dimanche 31 juillet 2005

« Une fois qu’on a perdu quelqu’un, a-t-on forcément envie de le retrouver ? Une fois qu’on a refermé les blessures, prend-on le risque de les rouvrir ? Peut-être qu’on se reverrait, qui sait, mais ça ne pourrait plus être de la même façon. »


Ouais. On s’est perdues.



[Et sinon, demain, premier jour de boulot. Ou plutôt première nuit. La première d’un mois de blanches. J’espère que ça se passera bien, je commence à avoir cette boule au ventre, la même que pour les rentrées, surtout celles où on ne sait pas ce qui nous attend. J’espère aussi que j’aurai le temps de passer à leur bibliothèque voir s’ils ont des chouettes choses à découvrir pendant les pauses.]

lundi 18 juillet 2005

"TODAY WE ESCAPE, WE ESCAPE..."

La séance était à 12h, et il n’y avait pas de bus après 10h, je me suis donc retrouvée en ville avec pas mal de temps devant moi. Je suis passée acheter ma place pour Raphaël, ce n’était pas prévu avant un moment, mais à la vitesse où elles partent, j’ai préféré ne pas courir de risque. Même si mon compte en banque n’était plutôt pas d’accord avec moi. J’ai essayé de marcher lentement, entre la rue principale et le cinéma, mais je n’y arrive pas, je n’y arrive jamais, surtout quand je suis seule. Je me suis assise sur le petit muret, sous les dizaines de pancartes du festival. Les jambes en tailleur, le livre posé sur les genoux, mon visage caché derrière une barrière de cheveux tombant, j’ai passé une heure les yeux plongés dans le cinquième tome des aventures de Barbary Lane. Une place pour Charlie, s’il vous plait. Les pièces de monnaie ont tinté sur le comptoir en bois foncé. Salle 2. Que j’aime ces petites salles, quand elles sont presque désertes. Je me suis installée dans la rangée du milieu, en face du centre de l’écran. La meilleure place. Le temps de tourner deux trois pages, la salle se plongeait dans l’obscurité, et l’écran nous projetait la bande-annonce des Corpse Bride, qui promet un nouveau chef d’œuvre Burtonnien. Puis, le logo de la Warner Bros enneigé, et de nouveau le voyage chocolaté.

Après le cinéma, une pause déjeuner dans le parc et un café à l’O’Neill’s, j’ai décidé de me balader un peu, plutôt que de rentrer tout de suite en bus. J’ai donc marché, sous la pluie qui recommençait à tomber, accompagnée par Ghinzu, comme souvent depuis des mois. The way you move, the way you breathe, The way you look at me..., me lançait John aux creux de l’oreille, alors que des gouttes de plus en plus grosses s’écrasaient sur mon pantalon, en fonçant la couleur par endroit. L’eau ruisselait sur mes bras nus et retombait par le bout de mes doigts.

A force de marcher, en longeant les remparts, j’ai fini par arriver à la structure métallique ‘artistique’. Celle que je voulais prendre en photo depuis un moment. Je me suis d’abord mise à l’abri, au creux de la pierre des murs chauds. Un peu pour sécher mes cheveux et essuyer mes mains sur la toile recouvrant mes jambes ; un peu pour attendre que ça se calme, toute cette eau, et pouvoir aller faire ces fichus clichés. J’ai dû en prendre une bonne dizaine, peut-être plus. De tous les côtés, je tournais autour, cherchant le meilleur angle. Il y en a quelques-unes d’à peu près présentables, dans le lot, malgré la mauvaise lumière, le sol détrempé qui m’a empêché de m’y asseoir ou même de m’accroupir pour prendre les photos comme je l’aurais voulu – mais j’y retournerais, quand il y aura un grand soleil dans le ciel. Et aussi malgré le trafic incessant sur la route située à quelques mètres, et qui s’est glissé sur quelques clichés.

