jeudi 11 mars 2010

THIS WAR IS (GOING) SILENT.


L’aboutissement. Et le recommencement. L’aboutissement de 2009, de ces villes parcourues et de ces heures de train, de ces morceaux entendus encore et encore, de leurs sourires dont on ne se lasse pas, des pires moments et surtout des meilleurs. Le recommencement d’une tournée, le signal de départ d’une nouvelle année, la promesse de futurs souvenirs à rajouter à la liste, l’amorce de nos projets.

Ce 6 février 2010, Ghinzu en tête d’affiche de Forest National à Bruxelles.

J’ai beau apprendre à connaître les fans de Ghinzu et leurs habitudes depuis un moment, j’ai toujours du mal à m’y faire ; ainsi, débarquer à plus de 17h devant Forest désert n’aurait pas pu plus me surprendre. Du coup il ne nous restait plus qu’à attendre 2h dans le froid, mais c’était bien suffisant, heureusement le temps est passé vite, entre les fous-rires, la groupie dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, l’affiche ″envolée″ jusque sous mes fesses, et le vigile recouvert de post-it. Entre autres.

Vers 19h, alors qu’on menaçait de rester congelées derrière les barrières, elles se sont enfin ouvertes, et après une fouille inexistante, nous avons eu le plaisir de nous livrer à une sympathique course folle dans les escaliers. Résultats : 1er rang côté Jean, nous quatre côte à côte, exactement comme prévu. Et le meilleur dans tout ça, c’était encore de voir les gens arriver au compte-goutte et s’installer en gradins ou bien au milieu de la fosse, nous laissant tranquillement retourner chacune notre tour au merchandising et récupérer ainsi t-shirts collectors et autres, tout en évitant la forte affluence de fin de concert.

Les petits jeunes de Vismets en ouverture c’était plutôt sympathique, pas transcendant mais toutefois mieux que ce que j’avais pu en juger en jetant une oreille sur leur myspace. A revoir avec plaisir au final, surtout qu’ils sont un peu autistes eux aussi.

Et puis sur les coups de 21h, lorsque la salle s’est replongée dans le noir pour eux cette fois, des frissons m’ont parcouru le corps avant même que quelqu’un n’arrive sur scène. Alors ils nous ont livré leur première surprise de la soirée : un groupe de Stormtroopers a envahi la scène, et le son de la Marche Impériale a résonné dans la salle, faisant naître les premières larmes au bord de mes yeux. Le bonheur de les revoir après le manque, et en même temps réaliser que ces premières secondes inattendues ne pouvaient qu’être la promesse d’une soirée mémorable. Que ce n’était que le début.

Ils ont enchaîné comme d’habitude de Mother Allegra à Take it Easy sans ménagement, et déjà l’ambiance sur scène comme dans la fosse se détachait de loin de celle du Zénith, n’ayant presque rien à envier à la plupart des petites salles. La légère retenue du groupe sur les premiers morceaux se devinant facilement comme inhérente à la pression de l’évènement – « On avait des appréhensions avant de faire Forest National. On disait que c’était trop grand, trop froid. On s’était trompés », dixit John. En effet, bien vite les clameurs de la foule et le pouvoir de la musique les ont emportés. Et en me retournant vers la salle blindée, 5600 personnes vibrant au son des guitares, je me suis sentie fière. Fière de ce groupe, fière de ce public mérité, fière d’être là pour eux.
Pas de compte-rendu tout propre et carré titre par titre cette fois, de toute façon je n’y arrive pas, sans savoir pourquoi. Juste que j’ai rarement versé autant de larmes en concert, mais rarement eu autant de fous rires. Ils savent bien gérer leurs effets et jouent parfaitement au yoyo avec nos émotions, les p’tits poulets. Frissons sur la peau, plomb au fond de l’estomac, et boule dans la gorge. Bam. Adrénaline dans le sang, hystérie dans la voix, et cheveux en folie dans les yeux. Bam. Dragon a été orgasmique, on s’est déhanché sur Twist & Shout, et on a hurlé comme de grosses malades sur Chocolate Tube, la routine en somme, oui mais non, même pas, et c’est ça le meilleur. The Dragster Wave m’a souvent laissé échapper quelques larmes, mais cette fois-ci ce fut le drame. Et encore, ne parlons pas de l’enchaînement sadique Jet Sex / Cockpit Inferno / This Light en rappel, qui a failli me démolir. Sans compter qu’en revenant, ils nous en ont encore rajouté une couche avec Sweet Love (« C’est pour ma femme », qu’il a dit le John, après avoir invité les filles à hurler de tous leurs poumons). Heureusement, au milieu de tout ça, il y avait Jean qui jouait au flamant rose, quand il n’était pas occupé à fredonner des chœurs à se rouler par terre. Dommage qu’ils n’aient pas laissé Greg se lâcher comme il aime le faire à la fin de This Light, c’est toujours un peu le bordel, et j’aime ça le bordel sur scène. Et putain, ils nous ont refait Purple Rain, je crois qu’on était tous un peu abasourdi à ce moment-là.
Ils ont conclu le second rappel avec Blow, j’avais leurs mains dans les miennes et nos visages étaient couverts de larmes, les lumières bleues se reflétaient sur mes pupilles embrumées et à ses mots se mêlait l’idée de la fin, je m’imaginais déjà les lumières se rallumer et je me voyais m’effondrer sur le sol.
Blow s’est terminée, ils se sont éclipsés backstage, et... les lumières ne se sont pas rallumées. Ils ne semblaient pourtant pas revenir et j’ai dû me poser mille questions pendant ces quelques secondes. Je n’osais croire à une chanson de plus et en même temps je ne voyais pas avec quoi ils pouvaient enchainer après ÇA.
Et ils ont relevé le défi. C’est en robes de mariée et tutus qu’ils ont débarqués et nous ont balancé un Je t’attendrai chaotique, sous nos yeux stupéfaits et nos bouches béantes qui n’en revenaient pas, pour un des meilleurs moments qu’on m’ait offert en concert. Les grimaces des uns, les rires des autres, les fesses gigotant sur le clavier, les nœuds roses et les boas autour du cou, les paroles mélangées et crachées dans le micro, les robes trop longues, et leurs gueules d'ahuris par-dessus, du bonheur en barre. Ils m’ont fait passer de l’état de décomposition totale à une ivresse jouissive, et n’auraient pas pu mieux finir. Des malades. De gros malades.

Ghinzu a conquit Forest en ce 6 février 2010, mais surtout, ils ont réussi à me bouleverser comme ils ne l’avaient encore fait.

[Et comme rares sont les groupes à l’avoir fait.]


Intro Star Wars / Mother Allegra / Mirror Mirror / Dream Maker / Cold Love / Take it easy / Dragon / The Dragster Wave / 21st century crooners / Do you read me? / Twist & Shout / The end of the world / Chocolate Tube / Purple Rain / Till you faint / Kill the surfers // Jet Sex / Cockpit Inferno / This Light / This war is silent / Mine // Sweet Love / Blow // Je t'attendrai.


[ photos ]

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