mardi 31 mars 2009

"SOMEWHERE IN MY HEAD THERE IS A LITTLE CRACK..."


Partir deux jours à Paris en talons, c’était pas forcément la meilleure idée du siècle, en fait. Entre les rues qui s’allongent, les montées interminables, et les escaliers souterrains à n’en plus finir, mes pas n’ont cessé de résonner.

Monter à Paris pour 45 minutes de concert. Ouais, c’était ça le but, au départ. Et puis comme d’habitude, y’a eu un milliard de trucs à côté. Même si ces trois quarts d’heures resteront les plus intenses. Et encore, ça pourrait même se résumer à moins d’une dizaine de minutes.

Nuit très courte, pour changer, le réveil qui sonne vers les 5h, après un petit coup de flippe devant ma porte. Et puis le train attrapé de justesse avec mon petit déjeuner dans les mains, et Shannon accroché à l’épaule.

La Gare de Lyon pas vue depuis des mois, Geneviève de Fontenay et son chapeau croisés devant une boutique de chocolats, l’exposition sur le parvis et notre rendez-vous devant Grace Kelly. L’hôtel à deux pas et le minuscule ascenseur. La recherche d’un petit déjeuner, le retour devant la gare, leurs formules complètes bien vite regrettées et mon petit café.

Les photos au milieu de l’expo, leurs pauses mimées, une ballade vers Bastille, et le passage obligé dans la rue au nom étrange qu’il faudrait renommer, celle où se trouve la caverne d’Ali Baba de Bird on the Wire. Thomas derrière la caisse, qui me rappelle involontairement de penser au cd pour la prochaine fois. Les carnets aux couleurs pastels, les pendentifs tout mignons d’originalité, les appareils photos que je découvre comme une gosse de 5 ans, les bijoux à croquer, les quelques vêtements purement girly à côté de la toute petite cabine à rideaux, des autocollants, badges et porte-clefs à n’en plus finir, les livres aux photos colorées, et des tas d’autres trésors qui ne se dévoilent pas au premier coup d’œil. Et ces mêmes yeux qui ne savent pas où se poser et découvrent à chaque mouvement une nouvelle envie.

Un café dans le coin et nos To-do-list avant quelques gouttes de pluie. Le métro vers l’auberge de jeunesse pour s’alléger un peu. Le quartier qui manque de nous faire renoncer, une affiche immense pour La République des Meteors, et bien trop loin les portes de l’auberge. Un très charmant jeune homme à l’accueil, dont j’ai déjà oublié le nom, nos cartes et son sourire fondant. La visite du sous-sol, un gobelet de café chaud, les fauteuils confortables, les lumières colorées, un piano dans un coin, et une ambiance tellement décalée par rapport au lieu même.

La faim qui appelle, rapides courses à la supérette du coin, et notre pique-nique à la laverie, sous divers yeux étonnés. Quelques coups de téléphone, direction République, puis un rendez-vous strasbourgeois, à quelques pas du vendeur de colliers fleuris de popcorn. Discussions autour de cafés et d’un diabolo menthe, les concerts passés, et ceux futurs, et puis les souvenirs. Aux-revoir dans les couloirs du métro, direction Porte d’Orléans pour lui et Ménilmontant pour nous.

Et l’épreuve d’endurance. La montée interminable de la rue de Ménilmontant. Les rues et les kebabs qui défilent, et enfin, alors qu’on n’osait plus vraiment y croire, les portes de la Maro qui se profilent. 4 groupes pour la soirée, nos belges annoncés prévus en second, passage à 21h30. Nos sages jus de fruits sur la terrasse avant de gagner la salle avec un peu d’avance, Shannon compris. Nos bras accoudés sur la barrière là-haut, suivre le premier groupe qui termine, et balayer la salle du regard jusqu’à tomber sur son pull.

Les lumières qui se rallument, la salle qui se vide et nos fesses sur les marches, à l’angle de la scène. L’agitation entre les instruments, Vincent déjà guitare à la main, les câbles et les diverses bouteilles qui se mettent en place, et une setlist déposée à quelques pas, vers laquelle je me précipite. Et l’inespérée en quatrième position, ces 9 lettres qui font tout, ce titre promis qui pulse déjà dans nos veines. Alors gagner le bord de la scène. En essayant de s’y préparer.

Comment raconter la suite alors. Les premières notes à l’heure prévue. La sensation étrange devant ces notes et ces mots qui prennent soudainement vie. La voix de Vincent qui sort de son corps, sa bouche qui articule les paroles tant et tant écoutées et répétées, la mienne qui murmure doucement, osant à peine troubler la magie de l’instant. Shannon qui fête son baptême de concert, l’obturateur qui s’agite en rythme, les rafales qui se suivent, et les excellentes lumières que je bénis. Les bières qui décorent la scène, leurs pieds qui actionnent les pédales, la batterie rouge, ses yeux fermés.

Et puis Chemicals. Les frissons partout. Les lèvres qui peinent à remuer. Le sang qui tambourine dans les tempes. Les mains qui tremblent. Les larmes qui luttent pour ne pas glisser. Le cœur qui vacille. Voir Chemicals en live et mourir.

La suite qui se déroule comme dans un demi-rêve. L’esprit qui flotte on ne sait où et le corps qui se réveille. Les mains et les yeux qui retrouvent leurs réflexes derrière l’objectif, la voix qui s’éclaircit pour les derniers morceaux, les pieds qui frappent sur le sol en rythme. Et comme promis, au bout de quelques 45 minutes, les belges qui s’éloignent à travers la porte arrière. Et la setlist décollée du bout des doigts.

Que faire après ça. Que faire d’autre que regagner la terrasse et rester perdue les yeux dans le vague. Que faire d’autre que laisser le temps couler sans s’en apercevoir. Que faire d’autre que des allers-retours aux toilettes sans oser les déranger. Que faire d’autre que répondre un sourire hypocrite. Que faire d’autre que la suivre avec une pointe de regret, celui de ne pouvoir leurs adresser un merci à la hauteur des émotions vécues.

Alors descendre la rue de Ménilmontant, dépasser chaque resto fermé, chaque kebab peu rassurant et chaque brasserie bondée. De petites et étonnantes minutes plus tard, se retrouver devant les portes du fameux couscous à 7€, s’y entendre adresser un On ferme, et quelques mètres plus loin, tomber sur cette pancarte prônant le même mais gratuit. Pousser les portes sans trop y croire, commander un coca en attendant une table, et se voir libérer deux petites places devant la fenêtre. Ambiance on-ne-peut-plus décalée avec celle du début de la soirée. Totalement ce qu’il fallait après tout ça. Le son de la musique qui monte, les serveurs et habitués qui se mettent à danser, le gentil petit vieux qui vient nous confirmer la tournée en route, et finalement les plats immenses qui viennent se poser devant nous.

Un estomac plein et un fondant au chocolat plus tard, avec en bonus le polaroid souvenir de notre chouchou devant la pancarte culte, regagner le métro puis l’auberge à pas pressés, et s’endormir en retraçant à l’indélébile les nombreux souvenirs de la soirée.


In Time / My Fair Lady Audrey / Planes / Chemicals / Today / Trampoline / Ryunosuke.


[ photos ]

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