriver à la billetterie et annoncer « j’ai une accréditation pour Stéphanie T., pour Live in Marseille », et recevoir la petite invitation en échange, ça faisait des années que j’en rêvais.

C’était dans un tout petit théâtre du centre-ville, le genre de truc pour 100 personnes, avec du velours rouge sur les strapontins. Bout du premier rang pour moi, photos obligent, un journaliste à mes côtés.

Pour la première partie, un belge nommé Daniel Hélin : chanson théâtrale, réalisme poétique, humour corrosif et bonne humeur à foison. Un genre de préparation en pointillé pour ce qui va suivre, suffisant pour chauffer les zygomatiques. Et une mention spéciale pour le riff de Nirvana.

La majorité de la salle a ensuite profité de l’entracte pour sortir prendre l’air ou se retrouver au bar, alors qu’avec les cinq ou six personnes encore assises autour de moi, nous assistions aux préparatifs de la scène et aux vas-et-viens non pas de Didier Super, mais bien d’Olivier et de son t-shirt du Brise-Glace.

Et après. Ben après, justement, ça ne se raconte pas. Un spectacle de Didier Super, c’est du tout et du n’importe quoi, surtout du n’importe quoi. Un mélange de blagues préparées et d’improvisation avec le public, au point qu’on n’en distingue parfois pas l’une de l’autre. Le tout porté par des chansons qui vont plus loin les unes que les autres, et nous montrent parfaitement l’absence totale de limite sans qui Didier Super ne serait plus le même. Plus d’une heure et demi à flipper que son regard s’arrête sur soi et décèle un petit quelque chose à dévoiler au reste de la salle. Mais surtout, plus d’une heure et demi de fous rires en tous genres.

Une heure et demi, sans compter le rappel, totalement et délicieusement désorganisé : un jeté de clopes généreux du public, Didier nous invitant à le suivre dans le jardin du théâtre, et les prémices d’une comédie musicale sur les coups de minuit, sans pitié pour les voisins tout proches.


[ photos ]

jeudi 21 mai 2009

"YOU PUCKER UP OUR PASSION SPENT..."


La Musicale de Canal+ au Bikini, ou comment je me suis fait chier devant Placebo.
A Song To Say Goodbye, qu’il chantait, alors que juste en face, me passaient en tête toutes ses images de ma jeunesse, ces temps où ils comptaient, et ce qu’ils me faisaient ressentir à l’époque.

Mais reprenons du début.

Et le début, c’est lundi 11, la mise en vente des places, quelques jours seulement après l’annonce de l’évènement. Du rapide, quoi. Ghinzu et Placebo le même soir, dans une salle que j’aime, à 2h de chez moi, je saute sur l’occasion. J’avoue, j’avais beaucoup d’appréhensions quant à Placebo, le renouveau du groupe ne m’enchantant guère, et c’est Ghinzu qui m’a avant tout convaincu de faire le déplacement.

Dimanche matin, donc, train pour Toulouse. Grand soleil à mon arrivée, le chemin à métro puis celui à pieds dans Ramonville que je commence à bien connaître, et les alentours du Bikini... Déserts. Alors que j’imaginais les fans de Placebo campant là dès les premières heures du jour, les assimilant presque à certains campeurs déjà croisés dans le coin. Il faut croire que les fans Indochinois demeurent encore un peu un cas à part.

Les balances de Placebo, peu avant midi, et les répétitions de Battle For The Sun qui s’enchainent et qui esquissent malgré tout un petit sourire aux coins de mes lèvres ; la voix de Brian Molko restera toujours unique. L’arrivée de mes belges juste après ; le grand bus noir qui s’avance dans le parking, Maman qui tape le code du portail, ses chaussures vertes, et Greg tong aux pieds.

Et puis les heures qui filent, entre un sandwich englouti en vitesse, les têtes connues toulousaines qui débarquent, les coups d’œil à travers les vitres vers Ghinzu & Co en plein repas, les connaissances qui se tissent, les excursions à l’arrière de la salle, un Greg qui prend le soleil, une expédition toilettes qui nous mène vers les bateaux en réparation, et une autre vers divers buissons et bâtiments déserts. Des Schtroumpfs grignotés, trop d’Indochine à quelques mètres de nous, quelques airs de Ghinzu échappés de mon portable, les cartes qui font leur sortie, et plusieurs parties qui me verront Présidente. L’arrivée de Jeff, les discussions musicales, le jeune Steve qui passe à quelques mètres de nous, capuche sur la tête et mèche blonde qui dépasse, et puis Milie qui me rejoint.