Une heure plus tard, j’étais dans un de ces magasins que je pourrais presque qualifier de paradisiaques, tant il y a ce dont je rêve à profusion. Je me suis dirigée, bien décidée, vers le fond de l’allée, là où je pourrais passer des heures et des heures. Je n’ai pas réussi à résister, en le voyant sur le présentoir qui lui était exclusivement réservé. J’ai tendu mes mains vers la couverture bleue recouverte de feu et au titre inscrit en langue originale, et me suis glissée dans le canapé bleu lui aussi, un peu le même, en face d’un joli garçon plongé dans une bande dessinée. En un peu plus d’une demi-heure, je n’ai lu qu’une dizaine de pages, même pas la totalité du premier chapitre. J’ai pourtant refermé le livre avec une certaine fierté, faible et honteuse car idiote, parce que j’ai quand même compris toutes ces pages lues, alors que je ne m’attendais qu’à un déchiffrage difficile abandonné au bout de quelques lignes. Mais se pose un autre problème, maintenant que je sais que je peux le lire et plus ou moins bien le comprendre en anglais : le découvrir en version originale, ou attendre la version française qui n’arrive pas avant deux mois et demi ?



Wow. Waw. La réaction à chaud. Je viens tout juste d’aller voir les concerts montpelliérains de la rentrée. Je passe de page en page, vois les intéressants déjà notés, et d’un coup, tombe sur deux mots qui m’accrochent le regard : Sigur Rós ! L’euphorie complète, les yeux qui s’écarquillent, la bouche qui laisse échapper un « Haaaaaaan ! », l’envie de sauter partout dans la pièce, les mains qui tremblotent en essayant d’attraper le portable en toute vitesse et de taper un message pour Steph afin de partager la nouvelle. Sigur Rós à Montpellier, non mais Sigur Rós à Montpellier !

mardi 12 juillet 2005

"FAITES L'AMOUR PAS LA MORT" (Philippe Prohom)



(Elle est moche, elle est floue, mais je l’ai, putain.)

Vendredi, les Hollywood Porn Stars, *waouh*, vraiment. Surprise. Parfait pour commencer. Un peu de Déportivo, rapidement, avant de retrouver Ghinzu, pour un show comme ils savent les faire. John danse toujours aussi bien. Réussir, cette fois, à avoir cette fichue photo de lui debout sur son clavier. Non mais. Ratée une fois, mais pas deux. Mickey 3D, de loin, les mots qui parviennent aux oreilles. Starsailor, puis se réchauffer avec Sinsemilia sous le Dôme. Une chanson de Patti Smith, avant d’aller découvrir Jeanne Cherhal.

Le samedi, dès l’arrivée, AqME. Me mêler à la foule. Et crier, chanter, bouger. Parce que ça fait du bien. Et parce qu’AqME. Et parce que besoin, aussi. De ça. Puis AS Dragon, découvrir Natasha. Les retrouver tous, après, et se poser dans l’herbe, pour le patchwork de noms, émouvants, des milliers de gens, tous silencieux, les noms cités sur scène, les patchworks s’étalant sur le sol. Se lever et se rapprocher pour The Servant. Et Dan. Et Chris. Toujours aussi. Et ce petit quelque chose en entendant le How can I get you… Qui fait sourire. Un peu plus tard, allongées sur le sol, quelques chansons de Luke. Résister tant bien que mal à attraper ce joint tendu vers moi, grommeler un « non » d’un ton plus ou moins tranché, alors qu’à l’intérieur, mille questions. Essayer de les chasser, un moment. Mais ne pas réussir à éviter les regrets, plus tard. Partir en avance pour Saez. Parce que. Saez. Enfin. Voilà. Un Fils de France prolongé qui secoue les tripes. Les corps compressés, les mouvements de foule, les cris, les jambes qui flanchent sous les poussées, et puis tenir, malgré tout. L’habitude, en fin de compte. Mais aimer ça. Putain, ce que ça fait du bien, quand même. Qu’est-ce qu’on se sent bien, après. Marcher, vite, jusqu’à la grande scène. Entendre Stupid Girl, de loin. Mince. Mais profiter quand même du reste. Shirley à croquer en rouge. S’en mettre plein les yeux, la scène, l’écran, la scène, l’écran. Garbage, putain. Suivre de loin Le peuple de l’herbe, et puis retrouver les chansons festives de La rue Kétanou. Avoir encore la force de bouger. Il le faut bien, la nuit est longue, encore. Nuit blanche partagée entre jeux de cartes et musique électro. Faire le plein de son. Du sommet du crâne au bout des pieds. Ou plutot l’inverse. Le son qui monte. Qui remonte. Dans les jambes. Qui se remuent. Qui sautent. Le dos. Le long de la colonne vertébrale. Se propage dans les bras. Qui se lèvent. Et jusque dans la tête. Les oreilles, les yeux, fermés, la bouche, le crâne. Au plus profond. Dans la peau, dans le sang, au bout des doigts, dans chaque parcelle de peau, dans chaque cellule. Les vibrations dans tout le corps. Se sentir libre. Vivante et libre. Comme jamais. Putain. Comme jamais.

