jeudi 16 octobre 2008

GENEVIEVE BRISAC, VOIR LES JARDINS DE BABYLONE.

« Aimer est un mauvais sort comme ceux qu’il y a dans les contes, contre quoi on ne peut rien jusqu’à ce que l’enchantement ait cessé. (Marcel Proust) »

« …de minuscules nuages filent sans savoir qu’il suffit de les accrocher du regard pour reprendre espoir. »

« Ça ne me va pas. Rien. Ça n’ira jamais. Impression d’aller à l’abattoir. Sentir son sand refroidir et sécher, l’énergie disparaitre. Une faiblesse et une tristesse extrêmes… Les neufs filles du dortoir rient et elles bougent. De regarder leurs bras nus, je me transofmr en brindille. Plus elles rient, plus je me sens étrangère. Pas le genre émouvant et poétique, le genre puant et ridicule. Petite transpiration sèche de cloporte. On dansera peut-être des slows, et comment ferai-je pour éviter qu’on s’aperçoive du coton dans mon soutien-gorge, de mes mains qui tremblent, personne de toute façon ne saurait m’inviter à danser, me dis-je pour me rassurer. Ensuite, plus tard, assise dans le noir, condamnée à ma peine, souris morte, écoutant vaguement le disque qui repasse sans arrêt, Strangers in the night, mais je ne sais pas écouter la musique. Révoltée enfin que personne, aucun garçon n’aperçoive mon âme bondissante et joueuse, mon cœur tendre, sous ma peau verte. Mes yeux noirs, otchi tchornoie, qui sont les fenêtres de mon âme prisonnière.

« Et j’ai emporté l’enfant dans une valse d’intérieur qui nous a fait fondre le cœur.
Il avait ce regard concentré et confiant qui est l’amour même et qu’on oublie tout le temps. Qu’on oublie d’avoir, qu’on oublie de voir. Dont les jeunes filles essaient de se souvenir en battant des cils, tragique contresens. »

« Le monde est un théatre, chacun tente de donner de la voix, d’être celui qui raconte l’histoire, toutes ces voix qui se donnent en même temps, cacophonie sacrée de notre désir d’être compris, que, simplement, notre version soit entendue. »

« Comme on attend le facteur le matin. Comme on ouvre avec précaution et le cœur battant la boîte aux lettres. Dans l’espoir de cette fameuse surprise qui ne vient jamais, de ce “Je vous aime“ inconnu et qui apaiserait le cœur. »

« Comme notre vie est déjà longue, pensé-je avec stupeur, en détaillant les boîtes de gâteaux en fer-blanc peintes, les morceaux de bois aux formes indécises ramassés sur des plages, les matriochkas et les masques indiens. Que reste-t-il de nos flots de paroles, de ces kilomètres d’heures passées ensemble à donner des contours flous et bariolés au monde dont nous rêvons, à tenter de comprendre qui nous sommes ? »

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