Plusieurs fois, on nous annonce l’ouverture des portes pour 18h, ainsi que l’interdiction formelle de tout appareil photo. 18h passées de quelques courtes minutes, la barrière s’ouvre, fouille au corps et inspection minutieuse du sac, appareil non détecté qui passe, mais qui restera pourtant à mes pieds toute la soirée. Les doubles portes noires, le Bikini pour la troisième fois, et hop, mes mains sur la barrière, à gauche.

19h. The Jim Jones Revue. Et ça démarre fort. Les anglais sont déchainés dès les premières secondes, les instruments crachent leurs notes et électrisent la salle. Énormément d’énergie, groupe décalé et ambiance rétro originale, tant dans le son que dans le visuel. Look soigné au détail près, je remarque un scorpion dans la boucle de ceinture de Jim Jones. Le même qui, au milieu du set, nous invite à nous dévêtir ; manque de réaction dans le public, un peu pris au dépourvu. Je sautille sur place, ne voyant pas le temps passer malgré la forte attente des suivants. Coup de cœur pour le bassiste, et pour le clavier totalement déjanté. Bref, à revoir.

19h30, ils sortent de scène, et mes têtes connues s’affairent entre les néons, les amplis, les instruments et les tonnes de câbles, sans oublier les indispensables bières déposées par Maman. Je trépigne d’impatience. Et puis 20h approchent...

Ghinzu. Larmes aux yeux rien que de les voir arriver. Tout juste plus d’un mois que je les ai quitté, mais c’est dingue comme ils me manquaient, et l’effet que ça me fait de les retrouver. Sur scène, pour la première fois, Jean et Antoine ont également revêtu le costume noir symbolique du groupe. Mother Allegra ouvre le set, et comme à chaque fois je plonge à la première note. Des problèmes de son me froissent pourtant les oreilles, John en semble perturbé et se trompe magistralement dans les paroles. Le public me semble peu réceptif et l’ambiance générale un peu froide le temps des premiers morceaux. Je me sens un peu perdue au premier rang, seule à chanter, crier, sauter. Greg me fixe fredonner les paroles, un peu étonné. Mais les soucis techniques sont bien vite affaire classée, et après Cold Love mise de côté, Take It Easy prend ses droits, peu à peu le ton monte sur scène, et le public suit. Une fois de plus je n’arrive pas à retenir les larmes sur The Dragster Wave, émotions mêlées ce soir. Do You Read Me achève de convaincre les derniers réticents et les plus calmes, la salle s’enflamme et restera chauffée à bloc pour les morceaux suivants, dont un Chocolate Tube inconnu mais électrisant. Je suis fière d’eux, à ce moment-là. Même si dans l’ensemble, je les ai trouvés plutôt calmes et raisonnables, ne pouvant et n’osant sans doute pas se lâcher autant que face à leur public. Notons tout de même l’aventure de Greg sur les bords de la scène, envahis des divers câbles électriques, manquant de plonger vers nous, pendant que Kill the Surfers me ramène à Marseille. Et les belges nous quittent sur mes souvenirs.

Les setlists trempées et chiffonnées sont distribuées au hasard des premiers rangs, je me démène alors avec les roadies anglais pour récupérer la dernière, aidée du vigile en face de moi. C’est finalement Maman qui arrive et la détache avec soin, avant de me la tendre dans un sourire.

Longue attente avant les derniers de la soirée, on discute avec nos voisins, et les très sympathiques vigiles comme on n’en voit que trop rarement ; anecdotes de concerts, souvenirs positifs ou négatifs sur tel ou tel artiste, et divers avis sur les groupes de la soirée. Pendant ce temps, le décor a changé, et le micro Molkien se dresse à un mètre de moi.

