samedi 25 mars 2006

"PARTOUT C’EST L’INDO MA VIE ÇA ON LE SAIT."


Lundi. Ça a fait deux semaines. Plus de deux semaines déjà et je n’en suis toujours pas remise. Plus de deux semaines pour écrire cette putain de note parce qu’à chaque fois que j’y repense, j’ai cette boule au milieu de la gorge, ce nœud au fond du ventre et les larmes qui viennent. Plus de deux semaines que je n’arrive plus à écouter une seule chanson, à regarder une seule vidéo. Même que c’est foutrement con et ridicule, tout ça. Putain, j’arrive toujours pas à me dire que c’est passé. Que je les ai vu. Que je les ai eu en face de moi. Une fois de plus. Je ne sais même pas si je vais trouver les mots exacts, tellement les émotions ont été et sont fortes. J’aimerais tellement garder une trace écrite de tout ça, histoire de pouvoir me replonger dedans et revivre cette soirée rien qu’en lisant mes lignes.

Mais avant ça, il y a eu le début du blocage de la fac, et puis la semaine de vacances. Commencée à Nice avec une énième nuit blanche chinois-Running Birds-Sub’. Ça parait super loin, tiens, d’y penser. Et puis quelques jours plus tard, c’est Steph qui est venue me rejoindre, à Avignon. A vu « la chambre rouge ». Et dès le lendemain, on était devant AqME. D’abord à la Fnac, après un peu de visite et de shopping, pour la séance de dédicaces. Plus tard, après quelques difficultés d’orientation, s’asseoir devant la porte close de la salle pour le soir. Carte d’adhérent, tampon sur la main, bière et clopes pour patienter. Concert mémorable, parce que salle mémorable. Putain, les Passagers au 1er rang. À en finir assise sur la scène entre Koma et Charlotte, jambes compressées par le reste de la foule. Mais faire tout pour le vivre pleinement. En oublier la douleur de les voir à quelques centimètres. Tomber sur lui, aussi, des fois. Le micro tendu vers moi pour gueuler un morceau de La réponse. À la fin, essayer de décrocher la set-list. Etienne qui vient m’aider. Après le concert, se faire offrir un cd dédicacé de la première partie. Me retrouver devant Aurélien, discuter rapidement avec lui, en attendant les autres. Tour rapide dans la salle à papillonner entre Ben, Etienne et Charlotte ; avant d’aller retrouver Thomas (30 ans, putain !), pour le reste de la soirée. Qui sera courte, mais ce sont toujours des minutes de bonheur intense plein la tête. Leur dire A lundi, la voix pleine d’impatience, avant de partir. En rentrant, découvrir les hématomes de dingue qui parcourent les jambes. Putain de soirée.

Quelques heures de sommeil, un faux départ, et puis Montpellier, pour une semaine ensemble.

Le samedi, se décider pour aller au Zénith. Indochine qui rode sa tournée là-bas depuis une semaine. Essayer d’entrer, attendre à l’arrière, surveiller les portes. Entendre résonner la musique, à l’intérieur. Talulla ; l’intro de L’aventurier, plusieurs fois. Et puis. Grande aspiration de ma part qui alerte Steph. Nicola qui sort. Monte dans une voiture. Se dirige vers le portail. Où nous courons comme des folles. La voiture qui passe devant nous, moi bouche bée et cerveau en pause, coucou de la main de Steph auquel il répondra à travers les vitres teintées. Sourire béa sur le visage en essayant de réaliser. Juste le temps de se remettre de tout ça, et un peu plus tard, nouvelle accélération du cœur. C’est Mr Shoes, cette fois, qui sort faire une pause. Moi qui accours vers le grillage et lui lance un Bonjour. Discussion sympathique avec lui. Qui nous offrira deux cartes dédicacées du groupe. Récupérées tant bien que mal malgré les difficultés de terrain, et lui qui manque de se casser quelque chose par ma faute. Froid nous poussant à rentrer, moi sur un nuage. J'AI PARLE A MR SHOES. J’AI PARLE A UN MEMBRE D'INDOCHINE.

Deux jours plus tard. Dès 13h. On était devant le Zénith, accompagnées de quelques dizaines de fans. Attente qui passera vite, bien plus que prévu. Discussion avec un peu tout le monde. Un fan de Placebo ayant assisté au concert quelques jours plus tôt. Et puis leur groupe de trois très sympathique. Lucie, F. et N. Entendre Indochine répéter à l’intérieur. Puis AqME. Observer la mise en place du merchandising depuis les hublots. Sans l’apercevoir lui.

Quelques heures plus tard. Billet à la main, fouille du sac, avancer le plus vite possible et nous retrouver dans les premiers rangs. Juste à côté de l’avancée de la scène. A droite. Malgré la difficulté à choisir entre nos deux guitaristes. Mais elle l’a voulu lui. Et ce n’est pas moi qui allais dire non à Sexy Boris.

