dimanche 4 décembre 2005

"ON NOUS DIT QUE C'EST NORMAL, QU'UN JOUR ON N'AURA PLUS MAL..."

Le métro. Du retour. Après la journée avec elle. Voir deux femmes rire aux éclats, à en pleurer. Se demander comment elles peuvent. Comment elles font. Comment elles osent. Alors que là-dedans ça hurle de vide et de manque. Arriver en avance à la gare. Se précipiter aux toilettes parce qu’avoir déjà attendu une heure. Avec les larmes au bord des yeux. Et sentir ne plus pouvoir les retenir longtemps. 50 centimes, un jeton, le tourniquet, la porte. Pousser le loquet. Poser les sacs sur le sol carrelé. Et craquer. De l’eau salée. En torrents. Se demander comment faire pour être en état dimanche soir. Comment faire pour attendre encore des mois avant de la revoir. Comment faire, même après lorsqu’il n’y aura plus que des centaines au lieu des milliers. Comment faire en ne la voyant que rarement. En ne l’ayant pas sans cesse à ses côtés. Rester une dizaine de minutes accroupie, appuyée sur le mur froid, visage dans les mains. Se sécher un peu les yeux. Se sourire dans le miroir. Puis sortir. Attendre seulement quelques minutes avant que la vue ne se trouble de nouveau. Monter dans le train. Ne pas pouvoir aller aux toilettes. Alors libérer des mots sur le papier, à défaut. Et puis fermer les yeux. Pour imprimer son visage sur les paupières closes. Au son de Mud Flow. Manquer de s’effondrer aux premières notes de The sense of ‘me’. Mais tenir. Se dire que. Deux ou trois jours plus tard.



C’était il y a une semaine et demie. Ce jeudi soir. Quelques heures seulement après cet aéroport. Où pour la première fois. J’ai pu la prendre contre moi.C’était indescriptible, tout ça. J’ai noirci des tas de pages dans mon carnet, pour essayer de mettre des mots sur ce court séjour parisien avec elle. Mais je n’ai pas réussi. A trouver les bons. Des assez forts pour. Il n’y a qu’elle qui peut savoir ce que j’ai pu ressentir à l’aéroport, en la serrant dans mes bras pour la première fois, et puis pour la dernière fois avant longtemps. J’ai mis du temps à réaliser. Qu’elle était là. A côté de moi. Avec moi. Et qu’elle était 100 000 fois plus exceptionnelle que je ne l’avais imaginé.

C’était magique, de la voir s’émerveiller du froid, des bâtiments démesurés, des routes à plusieurs voies, de la neige, des monuments parisiens, de la fumée-quand-on-souffle, de l’immensité de la ville, des gens qu’elle a rencontré. De la prendre en photo devant la Tour Eiffel, ou sur ce manège-là. De s’entendre appeler « ma meilleure amie de la vie que j’aime ». De la regarder, la fixer des yeux pour profiter de chaque seconde d’elle. De recevoir ce petit baiser surprise sur les lèvres qui fait sourire. Et plus tard cette carte aux quelques mots rapides mais qui font chaud au cœur. D’entendre son nom et son poème et de se sentir tellement fière de ce p’tit bout sur l’estrade. De la voir dormir. De pouvoir lui parler, lui chuchoter à l’oreille les Je t’aime contenus depuis longtemps, et couvrir ses joues de baisers. De sentir sa présence à côté de moi. De la voir remuer dans tous les sens, courir de tous les côtés. De la voir vivre. Et de savoir que nous. Que c’est tellement. Et même encore plus. Fort.

Merde. Tu me manques. Fichues larmes. [Promis, un jour j’arriverais à ne pas pleurer à repensant à tout ça.]

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