Dimanche, le dernier jour, sur un fond de regrets. Début d’après-midi avec Debout sur le zinc, et le corps qui bouge déjà, malgré les derniers jours mouvementés qui se font sentir dans les jambes. Putain, après tout, c’est le dernier jour, et c’est les Solidays, merde. Autant en profiter. Quitte à en crever. (Enfin...) Gomm, vite fait, déception. En laisser quelques-uns devant Calogero et se diriger vers Camille, la jolie surprise. Puis, Prohom. La claque. Wow. Génial. Vraiment. La troisième grosse surprise. Envie de l’album. Envie de les revoir. Se dire que c’est la dernière occasion de se défouler. Alors avancer, au milieu des gens. Et se laisser aller. Fermer les yeux. Et puis encore ce sentiment de liberté. Pour quelques minutes. Un peu plus tard, le dernier concert. Déjà. Et quel concert. Matmatah. Lambé an dro et Au conditionnel, bien sûr. Et Emma. Pour la fin, avant le rappel. Putain, Emma.

Et puis, la fin. La foule qui se dirige vers la sortie. Nous au milieu. Comme pendant des trois jours. Ce sentiment d’être tous unis par la musique. Ce truc qui remue à l’intérieur quand on y pense. Quand on le voit. Quand on le sent.


De la putain de bonne musique à profusion. Des jambes mortes. Des souvenirs plein la tête. Le sourire scotché sur le visage. Les yeux qui brillent. De jolies rencontres. L’idée d’avoir participer à quelque chose de fort. Une envie d’encore.


[Et puis, merci, quand même. Pour le lit, les clips, les pancakes, le nutella, tout ça.]

lundi 4 juillet 2005

"THE SUN GOES UP AND THE SUN GOES DOWN..."

Une courte nuit de sommeil, et puis, samedi, j’ai pris le train de 7h07 pour Paris. Le voyage m’a semblé passer plus rapidement que d’habitude, mais c’est sans doute d’avoir passé beaucoup de temps les yeux fermés. A la gare, Chloé, Semp’, Loiz et Alex étaient censés m’attendre, mais ma troupe d’accueil s’est retrouvée réduite à Alex seulement, les filles en retard nous retrouvant directement à la gare du Nord. Quelques détours imprévus dans le métro parisien, et on les y a rejoint, elles étaient déjà avec JM et Nat’, arrivés de Lille. On s’est ensuite tous dirigé vers la gare Montparnasse, pour récupérer Ben. Il avait son chapeau et sa veste, et nous a sorti ses lunettes noires, comme on avait vu sur les dernières photos. Un moment passé à glander dans la gare, avant de se décider à bouger. Direction Châtelet, avec pause déjeuner pour certains, avant de se rendre au jardin du Luxembourg. Il était encore tôt, il n’y avait personne, on en a profité pour faire un tour au McDo. Ben et moi sommes restés dehors à attendre les autres, nous avons un peu discuté, de tout, et il m’a offert son paquet de Bisc’ & M&M’s, je n’avais jamais goûté, et c’est super bon. Puis de nouveau le jardin du Luxembourg, on s’est posé à l’ombre, sur le béton, le temps de manger et d’attendre 14h.

La suite, c’est les gens pas vus depuis des mois, des inconnus, d’autres auxquels on n’a pas très envie de se lier, et puis les photos, les coups de téléphone, Virginie, les sourires, les rires, le gravier qui fait mal aux fesses, les nouvelles qu’on donne, celles qu’on apprend, ... Et puis, après une petite escapade d’une heure et demie avec entre autres le choix du cadeau, le retour au milieu d’eux, dans l’herbe cette fois, et puis les pigeons, leur match de rugby, les photos, encore, les projets de concerts parisiens, ...