21h15, le noir se fait, excitant la salle qui pour la grande majorité n’attendait que Placebo depuis le début. J’aperçois rapidement le visage de Stefan se détacher dans l’unique lumière des backstage, et quelques secondes plus tard, Bill, le jeune Steve, les nouveaux Nick et Fiona, et enfin, petit Brian suivi de grand Stef gagnent la scène pour entamer Kitty Litter, sous les applaudissements enjoués du public. La plupart des morceaux du prochain album nous sont présentés, agrémentés des quelques tubes habituels, tels que Special K ou Song To Say Goodbye. Au fond de la scène, un écran tout en largeur, mais bien trop bas pour y voir clairement, je n’y lirai rapidement qu’un GAME OVER. J’observe le jeune Steve avec beaucoup d’attention ; étrange sensation de le voir derrière les futs, à la place de son homonyme brun dont le sourire me manque. Il joue fort, très fort, avec beaucoup de fougue et d’empressement. Ça me faisait peur, mais finalement ça me plait, surtout sur les anciens morceaux, surtout sur Black-Eyed. Il n’y a que sur la douce Follow The Cops Back Home que son jeu me dérangera, dénaturant trop la chanson pour moi. Fiona, qu’on n’entend que très peu, alterne entre violons et divers instruments mais se retrouve souvent mains vides en attente ; elle remontera dans mon estime à la fin, avec son thérémine. Bill se fait discret, entre guitare et claviers, presque caché au fond de la scène, et le nouveau Nick me laisse plutôt une mauvaise impression. Stef, lui, reste étonnamment très réservé tout au long du concert, quant à Brian, c’est étrange de le voir d’aussi près. Il a pris un coup de vieux et bat le record du monde du nombre de grimaces en une minute lorsqu’il chante, mais il est souriant comme jamais et s’adresse même à nous à de multiples reprises, s’approchant même du bord de la scène deux ou trois fois.

J’aurai un coup de cœur pendant une intro où Brian et Stef se retrouvent à jouer face à face en se regardant, et je garde imprimées en tête quelques images empreintes de nostalgie, comme le regard de Brian croisant le mien à plusieurs reprises, ou son jeu de guitare mémorable. Mais leur set est loin de me convaincre, les nouveaux morceaux de m’emballer, et leur présence scénique de me suffire. Je m’ennuie et n’arrive pas à rentrer dans le concert. Brian se trouve à un mètre seulement, presque à portée de bras, et pourtant j’ai cette désagréable impression de ne pas voir Placebo en face de moi. Ce n’est peut-être pas totalement de leur faute, j’ai encore la tête en partie avec Ghinzu, et un certain esprit de jugement avec lequel je suis venue. Ils m’ont déçu, plusieurs fois, sur scène, mais jamais encore ils ne m’avaient autant empli de vide. Leur show très pro, trop carré, sans surprise et sans aucune prise de risque, me donnera même plusieurs fois envie d’aller finir le concert au fond de la salle. Je résiste et reste, espérant le déclic, de ma part ou bien du leur, mais je finis le concert en applaudissant seulement par politesse. Une fois tout le monde sorti de scène, le jeune Steve lance ses baguettes au milieu de la salle, s’approche du public et serre quelques mains avec un grand sourire, faisant naitre en moi un faible espoir, celui de le voir déteindre sur le reste du groupe, et de leur apporter le grain de folie qu’il leur manque.


Ghinzu : Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take It Easy / The Dragster Wave / 21st Century Crooners / Do You Read Me? / Chocolate Tube / Kill The Surfers.

Placebo : Kitty Litter / Ashtray Heart / Battle For The Sun / For What It’s Worth / Black-Eyed / Speak In Tongues / Follow The Cops Back Home / Every You Every Me / Special Needs / The Never-ending Why / Happy You’re Gone / Special K / Song To Say Goodbye // Infra Red / The Bitter End // Taste In Men.

mercredi 13 mai 2009

VLADIMIR NABOKOV, LOLITA.

