lundi 17 janvier 2011

"HEY YOU, BIG STAR, TELL ME WHEN IT'S OVER..."


Et l’épopée de ce week-end de juin n’est pas encore terminée, loin de là. Après avoir pris un des derniers métros avec AqME et posé nos têtes sur l’oreiller pour quelques petites heures, on a rejoint Steph en terrasse d’un café près de la Gare de l’Est. Un TGV, une fugace étape à Metz, et en début d’après-midi, on sautait sur le quai de la minuscule gare de Bettembourg, au Luxembourg. Forcément, comme on n’avait pas du tout prévu d’être là, on a galéré un bon moment à la recherche d’un endroit pour bouffer et surtout pour passer la nuit, ville déserte oblige, mais ça s’est bien terminé puisqu’on a trouvé moyen de se faire emmener jusqu’à un hôtel du coin. D’ailleurs, chambre ultra moderne tout confort, pour un tarif encore moins cher qu’un Formule 1 par chez nous, je dis bravo le Luxembourg. Bref, je vous passe les étapes ‘stop au milieu des champs’, ‘navette bondée jusqu’au site du festival’, et ‘pèlerinage dans les bois jusqu’à la véritable entrée’, on en arrive donc au moment intéressant, notre découverte du Rock a Field.

Une grande plaine entourée de quelques stands, et au fond, deux scènes côte à côte, sur lesquelles s’alternaient une bonne dizaine de groupes depuis le matin. Certains locaux étaient déjà passés à notre arrivée, mais on était dans les temps pour le premier qui nous intéressait, j’ai nommé, étonnamment : Ghinzu. (Je vois vos airs surpris.) Après une box de pâtes vite dévorées et un grand gobelet de Coca englouti comme si on mourait de soif, on était au rendez-vous à 16h, sous le soleil de plomb, bannière posée sur la barrière, premier rang côté Greg... et Mika. Quelques toutes petites minutes de retard, et ils sont arrivés, Jean et Antoine en t-shirt, les 3 anciens en veste de costard noire, tout comme aux Solidays. Et la suite n’a semblé durer qu’un quart de seconde. Je ne vais pas raconter la setlist de long en large (de toute façon la seule chose à savoir c’est qu’ils n’ont fait NI BLOW NI DRAGSTER WAVE BORDEL DE MERDE), ni l’effet que me procure chaque morceau, tout ça a déjà été dit et redit, et si c’est ça que tu veux savoir, tu peux retourner lire quelques anciens comptes-rendus, ou encore mieux fallait être là. Évidemment il y a aussi les petits détails qui font que chaque concert est différent, du genre que John a hésité plusieurs fois à descendre de scène et que Maman le suivait partout avec son atèle à la jambe, qu’on a été arrosé par les mecs de la sécu, que Greg a bien vite laissé tomber veste et chemise pour offrir son torse au soleil, que cette fois on n’était même pas les seules à connaître et chanter Chocolate Tube (et oui je sais qu’ils ont viré le « Tube » mais j’y tiens à cette version originelle), ou bien encore qu’on a un peu hurlé comme des groupies lorsque Mika est revenu signer quelques autographes à l’autre bout de la barrière. Mais le principal dans ce set de Ghinzu dans un coin paumé du Luxembourg, c’était cet arrière-goût de dernière fois. Les lunettes noires, le son d’orgue, le t-shirt Fuck, la batterie pailletée, les cheveux blonds, la chaise métallique, les guitares extatiques, les frissons et les fous rires, les mains qui frappent, les 3 bières sur le flight-case, ta langue et mon esprit, le flamant rose, le clavier couvert de scotch, les sourires et les regards, la façon d'attraper le micro, les « lalala », le déhanché, l’arrogance, mes cheveux dans les yeux, les petits sauts, les têtes connues affairées tout autour, l'ampli Orange, l’intro au piano, les places échangées, les pieds qui tapent, les chœurs, la mèche qui virevolte, la fierté, la manière de repousser le bas de la veste, le micro tendu vers nous, les Warriors en l’air, la désinvolture, la montée sur le clavier, ... Tout ça, c’était les derniers. Alors ouais, c’était presque ça : notre dernier concert de Ghinzu aura duré en tout et pour tout 45 minuscules minutes, soit quasiment un quart de seconde.