L’après-midi est passé à une allure folle, mais il nous restait encore de longues heures ensemble devant nous... Quelques personnes en moins, notre petit groupe s’est retrouvé au Pizza Hut, où il s’est agrandi, pour fêter l’anniversaire de Poupine. Plus de monde que prévu, on a déplacé les tables, chaleur, les menus sont vite devenus des éventails, choix difficiles, qu’est-ce qu’on prend, finalement pizzas partagées avec Loiz, photos, improvisation d’une carte d’anniversaire souvenir signées par tous, discussion avec Mélissandre que j’ai appris à connaître et chez qui je devais dormir, très sympa, fan des Cure et de Burton, je ne peux que l’aimer. On a bataillé pendant une bonne dizaine de minutes pour s’en sortir avec la note, qui paie quoi, comment, et la monnaie ?, on vous doit ?

Puis le métro, on s’est séparé, pour nous direction St Michel, le pub, les videurs spéciaux à l’entrée, on a retrouvé les autres kikidonkiens dans les salles qui nous étaient spécialement réservées. C’était parti pour une longue nuit. Des poufs, des canapés, des fauteuils. Une Eristoff, une gorgée de vodka cerise, quelques-unes de tequila orange. De l’alcool dans les veines, mais pas assez. De toute façon, une certaine appréhension du un peu plus, mêlée à l’envie. Coup de téléphone, Boyan, et ma deuxième rencontre bloguienne. De la musique, les corps qui s’échauffent en dansant, la fraîcheur de l’extérieur. L’heure qui avance, la nuit qui touche à sa fin, et la moitié des gens assommés par la fatigue. Quelques dernières photos de groupe, les au revoir, l’envie de rester, encore.

On s’est retrouvée à deux, après l’excitation et l’agitation de la soirée, dans le calme de l’aube parisienne. Et j’ai trouvé Paris jolie. Pour la première fois. Le jour qui se levait, la fraîcheur de la nuit qui nous entourait encore, Notre Dame, les ponts, le Pont Neuf au loin, le calme.

Et la fin de ce week-end parisien, l’appartement de Mélissandre, 6h30, les yeux qui se sont fermés et moi qui dormait 5 minutes après. Le réveil en début d’après-midi, douche, petit déjeuner aux Oreo Cookies que j’ai découvert et ai trouvé délicieux, discussion sur Burton, le Nutella, le cuisiner anglais Jamie Oliver, livres de cuisines, musique, The Gathering. De nouveaux les rues parisiennes, la gare de Lyon, au revoir à Mélissandre, merci pour tout. Un peu d’attente, des textos, et puis mon train, fin de ma nuit, musique, et mes premières lignes dans mon nouveau carnet.


Juste des idées en vrac qui n’ont pas trouvé leur place là-haut :

Le bar était moyen, enfin, ce n’est pas le style que je préfère, mais en fait, je m’en foutais de l’endroit où on était. Je m’en foutais qu’on ne puisse pas discuter tranquillement. J’aurais pu y rester des heures et des heures, même malgré la fatigue. Parce que juste d’être avec eux, j’étais bien. Parce que juste avec eux, je me sens bien.

Ouais. Je crois que c’est ça. On s’en fout de l’endroit où l’on est, tant que l’on est ensemble. Même si ça fait cliché. Putain. Je crois que je les aime, tous.

Et hier soir, alors que je rentrais chez moi, je me suis dit. Mais putain, qu’est-ce que je fous là ? Et je me suis surprise à penser cette phrase plus que stupide... Ma place n’est pas ici. Je voulais juste être encore là-bas, être juste avec eux. Comme d’habitude, on pourrait dire. Comme à chaque rencontre, à chaque fois que je les vois. Mais non, même pas. D’habitude, c’est juste le manque de l’ambiance, de la nostalgie après que l’excitation de l’instant soit retombée. Là, c’était différent. Autre chose.

A côté d’elle, je me sens terne, dénuée intérêt, totalement stupide, conne et moche... Et les gens la préfèrent toujours, je les comprends, mais pour un jour, pour une personne, une fois, j’aimerais être celle qui brille, celle qui vit.

Et depuis hier soir, la nausée, cette envie de (me) vomir, de (me) faire mal. Alors je me défonce la tête à coups de musique violente, en attendant que ça passe.