« Quand je me retourne vers le passé, les mois et les années de ma jeunesse semblent filer au vent du souvenir, errant en une nuée de lambeaux identiques et pâles, telles ces tempêtes matinales de papiers chiffonnés que le voyageur voit tourbillonner dans le sillage du train. »

« Je parcourus un trottoir ombré de bleu en épiant l’autre, qui était métamorphosé féériquement par la lumière du matin – un de ces jeunes matins d’été, tendre et presque fiable, avec çà et là des reflets de verre, et qui semblait flageoler, comme près de défaillir devant la perspective imminente de la chaleur intolérable de midi. »

« ... je la regardais et la regardais encore, et je savais, aussi clairement que je sais que je dois mourir, que je l’aimais plus que tout ce que j’avais vu ou imaginé en ce monde, ou espéré dans l’autre. Elle n’était plus que l’infime odeur de violette – un écho bruissant sous les feuilles mortes – de la nymphette d’antan, sur qui je m’étais roulé en rugissant ma joie ; un écho au bord d’un abîme mordoré, avec une forêt lointaine sous le ciel blanc, et un ruisseau étouffé par des feuilles brunies, et un dernier grillon dans les hautes herbes sèches... Grâce à Dieu, ce n’était point seulement cet écho que j’adorais. Ce que je choyais naguère, parmi les sarments tortueux de mon cœur – mon grand péché radieux – s’était réduit à son essence : le reste, la lubricité égoïste et stérile, tout cela était aboli, maudit. Vous pouvez me couvrir d’injures, menacer de faire évacuer la salle – tant que je ne serai pas étranglé par vos bâillons, je crierai ma pauvre vérité. L’univers saura combien j’aimais Lolita, cette Lolita, blême et polluée, et grosse de l’enfant d’un autre, mais toujours la même – avec les mêmes yeux gris, les mêmes cils fuligineux, les mêmes harmonies châtain et amande amère – oui, la même Carmencita, mienne, mienne à jamais ! »

« Je couvris mon visage des deux mains et fondis en larmes – les larmes les plus brûlantes que j’aie jamais versées. Je les sentais ruisseler entre mes doigts et le long de mon menton, et me suffoquer – mes narines étaient obstruées, je ne pouvais me maîtriser, et soudain, elle me frôla le poignet.
″Je vais mourir si tu me touches″, dis-je. »

mardi 12 mai 2009

"COMBUSTIBLE TEARS, DESTRUCTIBLE FEARS."


Un mois pour essayer de l’écrire. De nombreuses tentatives vaines, des essais avortés. Les souvenirs qui se mêlent et les mots au bout des doigts qui deviennent confus. Alors... Chut.

Une longue semaine d’avril 2009. Un dépaysement belge en quatre étapes françaises. Un marathon majoritairement improvisé et rempli de surprises.

Des tas de souvenirs à ranger là-haut, derrière une porte fermée à double tour. Pas pour oublier, loin de là. Juste pour conserver tout ça égoïstement, pour ne pas en perdre une miette, pour ne pas éparpiller ces paillettes n’importe où.

Des mots-clefs qui ricochent sur les murs, entremêlés de quelques noms propres. Des images collées à jamais sur le papier peint. Leurs voix et leurs mots qui résonnent au centre de la pièce. Leur musique soufflant sur les rideaux.

GHINZU.

vendredi 3 avril 2009

"WE ALL WANT TO FUCK OURSELVES AND RAPE THE WORLD."


Un peu plus de 2500km au total, pour un seul concert. Ou les débuts de la folie, parait-il. Mais c’est pas comme si ça induisait un week-end bruxellois avec elle, comme si j’étais curieuse de les voir depuis quelques années, et comme si elle m’avait limite harcelé, ahah. Bon, en fait si.

Du coup y’a eu quelques longues 6h de train, enfin un peu plus au final, évidemment. Et les retrouvailles avec elle au pied de l’escalator, comme en juillet dernier. Pas de longue épopée vers Grimbergen cette fois, juste un rapide trajet en bus à travers Bruxelles, et son petit chez-elle dans un quartier calme. Mes affaires posées dans un coin, des coups d’œil sur tous les murs, et un dvd surprise sorti de mon sac rouge. Plus de 2h devant les belges, à frissonner sur Organeum, à rire devant des coupes de cheveux, à s’amuser d’un bonnet poilu et d’une chaussure bavarde, à baver devant un certain John, à critiquer le monteur, les jeux de couleurs et les gros plans sur une bague, et à rêver de l’AB en songeant au lendemain. Un repas typiquement étudiant plus tard, place à l’instant geek et aux nombreux fous rires devant nos habitués forum et msn.