[...]

Petit problème de petites gouttes, Steph qui s’éclipse un peu avant le début. Rester avec Lucie. Très tôt. Bien avant l’heure indiquée sur le billet. AqME qui arrive sur scène. Impression étrange de les revoir sur une grande scène, devant des milliers de personnes, après les trois petites salles intimes. Setlist raccourcie par rapport à celle de la tournée. Forcément. Koma qui se trompe. En annonçant une chanson du dernier album. Et en enchaînant avec une de Polaroids & pornographie. Public sceptique et partagé. Souvent statique. Autour de moi qui bouge et hurle sur toutes les chansons, les yeux rivés sur Koma. Voisin qui me pose des questions sur le groupe. Lucie qui participe à Pas assez loin, comme nous l’avions répété. Et eux qui sortent bien trop vite de scène. Mais. Ce soir. C’est Indochine qu’on est venu voir. C’est pour Indochine qu’on est là. C’est Indochine qu’on attend. C’est pour Indochine qu’on trépigne d’impatience en trouvant le temps irrémédiablement long. C’est Indochine qu’on crie. C’est pour Indochine que le cœur bat à 100 à l’heure quand on se dit qu’ils seront là, qu’ils vont arriver. Et puis, derrière la musique d’attente, résonnent des horloges. Les tic-tacs détraqués. De plus en plus forts. La promesse d’une soirée que je ne suis pas prête d’oublier. Un rideau sur le devant de la scène. Rouge. Aux allures de l’affiche de la tournée. Illuminé d’Indochine. Les lumières qui se baissent, la musique aussi. Le rideau qui se couvre du petit automate au tambour battant la mesure. La tension qui monte. Le cœur qui s’accélère. Le public qui n’en peut plus d’attendre. Qui se retient. Et puis. Le rideau qui tombe. Dévoilant nos 6 musiciens. Et la musique qui explose. En même temps que le public entier. Putain, ça y est, on y est. Et c’est parti pour près de deux heures de folie.

Le reste, je n’en ai que des bribes d’images dans la tête. Des morceaux, des fragments de moments forts. Le foulard rouge noué autour de son bras gauche. Leurs tenues à tous. Les chemises blanches, les autres noires, les manches courtes, les pantalons noirs. Les immenses fleurs du côté de Boris. Le tapis d’herbe vert recouvrant la scène. Les arbres décharnés derrière Oli. Le nouvel Indoboy derrière le clavier. Un clavier comme partie intégrante du décor. Les lumières tour à tour bleues, rouges, vertes. L’incommensurable plaisir aux premières notes d’Adora et à celles de Gang Bang. Le plaisir d’entendre pour la première fois Leila. La folie du public sur Alice & June. Le cœur qui se serre sur Dunkerque. Je serais dans tes rêves, tu seras dans les miens. June qui fait serrer la gorge et les poings, pour d’autres raisons. Mes larmes sur Le grand secret, tellement c’était fort. Les médaillons du fond projetant des images pendant tout le concert. L’autocollant sur une des guitares de Boris. Mr Shoes qui se déchaîne. Nicola, Oli et Boris juste devant nous, pour un aparté acoustique de quelques chansons. Les nombreux rappels qui n’en sont pas vraiment. Ne pas vraiment réaliser où je me trouve. Essayer de me convaincre qu’ils sont là, que je suis en face d’Indochine, bordel. Vouloir en profiter un maximum. Me gaver les yeux de leurs mains sur les guitares, de leurs visages et de leurs gestes. Me déchirer les cordes vocales à chanter toutes les paroles fredonnées tant de fois dans ma chambre, et à hurler pendant les quelques blancs. Me filer des crampes aux bras à les tenir en l’air et à frapper des mains. Me remplir la tête de cette soirée de rêve, de ces minutes tant attendues, tant rêvées, tant espérées depuis presque trois ans que je ne les avais pas vu. Après toutes ces heures passées devant les dvd, à envier le jour où. Enfin. Je les reverrais.

La Promesse, Dunkerque, Les Portes du Soir, Alice & June, Marilyn, Adora, Punker, Atomic Sky, Gang Bang, Ladyboy, J’ai Demandé à la Lune, Morphine, Le Grand Secret, Un Homme dans la Bouche, June, Mao Boy, 3 Nuits par Semaine, Miss Paramount, Leila, Monte Cristo. Juste Toi et Moi, Justine, Sweet Dreams, Salômbo, La Colline des Roses. Punishment Park, Pink Water. L’Aventurier, Black Page. Les chansons s’enchaînent. Au fur et à mesure, me dire que la fin approche. Envie d’encore. Envie de toujours. Vouloir que cette soirée dure une éternité. Mais les heures et les albums défilent à toute vitesse. On se replonge dans le passé, on revient dans le pays des cauchemars, et sous les remercîments du groupe, la soirée se termine. Déjà. Trop tôt. Trop vite. Beaucoup trop vite.

