jeudi 7 août 2008

"MAYBE I DRIVE TO GET OFF, BABY..."


ACTE II.

La route et la procession de sac à dos, tous dans la même direction. Les premières installations et les champs derrière. Une voix derrière nous, un appel insistant, les petits jeunes des toilettes. Discussion sur le choix du camping, regarder le plan, dépasser les parkings et les dizaines de stands de bouffe et de boissons. Les épaules meurtries sous le poids des sacs, les bretelles qui glissent, les mains rougies, les premiers campings. Le A1 qui se profile, nos tickets déchirés, un bracelet grisé autour du poignet. Quelques mètres le long de l’allée principale, des coups d’œil de tous les côtés, une place libre. La tente verte déployée dans les airs, les piquets plantés dans la terre humide, les ficelles blanches tendues entre les deux. Nos affaires rangées en quelques secondes, l’indispensable pour la journée, un sac à dos allégé sur le dos, le soleil au-dessus de nous. Les flaques d’eau à enjamber. Les quelques boutiques à l’entrée de notre camping. Les boas multicolores, les ponchos en laine épaisse, les t-shirts imprimés et les bijoux en argent.

[...]

La procession qui continue, vers le lieu tant attendu. La foule pressée devant les entrées. Un sweat Indochine. Les guichets de droite qui distribuent quelques derniers billets. La fouille de nos sacs en trois langues, et nos bouteilles de Coca cadeaux qui finissent au fond de la poubelle. Le ticket déchiré en deux en échange d’un bracelet bleu scellé de métal. Nos premiers pas sur la terre humide et nos yeux ébahis. WERCHTER.

[...]

Un Belge à notre rencontre quelques mètres plus loin. Marc, notre première photo, son harcèlement affectif, et ses lèvres pour un bisou werchterien. Les premiers rires aussi et le premier "normal" en quelques secondes. La visite du coin, les stands qui s’étalent à perte de vue et de tous côtés. La grande scène, la Main Stage, tout au fond de la plaine, et les chapeaux bleus. Le stand Ben & Jerry’s qui deviendra point de rendez-vous, les dizaines de sponsors, les divers genres de nourriture, les enseignes Coca Cola, les longues rangées de WC, les multiples boutiques, et même un salon de piercing. Le bar à jus de fruits de Toyota et les grands coussins rouges. La Pyramid Marquee plantée sur la partie gauche, et le chapiteau désert sous lequel résonnent nos pas. Les cartes Tarzan qui deviendront cultes, avec Tarzan qui surfe sur un arbre, Clayton qui fait le fier et perd son fusil, et même Jane et le jeune babouin. Des batailles corses perdues, quelques frites noyées de mayonnaise comme premier repas test, et se poser dans l’herbe avant que tout commence.

[...]

Air Traffic, un public largement enthousiaste, et une découverte pour nous deux. Le leader énergique qui alterne entre guitare et piano, les douces mélodies à la Coldplay, et la voix qui s’emporte de temps en temps. Le soleil dans les yeux, les t-shirts de groupes qu’on jalouse, et puis ceux à messages, trop cools ou bien complètement tordants.

Counting Crows ensuite. La foule allongée dans l’herbe et nos visages vers le ciel. Les coups d’œil furtifs vers la scène et les écrans, Mr. Jones et les refrains en chœur, et puis Colorblind, le gros plan sur son visage, ses larmes qui perlent, et mes yeux qui ne le quittent pas.

Les musiques d’attente en boucle, Editors et Joy Division qui reviennent. Et le tour de Mika. Nos fesses toujours visées au sol et la brindille blanche qui bondit sur scène. Quelques notes, le début d’un tube, un regard qui dit tout, se lever en quatrième vitesse et filer en courant vers la foule condensée. Nos regards curieux vers la scène. Les sucres d’orge géants. La batteuse, les choristes, les danseuses en tutu colorés. Quelques gouttes de pluie qui chatouillent. Et s’intensifient en quelques secondes. Sous nos ponchos de pluie orange, chanter en chœur, sauter sur place. Et s’échapper le temps de la dernière chanson...

Pour revenir à la fin de la pause, nos mains sur la barrière de la seconde section, à attendre Lenny Kravitz. Un jean près du corps, une veste en cuir, et la pluie qui s’arrête. Son état pas si net que ça. Sa sexy attitude devant le micro et sa tendresse au piano. Nos rires pour le mec en bleu sur la gauche de la scène. Les guitares qui résonnent dans le corps et sa voix orgasmique. Les vieux tubes qui font leur effet. Notre lassitude pendant I’ll be waiting qui n’en finit pas et ma tête reposée sur mes mains. Des tas de titres qui s’éternisent. Nos cris aux premières notes de Fly away. Le bain de foule vers la fin du set, une légère hystérie qui remue la foule, mes bras tendus et son passage à quelques mètres.

Accroupies contre la barrière pour ne pas perdre nos places. Nos voisins qui changent, les allers et retours de la foule de tous côtés. Les 3 lettres que j’attends depuis longtemps et qui se détachent sur le fond rose. R.E.M. Une des principales raisons de ma présence. Michael Stipe et ses acolytes. Les quatre écrans derrière eux sur la scène, les lumières colorées sur leur visage, Michael qui capte toute mon attention. Sa voix magique comme je l’attendais, la transe qui s’infiltre en moi, il n’existe plus qu’eux et moi. Des tubes entrainants, des mélodies plus intenses, Drive en apogée de ma soirée. L’ambiance autour de moi qui ne suit pas, Losing my religion comme seule rescapée où s’agitent les voix et les bras.

La boue par tonnes à nos pieds embourbés, mais un festival est-il vraiment un festival sans boue ? L’humidité et la nuit, la faim qui tient au ventre, les doigts engourdis et gelés. Passer devant les stands sans grande envie avant d’opter pour une soupe. Le grand gobelet de polystyrène, la petite cuillère en bois, le goût de poulet et le liquide presque brûlant dans la gorge, qui réchauffe le corps fatigué.

Faible énergie pour 2ManyDj’s suivis de loin. Le son qui nous parvient aux oreilles, une motivation plus que présente, l’envie de se donner, mais les jambes ankylosées qui ne suivent pas. Regrets.

The Chemical Brothers un peu plus loin. La même faiblesse, mais tenir le coup un minimum. Ne pas vouloir les laisser passer, ne pas vouloir abandonner dans l’immédiat. Profiter du son, de l’incomparable visuel, de l’ambiance. Du spectacle transcendant à tous les niveaux. Le corps qui se libère un peu. Avant de lâcher la partie et de quitter le site sur les dernières minutes.

La route quasiment déserte, le camping plongé dans l’obscurité et la tente humide. Un sweat sur le dos, les jambes qui s’allongent avec soulagement au fond du duvet, et le sommeil qui tombe sans attendre.


[ PHOTOS LENNY KRAVITZ ]

[ PHOTOS R.E.M. ]

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pas déçue d'avoir attendu pour ça.

:-)