Réveil avec un J-13 un peu décalé en tête, ça ne fait que des mois que le même coup arrive à chaque concert, après tout. Un grand café pour commencer la journée, un sac rapidement fait, un jean enfilé en vitesse, et un grand soleil bruxellois à notre sortie. Bus, métro, et quelques pas plus loin, la mythique Ancienne Belgique déserte devant mes yeux. Rapide passage au McDo avant le début d’une grosse après-midi. Et pas beaucoup plus tard, y’a eu le groupe des 3 et la fameuse rose, juste derrière nous, et aussi les têtes connues parisiennes. Heures d’attente partagées entre rires forcés, mal de tête, regards qui en disent long et pauses cafés salvatrices, avant le pire moment de la journée à l’aube de l’ouverture des portes. Difficile de dire comment nous avons réussi à survivre, mais toujours est-il qu’à l’heure prévue, nos fesses étaient scotchées devant la barrière.

Pas de première partie mais le temps passé tout comme, morceaux électro en fond sonore accentué. La mise en place sur scène, petit à petit. Le clavier face à nous. Le décor étonnant et les détails du prochain album. L’immense carte à jouer devant la batterie. Le petit cheval doré au-dessus. Les triangles ici et là. Les rétroprojecteurs de tous côtés, et les quelques draps pour recueillir leurs images.

Et enfin, à plus de 21h30, le silence qui se fait, la lumière qui baisse, et l’excitation palpable. Une quasi pénombre. Une musique d’intro. Dean et Tom, vêtus de rouge, rejoignant chacun guitare et batterie. Janine, talons et robe courte blanche, à moitié cachée en face de nous. Et la silhouette particulière de Chris, pommette marquée de triangles rouge et blanc, regagnant le micro central. Bring Me Back A Dog qui frappe, extatique.

Les très faibles lumières, la galère pour capturer ça dans l’appareil photo, alors y aller un peu au hasard sans vraiment faire attention, et marquer ça encore plus fort au fond des rétines. Leur énergie inépuisable, les airs de pantin obscur de Chris, l’écho des basses qui vibre jusqu’au bout des synapses, le cœur qui se serre et les larmes qui perlent sur celle qui, les émotions par milliers, m’oublier et décoller au-dessus de nos têtes. Alternance entre les morceaux cultes des premiers albums et les découvertes du prochain, liés par un Think of England comme clôture fracassante du premier acte.

Une courte pause, le temps de jeter un coup d’œil à l’arrière de la salle et aux balcons, et à Chris de changer de tenue, et leur retour qui me coupe le souffle. Ma favorite de toujours qui ne tarde pas et la conclusion avec President comme cri de ralliement.

Reprendre un peu mes esprits, tenter de me rendre compte de ce qu’on vient de recevoir. Et s’apercevoir qu’il en manque une et que les lumières ne veulent pas se rallumer. Les cris de la foule, les mains qui frappent, nos yeux qui cherchent le moindre signe de vie sur scène.

Et le prologue qui sublime tout. Le parfait enchainement pour nous achever. Les frissons avant l’explosion finale.

Trainer un peu pour sortir de là et croiser Dean quelques pas plus loin. Attendre notre tour sans trop oser s’avancer, et puis 3 mots et 2 sourires de notre part, et la machine à paroles lancée. Son excitation face au concert de ce soir, son plaisir d’être là, son étonnement quant aux 2000 places complètes, l’odeur de mon marqueur qui le rend fou, et ses doigts qui tracent finalement un souvenir sur chacun de nos billets, avant deux photos qui resteront privées, têtes d’après-concert obligent. Un verre de l’AB pour chacune en passant devant le bar, l’air frais nocturne, les discussions qui s’allongent, l’idée d’un tour à la Loco qui émerge, et le bus pour rentrer.

Mon premier réveil en fou rire grâce à la magie d’internet, et mes dernières heures belges marquées par les Backstreet Boys qui refuseront de quitter ma tête durant les longues heures de mon dur retour.


Intro / Bring Me Back a Dog / Nature Of Inviting / The Alternative / Sailor / An I For An I / Tear Garden / I Am Terrified / This Will Make You Love Again / Song Of Imaginary Beings / My Secret Friend / Spit It Out / Nightlife / Kiss And Swallow / Think Of England // Kingdom Of Welcome Addiction / The Negative Sex / Skin Vision / President // Your Joy Is My Law / After Every Party I Die.


[ photos ]

mercredi 1 avril 2009

"DO YOU CARE ?"