Bref, la suite. Gossip enchainait directement sur l’autre scène, mais la chaleur et la soif ont eu raison de nous, et c’est depuis la queue au stand de boissons qu’on a entendu les premiers morceaux. Même après avoir échangé quelques mots avec deux charmants garçons et récupéré nos Coca, on a fait le tour direction le merchandising, dans l’espoir d’y voir Emilie qui n’y était pas, et on a finalement succombé à l’appel de cette petite place à l’ombre qui nous attendait.

On a dû rester là un bon moment, puisque je me rappelle qu’au bout d’une heure de set à remuer gentiment et jeter un œil de temps en temps, Paramore a pris le relais sur la scène lointaine et qu’on n’a pas vraiment bougé jusqu’à ce que Caro et Steph entendent les premières notes de Kasabian, il devait déjà être plus de 18h30. Je ne suis pas très sûre mais à quelques détails près on a dû avoir le même set que 2 jours auparavant à Paris puisqu’EUX sont tout de même restés plus d’une heure sur scène. Le truc qui nous a bien marqué quand même c’est qu’en l’espace de même pas 48h, ils avaient changé de bassiste. Il s’est avéré par la suite que la femme de l'officiel avait accouché, explication logique au remplacement soudain, mais sur le coup on a échangé de drôles de regards. Comme aux Solidays, bon moment musical mais loin d’être impressionnant pour ma part.

Enfin à presque 20h est venu le moment de passage de Deftones. Un des noms sur l’affiche que j’attendais le plus, pour des tas de raisons diverses et variées, mais surtout parce que je les écoute depuis de longues années et n’avais encore jamais eu l’occasion de les voir sur scène. Et ça a été bien chouette. Pas aussi marquant que je l’aurais souhaité, entre autres parce qu’on était en festival et aussi parce qu’un peu seule dans mon trip je suis restée assez en retrait avec les filles, mais c’était tout drôle de les avoir enfin en face de moi, surtout Chino et sa chemise rose, oui oui. Après s’être amusées à échanger des lunettes de soleil, Caro et Steph m’ont finalement abandonné et j’ai hésité à rejoindre les premiers rangs. J’avais envie d’être un peu secouée mais ma peur des fans vaguement violents a gagné, alors qu’au final il m’a semblé n’y voir aucun pogo ni gros mouvement, tout juste quelques bras levés et gigotant. Au bout d’un moment des silhouettes « familières » sont apparues sur la droite de la scène, l’une d’entre elles arborant un petit monticule blond, c’était Jared, Tomo et Braxton (pour ceux qui n’auraient pas deviné) qui jouaient les fans. Entre les morceaux récents Chino & co ont joué My Own Summer, et l’ancienne ado en moi a failli avoir un orgasme à ce moment-là. Je suis retournée vers les filles un peu avant la fin du set, sans le savoir je m’étais cassée à temps puisqu’après on a vu sur les écrans une meuf se joindre au groupe, et c’était la chanteuse de Paramore.