Putain. INDOCHINE. Bordel. C’était juste. Magique. Exceptionnel. Indescriptible. Incroyable. Juste. Eux.

[...]

Attendre Steph devant le merchandising, pour pouvoir me rincer les yeux. Apercevoir Thoma, à côté, me diriger vers lui, et lui qui me reconnaît, entame la discussion, cigare dans la main (« Ah carrément ?!).

L’exaltation d’après concert, comme si j’avais vu quelques verres, qui me fait parler à tout le monde sans aucune retenue, sans aucune gêne. Le mec et son t-shirt trop classe, Aurélien, Thomas (« Oh, les SuicideGirls ! »), le vendeur d’affiches, les deux mecs qui squatteront chez moi plus tard, … Acheter un t-shirt souvenir. Le rouge. Évidemment. Une affiche, aussi, l’officielle. À laquelle s’ajouteront les deux d’un stand extérieur. Rester dans le hall jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un petit groupe, autour d’eux quatre. Se faire virer par les vigiles. Avoir des « peut-être à bientôt » d’Aurélien et Thomas.


[...]


Fac toujours bloquée, on a pu profiter au maximum du temps ensemble. Le reste, ça n’appartient qu’à nous, ou presque. Pas besoin de raconter. Juste quelques mots-clefs, instantanés, clins d’œil.

La chauffeuse et les nouveaux coussins orange et rouge et la chrysalide (!). Les 4400 et Baise-moi et Trainspotting et Fight Club et Closer avec les larmes et Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Le trou dans le rideau et le réveil super résistant et mes jolies tasses à ne pas toucher. Les « ça va ? et en vrai ? » et les « maki ! » et les « Tous des connards » et les « Koma m’aime ». Les allusions sexuelles et les câlins du matin et les câlins du soir et les câlins d’après message qui donne envie de balancer le portable contre le mur et les allusions toujours. La boutique de fringues de Londres et Jack partout et le pantalon noir et le vendeur space trop génial et une affiche de l’Alice et June Tour offerte. Le Kill Beer et Cédric et ses trucs et les Guns ‘N Roses en arrivant et l’happy hour et les Cure et le mec avec le dessin orange et moi déjà pompette en sortant. Le jap’ et les makis et les petits bateaux sur l’eau et les brochettes de poulet et le serveur qui me drague. Le Kill Beer encore et la soirée métal et le billard et les deux mecs et défendre Indochine et le litre de bière dans le ventre. La raclette et manger sur le sol et finir sur le lit et les Mikado au caramel. Son retour d’Espagne et les minis Oreos et la bouteille de vodka et les clopes et le briquet rouge. Le restau et la fondue et sa tante et ses cousines et le kir au rhum et les biberons et les glaces surprises et le serveur. Le Charlie’s et les demi cerise et me sentir aimant et les boulets et l’autre qui me fixe et les verres offerts et le numéro de son pote. Le tram et l’alcool dans la tête et les mecs de la fac et la boulette et les verres de vodka pomme. Et la gare et le corail teoz de 15h11 en provenance de Bordeaux et à destination de Nice desservant Marseille Toulon etc.

Putain. Vivement l’année prochaine, vivement septembre.


[...]


Sinon. À part tout ça. = Fac toujours bloquée. Ça doit faire un mois, il me semble. = Manifs qui s’enchaînent. Dernière en date, samedi dernier, à Avignon. Inquiétude pour les partiels approchant, mais il faut bien ça, putain. = Tatouage fait hier après-midi. Et même pas mal. Et putain je ne regrette pas, j’en suis totalement folle amoureuse. = Et la bourse est tombée alors je pourrais peut-être me permettre aussi de concrétiser un de mes projets de piercing. Mais le choix est dur entre les 5 que je voudrais. = Envie de changer de tête. Idée de coupe presque fixée. Reste la couleur. Violet ? Vert ? Rose ? Rouge ? Bleu ? Orange ? = Le nouvel album d’Emilie Simon est sorti au début du mois et je l’écoute quasiment tous les soirs. Et le 25 mai, je serais devant elle, au Rockstore. = Et le 19 juillet je serais devant Placebo à Nîmes, sauf imprévus. = Elle arrive le 2. Elle. En France. = Sinon, j’ai envie de bouger, de changer d’air, d’un week-end quelque part. Alors si jamais ça dit quelqu’un de partager un ou deux jours avec moi... = Promis, la prochaine fois, je réduis sur les « putain ». =