Départ de chez moi vers les 19h ce mercredi 18 mars, le plus tard jusqu’ici dans mon historique de concerts. Rendez-vous pris au JAM depuis quelques semaines, une fois n’est pas coutume pour la première partie.

Arrivée sur place avec un peu d’avance, le petit parc à l’entrée se garnit vite, et les portes s’ouvrent comme prévu à 20h45, laissant elles aussi passer Shannon dans sa sacoche noire. Le premier rang de fauteuils de velours rouge est déjà occupé, ce sera une chaise en face de la batterie pour ce soir.

La petite salle se remplit et bien vite les lumières se baissent, pour accueillir sur scène mon attendue de ce soir, celle qui se cache derrière l’anagramme de The Rodeo. Elle seule ce soir avec sa guitare, abandonnée cette fois de ces musiciens. La scène parait immense autour d’elle, et sa frêle silhouette baigne dans les lumières ardentes. Sa voix et les douces notes de ses cordes emplissent l’espace, son grain chaud crée l’ambiance et son timbre unique recueille toutes les oreilles. Il y a aussi les infimes détails, comme le petit autocollant sur le bois de sa guitare, ou les clochettes accrochées à sa cheville. Et ses quelques phrases timides.

Une courte attente, et déjà Hugh Coltman et ses Persuaders descendent vers la scène. La tête d’affiche, ceux qui ont réunis les centaines de personnes présentes, et une totale découverte pour moi. Petite appréhension au début, crainte de l’ennui surtout, mais bien vite effacée. Les refrains se retiennent vite, et bientôt je suis la foule en rythme, frappant tantôt des mains, tantôt des pieds. Oreilles, yeux, et objectifs sont captivés par ce qui se passe sur scène. Il y a l’énergie transmise par l’homme de la soirée et ses musiciens, il y a son accent british à faire fondre, il y a leurs joues mal rasées sans exception, il y a les surprises musicales comme le glockenspiel et l’harmonica, ou bien encore la simple boule de papier, il y a les solos du guitariste et sa ressemblance avec un certain footballeur, il y a ses yeux qui ne cessent de croiser les miens, il y a les regards complices du bassiste à droite comme à gauche, il y a les petites grimaces amusantes du clavier, il y a leurs costumes bien classes et les vestes qui tombent vite. Et il y a aussi Hugh Coltman qui emporte le public dans sa poche en un mouvement, le fait lever et chanter d’un geste, moi comprise et même en première file. Il y a le plaisir partagé, la musique comme une fête, ce qu’il nous donne et nous insuffle, et le sourire indélébile sur mes lèvres.

Une surprenante et plus qu’agréable découverte.

La salle se vide lentement, j’attends que la foule soit moins dense pour m’aventurer dans le hall où je la retrouve. Regard étonné, bise et quelques mots échangés, promesse d’un retour dans le sud et de futures invitations, mais minuit sonne et le temps me presse de la quitter.

Un petit sprint pour attraper le dernier tram, et je regagne mon chez-moi avec des airs qui se mélangent dans ma tête et près d’un millier de photos dans ma sacoche.



[ photos ]

mardi 31 mars 2009

"JUST A TINY POINT LOST IN THE UNIVERSE."


Réveil ni trop tôt ni trop tard le lendemain. Juste de quoi enfiler collants et short, et arriver à l’heure en bas pour le petit déjeuner. Le choix immense, remplir le plateau de céréales, lait, pain, beurre et confitures, yaourt et de l’indispensable bol de café, avant de chercher deux places entre les tables bondées. Pause clope sous un rare soleil éclatant, remonter en vitesse pour profiter au maximum du beau temps. Photos souvenirs de la vue, préparation et maquillage express, et les délires qui naissent au creux des draps, de l’empereur romain aux vagues interrompues par surprise, en passant par une bouteille de rhum.

Recherche désespérée d’un paquet de clopes pour elle, poulets rôtis et livres sur la sexualité croisés au passage. S’aventurer ensuite dans le cimetière du Père Lachaise, prévoir nos indispensables et dégainer Shannon à chaque pas. Se laisser porter par les allées et les envies, regretter le plan à 2€ zappé à l’entrée, manquer nos obligés et jouer entre les ombres et les branches. Dernières photos, un pola pour elle capturé entre les tombes, et sortir par le grand porche.