On était donc en avance pour le set de 30 Seconds to Mars qui suivaient, mais les premiers rangs avaient été pris d’assaut bien plus tôt et on s’est retrouvées à quelques bons mètres, même en essayant de nous faufiler. Je ne sais pas si c’est à cause de ça, du fait d’être entourée de simples spectateurs et pas de fans, mais leur passage ne m’a pas soulevé comme il aurait dû. Ce n’était pas mon pire concert, mais on était loin de ce que j’avais pu ressentir à Lille, ou même à Bercy, c’est pour dire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de chanter, sauter et profiter, mais quasiment seule au milieu de gens complètement amorphes qui étaient là pour une raison inconnue et se retrouvaient à 2 doigts de se foutre de ma gueule à chaque fois, j’ai eu un peu de mal à me mettre dans l’ambiance. Pourtant côté scène tout était bon. Escape a dû commencer sans Jared (sans doute était-il en pleine conversation avec le Monsieur en rose) mais Night of the Hunter a rattrapé le truc en un tour de main. On les sentait tous ultra motivés alors qu’ils étaient en pleine tournée de festivals 100 fois plus énormes, la veste de Jared était trop classe et il n’arrêtait pas de courir et sauter partout comme d’habitude. La partie toute calme du set n’a même pas duré trop longtemps, juste L490 pour le plaisir de voir Shannon à la guitare et un gentillet From Yesterday, avant The Kill qui a commencé en acoustique pour continuer en full band électrique avec Jaja qui se jette dans le public, et hop l’arrivée surprise (ou presque pas puisque je m’en doutais) de Chino (qui avait changé de chemise). La pipelette en chef a une fois de plus bien mérité son titre en essayant de motiver les foules et en nous léchant un peu le cul avec ses trucs qui marchent à chaque fois, du genre d’avancer de 3 pas même si personne ne comprend jamais rien ou bien de faire un gros trou dans le sol en sautant jusqu’au ciel, mais oui mon petit. Mais la phrase de la soirée a quand même été son « Praise the Lord », je m’en souviendrai toute ma vie merci. J’ai juste oublié d’évoquer une silhouette dans un coin de la scène qui ressemblait étrangement à Antoine mais ça on n’en aura jamais confirmation, et Kings & Queens a fini le set en un énorme bordel sur scène avec des gens qui arrivaient en courant de partout, jouissif même quand tu n’es qu’observateur.

Dur dur de les voir quitter la scène mais j’ai bien eu le temps de redescendre. Eternal Tango avaient commencé sur l’autre scène sans nous donner envie d’aller les voir de plus près, alors on s’est posées dans un coin tout au fond près des buvettes pour finir nos tickets vouchers. Cela n’a pas suffi à Caro et Steph qui se sont lancées plus tard dans la quête aux gobelets pour gagner de nouvelles boissons, pendant que je jetais un œil à Prodigy qui avaient pris le relais, avec l’envie d’aller en profiter. Toute la journée je m’étais demandée, consternée face à ce public merdique, pour qui ils étaient venus, et petit à petit j’avais logiquement pensé qu’ils devaient tous attendre le gros de la soirée, Prodigy donc. Quelle erreur. La majorité de la foule était au moins aussi immobile qu’elle l’avait été tout au long de la journée devant n’importe quel groupe, et l’ambiance totalement à l’opposée de celle que j’avais pu voir à Musilac l’année précédente a suffit à me donner envie de me rasseoir dans l’herbe. On a fini la soirée avec nos 350 boissons gratuites et on s’est éclipsées avant même le set de Pendulum.

Je ne me rappelle tout juste comment on a regagné l’hôtel, navette jusqu’aux abords de la gare puis taxi qui ne coûtait quasiment rien (bravo le Luxembourg, épisode 2), et j’imagine qu’on n’a pas dû avoir trop de mal à s’endormir. Mais je me souviens parfaitement de ma première pensée au réveil, un « Oh y’a quoi comme concert ce soir ? ... Ah non c’est fini », mêlé de regret et de soulagement.


Ghinzu : Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take it Easy / Dragon / Do you read me? / The End of the World / Chocolate Tube / Mine.

30 Seconds to Mars : Escape / Night of the Hunter / Attack / Vox Populi / Search & Destroy / A Beautiful Lie / L490 / From Yesterday (acoustique) / The Kill (acoustique puis full band avec Chino) / Closer to the Edge / Kings & Queens.


[ photos ]

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