Une brasserie à côté, le visage de Jim Morrison en de nombreux exemplaires, son souvenir exposé à foison comme une publicité, impression gênante qui nait de l’ensemble. Un croque-monsieur frites coca pour chacune, de la mayo qui semble faite maison, et le métro de nouveau vers les bords de scène. Un marché à la sortie, des animaux en tout genre sur les étals, lapins chinchillas hamsters coq et oiseaux par dizaines, et même un échappé de sa cage.

Les photos de touristes au bord de l’eau, sa vision éphémère au moment de traverser la route, et un petit café en face du théâtre du Châtelet. Les habituels expressos et verres d’eau sur la table, des percussions brésiliennes et une manif en fond sonore, mes jambes aux collants troués au milieu du passage, Karima un peu perdue qui nous rejoint, et un certain Ramzi qui passe à 30 centimètres de moi, coup de genou à Steph compris.

Une soudaine envie de glace sous ce soleil estival, passer devant Notre Dame en slalomant entre les touristes, et finalement se laisser tenter par les pâtisseries dans une vitrine. Dernières errances parisiennes, dernières photos du ciel bleu au-dessus des immeubles, et dernier trajet en métro. Et comme toujours, fin du week-end dans cette même gare, son train en premier et le mien qui suit un peu plus tard.

"SOMEWHERE IN MY HEAD THERE IS A LITTLE CRACK..."


Partir deux jours à Paris en talons, c’était pas forcément la meilleure idée du siècle, en fait. Entre les rues qui s’allongent, les montées interminables, et les escaliers souterrains à n’en plus finir, mes pas n’ont cessé de résonner.

Monter à Paris pour 45 minutes de concert. Ouais, c’était ça le but, au départ. Et puis comme d’habitude, y’a eu un milliard de trucs à côté. Même si ces trois quarts d’heures resteront les plus intenses. Et encore, ça pourrait même se résumer à moins d’une dizaine de minutes.

Nuit très courte, pour changer, le réveil qui sonne vers les 5h, après un petit coup de flippe devant ma porte. Et puis le train attrapé de justesse avec mon petit déjeuner dans les mains, et Shannon accroché à l’épaule.

La Gare de Lyon pas vue depuis des mois, Geneviève de Fontenay et son chapeau croisés devant une boutique de chocolats, l’exposition sur le parvis et notre rendez-vous devant Grace Kelly. L’hôtel à deux pas et le minuscule ascenseur. La recherche d’un petit déjeuner, le retour devant la gare, leurs formules complètes bien vite regrettées et mon petit café.

Les photos au milieu de l’expo, leurs pauses mimées, une ballade vers Bastille, et le passage obligé dans la rue au nom étrange qu’il faudrait renommer, celle où se trouve la caverne d’Ali Baba de Bird on the Wire. Thomas derrière la caisse, qui me rappelle involontairement de penser au cd pour la prochaine fois. Les carnets aux couleurs pastels, les pendentifs tout mignons d’originalité, les appareils photos que je découvre comme une gosse de 5 ans, les bijoux à croquer, les quelques vêtements purement girly à côté de la toute petite cabine à rideaux, des autocollants, badges et porte-clefs à n’en plus finir, les livres aux photos colorées, et des tas d’autres trésors qui ne se dévoilent pas au premier coup d’œil. Et ces mêmes yeux qui ne savent pas où se poser et découvrent à chaque mouvement une nouvelle envie.

Un café dans le coin et nos To-do-list avant quelques gouttes de pluie. Le métro vers l’auberge de jeunesse pour s’alléger un peu. Le quartier qui manque de nous faire renoncer, une affiche immense pour La République des Meteors, et bien trop loin les portes de l’auberge. Un très charmant jeune homme à l’accueil, dont j’ai déjà oublié le nom, nos cartes et son sourire fondant. La visite du sous-sol, un gobelet de café chaud, les fauteuils confortables, les lumières colorées, un piano dans un coin, et une ambiance tellement décalée par rapport au lieu même.

La faim qui appelle, rapides courses à la supérette du coin, et notre pique-nique à la laverie, sous divers yeux étonnés. Quelques coups de téléphone, direction République, puis un rendez-vous strasbourgeois, à quelques pas du vendeur de colliers fleuris de popcorn. Discussions autour de cafés et d’un diabolo menthe, les concerts passés, et ceux futurs, et puis les souvenirs. Aux-revoir dans les couloirs du métro, direction Porte d’Orléans pour lui et Ménilmontant pour nous.

Et l’épreuve d’endurance. La montée interminable de la rue de Ménilmontant. Les rues et les kebabs qui défilent, et enfin, alors qu’on n’osait plus vraiment y croire, les portes de la Maro qui se profilent. 4 groupes pour la soirée, nos belges annoncés prévus en second, passage à 21h30. Nos sages jus de fruits sur la terrasse avant de gagner la salle avec un peu d’avance, Shannon compris. Nos bras accoudés sur la barrière là-haut, suivre le premier groupe qui termine, et balayer la salle du regard jusqu’à tomber sur son pull.

Les lumières qui se rallument, la salle qui se vide et nos fesses sur les marches, à l’angle de la scène. L’agitation entre les instruments, Vincent déjà guitare à la main, les câbles et les diverses bouteilles qui se mettent en place, et une setlist déposée à quelques pas, vers laquelle je me précipite. Et l’inespérée en quatrième position, ces 9 lettres qui font tout, ce titre promis qui pulse déjà dans nos veines. Alors gagner le bord de la scène. En essayant de s’y préparer.

Comment raconter la suite alors. Les premières notes à l’heure prévue. La sensation étrange devant ces notes et ces mots qui prennent soudainement vie. La voix de Vincent qui sort de son corps, sa bouche qui articule les paroles tant et tant écoutées et répétées, la mienne qui murmure doucement, osant à peine troubler la magie de l’instant. Shannon qui fête son baptême de concert, l’obturateur qui s’agite en rythme, les rafales qui se suivent, et les excellentes lumières que je bénis. Les bières qui décorent la scène, leurs pieds qui actionnent les pédales, la batterie rouge, ses yeux fermés.

Et puis Chemicals. Les frissons partout. Les lèvres qui peinent à remuer. Le sang qui tambourine dans les tempes. Les mains qui tremblent. Les larmes qui luttent pour ne pas glisser. Le cœur qui vacille. Voir Chemicals en live et mourir.

La suite qui se déroule comme dans un demi-rêve. L’esprit qui flotte on ne sait où et le corps qui se réveille. Les mains et les yeux qui retrouvent leurs réflexes derrière l’objectif, la voix qui s’éclaircit pour les derniers morceaux, les pieds qui frappent sur le sol en rythme. Et comme promis, au bout de quelques 45 minutes, les belges qui s’éloignent à travers la porte arrière. Et la setlist décollée du bout des doigts.

Que faire après ça. Que faire d’autre que regagner la terrasse et rester perdue les yeux dans le vague. Que faire d’autre que laisser le temps couler sans s’en apercevoir. Que faire d’autre que des allers-retours aux toilettes sans oser les déranger. Que faire d’autre que répondre un sourire hypocrite. Que faire d’autre que la suivre avec une pointe de regret, celui de ne pouvoir leurs adresser un merci à la hauteur des émotions vécues.

Alors descendre la rue de Ménilmontant, dépasser chaque resto fermé, chaque kebab peu rassurant et chaque brasserie bondée. De petites et étonnantes minutes plus tard, se retrouver devant les portes du fameux couscous à 7€, s’y entendre adresser un On ferme, et quelques mètres plus loin, tomber sur cette pancarte prônant le même mais gratuit. Pousser les portes sans trop y croire, commander un coca en attendant une table, et se voir libérer deux petites places devant la fenêtre. Ambiance on-ne-peut-plus décalée avec celle du début de la soirée. Totalement ce qu’il fallait après tout ça. Le son de la musique qui monte, les serveurs et habitués qui se mettent à danser, le gentil petit vieux qui vient nous confirmer la tournée en route, et finalement les plats immenses qui viennent se poser devant nous.

Un estomac plein et un fondant au chocolat plus tard, avec en bonus le polaroid souvenir de notre chouchou devant la pancarte culte, regagner le métro puis l’auberge à pas pressés, et s’endormir en retraçant à l’indélébile les nombreux souvenirs de la soirée.


In Time / My Fair Lady Audrey / Planes / Chemicals / Today / Trampoline / Ryunosuke.


[ photos ]